[Critique] Welcome

Par Leblogcine

Toujours d’actualité, le Welcome de Philippe Lioret aura mérité la polémique dont il a été l’origine. Impertinent mais profond, il met à jour une réalité à laquelle on ne prête pas assez attention…

Au bord de la piscine

A Calais, Simon, ancien champion de natation, est maître nageur dans une piscine. Bilal, un adolescent kurde qui tente d’atteindre la Grande-Bretagne, vient un jour lui demander des cours de natation. Rapidement, le maître nageur comprend que le jeune homme souhaite rejoindre Londres à la nage. D’abord incrédule, il commence peu à peu à l’aider, allant contre la loi, au grand damn de son ex-femme qu’il essaye ainsi d’impressionner. Histoire d’amitié, d’amour, combat… Le scénario à trois mains -Philippe Lioret, Emmanuel Courcol, Olivier Adam- s’attaque à un sujet résolument actuel, d’une façon qui ne peut laisser le spectateur de marbre.

Lorsque Vincent Lindon (Simon) traverse la piscine, claquettes aux pieds, et prononce les premiers mots d’un ton bourru qui lui va si bien, on y croit. Si le film est un régal, c’est en grande partie pour sa prestation impeccable, toujours juste, pleine d’émotion. Ses confrontations avec Firat Ayverdi, le jeune interprète de Bilal, restent mémorables. Le jeune acteur, totalement novice dans la profession, parvient lui aussi à jouer avec une grande finesse.

Une histoire d’êtres humains

Dans ce film, Lioret prend ouvertement partie. Il ne réalise pas un docu-fiction ou un reportage, mais transforme des hors-la-loi en héros. Ce qui peut déranger au premier abord permet  toutefois au film de développer une histoire attachante. Ce n’est pas tant celle de ce jeune réfugié que celle du maître nageur, un héros de l’ordinaire. Mais c’est aussi deux histoires d’amour dramatiques. Plus la fin se dévoile, inévitable, et plus le sentiment du spectateur se focalise sur elles.

En ne prenant aucune pincette, Lioret ne rend pas vraiment justice aux immigrés, et n’incrimine pas directement les justices françaises et anglaises, faute d’argument. Pourtant, il arrive merveilleusement bien à nous faire réaliser qu’il s’agit d’êtres humains. Et l’essentiel du message fait mouche.

Au final, Welcome est un film un peu maladroit dans son traitement du sujet, mais touchant. Même si on occulte la triste vérité qu’il veut décrypter, il reste une oeuvre bouleversante de réalisme au rythme soutenu.

Sorti le 11 mars, Welcome est toujours diffusé dans certains cinémas, c’est le moment d’aller le voir !