Clones, c’est un peu le retour de Bruce Willis à la SF. Dommage que le réalisateur n’ai pas su capter tout le potentiel de la matière première.
Clones, ou plutôt Surrogates est au départ un comic-book de SF écrit par Robert Venditti et Brett Weldele. Une enquête policière futuriste de qualité dans un monde où les humains restent chez eux et se déplacent dans la vie de tous les jours au travers d’avatars robotisés, les fameux surrogates (ou clones en vf si vous préférez, bien que le terme soit complètement inapproprié). Grâce à ce système qui permettait surtout au départ d’aider les handicapés, le taux de criminalité a incroyablement baissé. Mais évidemment, il reste des poches de résistance à ce système. Comme on peut s’en douter, ça va déraper quand quelqu’un va trouver le moyen de tuer une personne à travers son surrogate.
Cette histoire de SF a quoi susciter la curiosité et même apporter une profonde réflexions sur nos vies, notre futur, notre comportement sur Internet au travers des avatars, … Toute la matière est présente pour en tirer un excellent film de SF dans la lignée d’un Minority Report, Blade Runner ou à une moindre échelle d’I, Robot. Mais si Jonathan Mostow est un efficace entertainer (U571, Terminator 3), il n’est clairement pas le réalisateur qu’il fallait sur ce projet demandant plus de réflexion. En essayant de faire de ce film policier un film d’action, le réalisateur échoue et n’emporte pas les spectateurs dans ce monde futuriste et trop lisse. A vouloir tenter quelques scènes spectaculaires inutiles, Mostow oublie complètement de faire monter la pression sur l’enquête, d’où un manque de rythme flagrant et donc un suspens inexistant. Du coup, le spectateur fini par ne plus se soucier de l’intrigue ou des personnages. Ce qu’il manque donc gravement au film, c’est donc bien un réalisateur impliqué dans le projet, avec un véritable message à transmettre. Même Proyas avait réussi à donner une identité à son I,Robot (pourtant lisse et maitrisé par la Fox).
Au final, il ne reste plus que Bruce Willis pour capter l’attention. Il porte seul le film sur les épaules et sans lui, le film aurait vraiment été un naufrage total. Certes, ce n’est pas son meilleur rôle en SF (il était 100 fois mieux dans l’Armée des 12 Singes), mais il permet au spectateur de s’intéresser un minimum à lui et au monde qui l’entoure. Et heureusement que Bruce Willis est là, parce que pour les autres comédiens, c’est pas la fête. Apparemment, ils n’ont embauché que les avatars de Radha Mitchell, Rosamund Pike, Ving Rhames et James Cromwell.
Pour résumer, si la prestation de Bruce Willis sauve le film du naufrage total, Clones n’est clairement pas à la hauteur de son sujet pourtant passionnant, la faute à un réalisateur inapproprié. Dommage qu’une histoire à fort potentiel de réflexion SF soit ainsi gâchée.