[Critique] Micmacs à tire-larigot

Attention : cet article est écrit par une inconditionnelle de Jean-Pierre Jeunet. Que ceux qui n’apprécient pas la photographie jaunâtre, les scénarios alambiqués, les personnages étranges et l’univers de douce folie du réalisateur me pardonnent, moi oui.

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Quand David tient tête à Goliath

Bazil fut un gamin malchanceux, de perdre son père suite à l’explosion d’une mine. Devenu adulte, il est lui-même condamné à survivre avec une balle dans le crâne. Mais s’il survit, c’est grâce à une bande de joyeux-lurons qui vont tout faire pour l’aider à accomplir son but : faire s’enrayer la machine de guerre de deux fabricants d’armes. Le premier, qui a causé la mort de son père, le second, qui le contraint à un risque de mort subite…

Alors oui, je l’admet, le synopsis n’est pas  d’une originalité sans pareille. Mais la malice des situations compense largement ! Le scénario est intelligent, bien mené, ne s’essouffle jamais et parvient même à nous surprendre. Ceux qui n’ont pas l’habitude pourraient toutefois rester sur le bord de la route par moments, tant le rythme est trépidant. Bien sûr, il y a un happy end, de drôles de gags, et l’humour un peu particulier qui rappelle la Cité des Enfants Perdus ou Delicatessen. Ces derniers films ont d’ailleurs le droit à quelques sympathiques mais très brefs clins d’oeil qui enchanteront les fans. L’univers est toujours le même, un peu sale, un peu sombre, mais plein de joie et de naïveté.

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Bienvenue chez les acolytes à Jeunet

Si c’est poétique, joli et amusant, c’est aussi grâce à un casting particulièrement bien choisi. En plus de ses acteurs fétiches tels que Dominique Pinon, égal à lui-même, ou encore André Dussollier et Yolande Moreau, le réalisateur a accueillit des petits nouveaux. Loin de son rôle de postier dans Bienvenue Chez les Ch’tis, Dany Boon nous mitonne un personnage touchant, toujours juste. Julie Ferrier est plutôt agréable en contorsionniste, et Omar Sy campe un Remington collectionneur d’expressions désuètes aux dialogues savoureux. Même si on peut reprocher à Micmacs des personnages pas forcément très fouillés, on apprécie assez leur côté pittoresque. Jeunet, quoi.

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Au final

N’y allez pas pour voir du Dany Boon, mais pour être séduit par du Jeunet. Paris n’a jamais été aussi étrange que sous cette photographie encore plus dérangeante que d’ordinaire, vue par l’oeil des petits de ce monde. Il y a de l’action, mais pas de mort. De la guerre, mais pas de violence. Le petit monde de Jeunet semble tourner en boucle fermée, autour de son propre onirisme, avec sa morale inébranlable. Comme le rappelle la présence de nombreuses affiches du film à l’intérieur même du film, Micmacs à tire-larigot est un objet cinématographique à part, une expérience réussie parce que jouissive. Une déclaration d’amour au cinéma.

Micmacs n’est pas un film pour enfant, il est là pour faire réfléchir et rêver les adultes. Il est à conseiller à tous ceux qui ont trouvée Amélie niaise, et Delicatessen hilarant. Un cadeau pour les fans, en somme.

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