Le nazisme au cinéma

Nous avons eu la chance de ne pas être témoins de cette période de terreur, ce moment où le monde a fait un grand pas en arrière, où les hommes ont perdu leur humanité et ont agi comme des animaux assoiffés de haine et de sang. Une période où le racisme était à son comble, et où le monde était régi par des actions humaines dénuées de raison. Bref, une période sombre, terrible, traumatisante, où un homme monstrueux, stupide et intolérant a exterminé une partie de la population sans raison valable. Heureusement, et c’est certainement le seul point positif,  il en ressort des chefs d’œuvres cinématographiques…

Il y a quelque temps, j’ai eu une période assez sombre, où, allez savoir ce qui m’a pris, je me suis plongée dans des films traitant du nazisme. Non pas que j’ai eu une soudaine envie de me démoraliser mais j’aime énormément procéder par thème et après avoir vu « Walkyrie » en avant première je n’ai simplement pas pu m’arrêter là et j’ai regardé assez de films pour pouvoir écrire un article PASSIONNANT à ce sujet. Sujet qui, démoralisant ou pas, est absolument fascinant. Parmi les nombreux films que j’ai eu la chance de voir, il y en a trois que j’ai sélectionnés : « Walkyrie », « The reader » et « The boy in the stripped pyjamas ». Les trois traitent du nazisme et chacun de façon très différente.

« Walkyrie », de Bryan Singer
Sortie le 28 janvier 2009

Tiré de faits réels, « Walkyrie » raconte l’histoire d’une des tentatives d’assassinat d’Hitler par un groupe d’hommes allemands proches du Führer. Ils vont travailler ensemble et mettre au point l’opération « Walkyrie » qui fut créée afin d’éliminer Hitler. Le colonel Stauffenberg (Tom Cruise) aura un rôle très important dans cette conspiration, c’est lui qui devra tuer Hitler pour préserver l’honneur de l’Allemagne et la libérer de ce chaos.

« The Reader » (« Le liseur »), de Stephen Daldry
Sortie le 15 Juillet 2009

Adapté du best-seller de Bernhard Schlink paru en 1995, ce film raconte l’histoire d’un jeune garçon, Michael (David Kross – Ralph Fiennes), qui rencontre Hanna Schmitz (Kate Winslet) une femme mystérieuse, énigmatique et beaucoup plus âgée que lui avec qui il vit une histoire d’amour passionnelle. Quand elle se fait promouvoir et disparaît, Michael souffre d’avoir perdu son grand amour. Ce qu’il ne sait pas c’est que, quelques années plus tard, bien après la seconde guerre mondiale, alors qu’il est étudiant en droit, il va la revoir dans un tribunal où il apprendra qu’elle a été impliquée dans les crimes nazis.

« The boy in the stripped pyjamas », de Mark Herman
Date de Sortie inconnue

Adapté d’un roman de John Boyle, ce film raconte l’histoire d’une famille allemande qui déménage à Auschwitz pendant la seconde guerre mondiale, le père étant le commandant du camp de concentration. Son fils de 8 ans, Bruno (Asa Butterfield) ignore tout de la situation de son pays et va la découvrir petit à petit à travers l’expérience d’un petit garçon juif, Shmuel qu’il rencontre derrière les barbelés et avec qui il se lie d’amitié.

Les enjeux de ces trois films sont très différents. « Walkyrie », met l’accent sur le personnage d’ Hitler, la peur qu’il engendrait autour de lui et les différentes réactions des gens qui lui étaient proches. « The Reader » est avant tout une histoire d’amour entre deux personnes très différentes. Ici Michael découvre le passé de Hanna, passé terrible qu’il n’avait pas soupçonné et malgré tout, il l’aime. « The boy in the stripped pyjamas » regroupe un peu toutes ces différentes émotions. On est témoin de la terreur des camps, on assiste à une amitié naissante entre deux petits garçons séparés par des barbelés à cause d’une différence qui ne les atteint pas, et on voit la cruauté des nazis à travers les yeux innocents de Bruno qui essaie de ne pas détester son père. Ces trois films regroupent les différents enjeux du nazisme à l’époque : l’incompréhension, la peur, la solidarité, le regret, le dégoût.

« Walkrie » est un film très réussi. On suit la tentative d’assassinat d’Hitler par l’officier de la Wehrmacht Stauffenberg. Il faisait partie des figures importantes de la résistance militaire contre le national-socialisme. Il ne fut pas d’emblée réticent au nazisme mais fut poussé à résister suite aux tournures criminelles que prenait le régime. Tom Cruise représente bien le mépris de l’officier à l’égard du régime d’Hitler et Singer arrive à nous faire espérer jusqu’à la dernière seconde. On sait que cette tentative d’assassinat a échoué et pourtant on y croit car dupés par la détermination de Tom Cruise/ Stauffenberg. On nous présente un Hitler absolument terrifiant et redoutable, craint même par ceux qui adhèrent à ses idées. Ceux qui ont tenté de l’éliminer, au risque de ne pas y arriver et d’être démasqués, étaient morts de peur et c’est un sentiment qui nous est très bien communiqué. Tout le monde se méfie de tout le monde et la confiance a disparu. Il y a beaucoup de suspense, des scènes très intenses et certaines sont intelligemment comiques. Le film traite d’un sujet que l’on connaît tous plus ou moins, que l’on a étudié et que l’on a imaginé des milliers de fois mais voir ce à quoi cela pouvait ressembler rend l’action encore plus troublante et angoissante. Le seul problème c’est que l’on connaît la fin, le suspense n’existe finalement qu’à moitié : peu importe si la bombe est placée juste à côté d’Hitler et que l’on sait qu’elle va exploser d’un moment à l’autre, on sait qu’il ne mourra pas. Cet élément gâche un peu le film mais c’est inévitable. Si l’on passe outre, on assiste à la projection d’un film très bien fait, avec des acteurs tout à fait crédibles et une intrigue qui tient la route. Ce n’est pas le plus grand film qui ait été fait sur cette période mais c’est, tout de même, un film à voir.

