L’histoire : Fred et Karine adorent partir dans de grandes excursions et relever les défis lancés par dame Nature. Leur prochain périple est d’ailleurs une montagne se situant en Europe de l’Est. A cette occasion, ils décident d’emmener dans leur périple Guillaume, Karine et Loïc, des amis bien moins experts qu’eux en matière d’escalade. Mais voilà, Fred, bien trop imprudent, a choisi une ascension bien plus dangereuse qu’il ne l’avait prévue. Et une fois compris cela, il sera bien trop tard pour faire demi-tour.
La première chose qui saute aux yeux, c’est que le réalisateur sait se servir d’une caméra. Ferry, chef décorateur et superviseur des effets spéciaux sur certaines des dernières productions françaises a déja réalisé quelques courts métrages, mais aujourd’hui, c’est son premier film, rien qu’a lui. Malgré un script plutôt convenu, il parvient à faire une bobine de bonne qualité, non exempte de défauts biensûr mais très au dessus des derniers films de genre français. Ferry filme à la quasi perfection les paysages montagneux sublimes qui servent de décor naturel au film, et nous embarque, nous spectateur, dans cette ascension fatale. Sa façon bien personnelle de montrer les personnages aux prises avec cette nature qu’ils veulent à tout prix maitriser montre l’implication du réalisateur. Il n’a pas voulu faire de son film une fable en tentant de rendre le méchant sympathique, ni une critique sociale. Il se contente de livrer un film simple et efficace, sans fioritures mais qui manquait vraiment dans les annales du cinéma français et qui servira de repères aux prochaines productions à venir.
Dès le début, on entre directement dans l’action en faisant progressivement connaissance avec les personnages principaux. Avec une gestion du rythme et du suspens particulièrement bien maitrisée, la construction se fait grâce à des montées d’adrénaline que ceux qui ont peur du vide pourront vivre assez intensément. La caméra se faufile dans les angles les plus improbables pour nous livrer un point de vue hallucinnant sur l’ascension des protagonistes. Comme eux, on se sent suspendus dans le vide, un peu perdus.
Les personnages justement sont encore un peu trops carricaturaux et pas assez travaillés. Cela semble être le point noir du cinéma franças : trouver des icones du genre, des héros sympas et crédibles. Ici, on en est pas loin. Maud Wyler dans son rôle de Karine est remarquable : d’un naturel à tout épreuve, elle interprète parfaitement cette amazone à la beauté froide. Fanny Valente, tout en décolleté, n’est pas à sa hauteur malheuresement même si son perosnnage reste crédible mais un peu trop lisse. Les garçons s’en sortent mieux : Nicolas Giraud campe un très bon meneur : casse-cou, qui part à l’aveuglette et risque la vie de ses camarades, domage qu’il disparaîsse trop vite. Johan Libéreau ( Loic ) est moins bon, de part son physique de minet ( on a l’impression qu’il a 16 ans ) il peine à faire croire à son rôle. Mais on s’y fait avec la progression du film, et son histoire d’amour ratée va contribuer à lui donner un peu de substance. Mais c’est Raphaël Lenglet ( Guillaume ) qui sort du lot à mes yeux ( ses biceps n’y sont pas pour rien j’avoue !! ) campant un jeune homme charismatique qui sauve à tout prix celle qu’il aime. C’est grâce à lui qu’on croit en cette relation pour laquelle Fanny Valente se donne juste ce qu’il faut.
Alors certes, il y a des défauts : d’abord une seconde partie un peu en deça des premières 45 minutes. Passée la première heure, le film bascule en effet dans un survival des plus classiques et c’est un peu domage. Car c’est l’audace de Ferry qu’on avait apprécié dans la première partie,et qu’on ne retrouve pas ici. Une dernière demi-heure ultra prévisible, ultra balisée qui fait perdre un peu de notre enthousiasme du début. Ensuite, les dialogues sont parfois un peu naifs qui trahissent un petit décifit d’écriture. Malgré ces deux points, et la transition un peu maladroite du film, on assiste à des moments de frissons et d’angoisse très bien vus avec ce Boogeyman qui manque un peu de charisme mais auquel on s’attache un peu.
Finalement, on peut dire que Vertige est ce que Humains aurait du être. Alors on râle à droite à gauche que c’est pas parfait. Heursement d’ailleurs, ça donnera l’occasion à Ferry de nous refaire vibrer à l’avenir. Mais au moins,Vertige peut tenir la comparaison avec certaines productions anglaises, espagnoles ou même américaines, chose que Mutants par exemple ne pouvait pas faire. Et ça, le cinéma de genre français ne vas pas s’en plaindre !