« The reader » est un film absolument magnifique et la performance de Kate Winslet y est pour beaucoup. Le film est divisé en trois parties. La première : l’histoire d’amour passionnelle entre un jeune garçon et une femme énigmatique. La deuxième : le procès et la réaction de Michael. La troisième : la relation entre Hanna et Michael une fois adulte. (Oui, le film est assez long !). Dans la première partie, Michael apprend l’amour et il se donne entièrement à cette femme mystérieuse qu’il aime et à qui il s’est attaché. On voit qu’elle a un passé singulier et qu’elle a vu des choses horribles mais, quand elle est avec lui, il semble qu’elle parvient à oublier. Dans la deuxième partie, Michael est bouleversé, il ne comprend plus rien, il aime cette femme qui a fait d’horribles choses et il veut l’aider, il voudrait qu’on la laisse tranquille.  Mais il est étudiant en droit et tout simplement sensible : il ne peut donc ignorer ce qu’elle a fait. Il est très troublant de voir sa réaction, ses sentiments, sa peine à imaginer le passé de cette femme qu’il a tant aimée. Et on voit une Hanna tout à fait différente. Elle était plutôt autoritaire avec Michael quand ils étaient ensemble, ce que l’on comprend désormais, mais là, elle se retrouve seule et soumise à la loi qui vient la punir après tant d’années. On voit une femme blessée, meurtrie, dans l’incompréhension totale, qui a fait d’horribles choses mais qui, elle-même, n’a pas l’air d’être quelqu’un d’horrible. Dans la troisième partie, Michael a l’air de vouloir tout oublier, il se dévoue à cette femme qu’il aime. Ce qui est très frustrant dans ce film ce sont  les témoignages de Hanna Schmitz. Il est réellement très intéressant d’entendre la défense de quelqu’un ayant commis des crimes nazis. Mais ici, Hanna est tellement troublée qu’elle ne parvient pas à donner ses raisons, faire ses excuses, expliquer ses sentiments. On a du mal à la détester, elle à l’air innocente et, pas une fois, elle ne déclare clairement ce qu’elle a fait et ce qu’elle a subi. Elle a honte, elle a peur, elle sait qu’elle mérite d’être jugée. C’est  un film passionnant, puissant à voir A-B-S-O-L-U-M-E-N-T.

« The Boy in the Stripped Pyjamas » est un film un peu plus léger avec des enjeux, toutefois, d’une importance capitale. Tout y est : la propagande nazie, la déception, la peur, l’injustice, la cruauté. Les enfants sont fascinants, les deux sont dans l’incompréhension la plus totale, ils veulent simplement jouer ensemble et ne savent pas qu’il y a bien plus que des barbelés qui les séparent. Il n’y a pas que les enfants qui sont perplexes, la mère, comme beaucoup d’autres gens à cette époque, ignore totalement la réelle fonction d’un camp de concentration, tout cela  à cause de la propagande nazie et des mensonges de son mari. Ce déménagement est un tournant dans la vie de chacun. Le père essaie de faire son travail discrètement pour ne pas perturber ses enfants. Sa fille, sans réellement comprendre quoi que ce soit, devient très partisane du nazisme, pour cause, les deux enfants reçoivent des cours particuliers qui ne sont que propagande et histoire subjective. Bien que Bruno soit plus jeune que sa sœur, il préfère ne pas croire tout ce que l’instructeur lui dit. La mère découvre les horreurs auxquelles participe son mari et tombe dans la détresse et la perplexité la plus complète. Quant à Bruno, il est encore trop jeune pour réellement comprendre ce qui se passe autour de lui. Jusqu’à la dernière minute, il ne soupçonne rien, il souhaite simplement être ami avec Shmuel et être fier de son père, chose qu’il a réellement du mal à faire. On voit une famille qui se dégrade et des désaccords qui font beaucoup de dégâts. L’horreur des camps de concentration est présentée très simplement, par un garçon qui dit les choses comme il les ressent. C’est un  film à couper le souffle, triste et énervant, à voir absolument.

Voici donc trois films pas très joyeux, pas très marrants non plus mais qui ont le mérite de raconter quelque chose de vrai et d’important et de dénoncer la cruauté bestiale qui a envahi une partie de l’Allemagne entre 1939 et 1945.

Sarah Rashidian