Dix ans auparavant, Spike Jonze avait intrigué avec son délirant Dans La peau de John Malkovitch. En adaptant le court livre pour enfants de Maurice Sendak, il parvient une fois de plus à prendre le contre-pied du cinéma actuel. Un joli film sur l’enfance.
Mini-Max, Maxi-Monstre
Max est un petit garçon de huit ans imaginatif. Il est solitaire, parfois agressif, mais pas méchant. Après une dispute avec sa mère, le garçon s’enfuit, seulement vêtu de son costume de loup. Il se retrouve sur une île mystérieuse peuplée de monstres qui veulent le manger. Mais le petit garçon ne l’entend pas de cette oreille, et se fait élire roi de l’île.
Le récit respecte l’oeuvre littéraire de Sendak, mais surtout en garde l’atmosphère. Il faut dire que l’auteur et dessinateur s’est lui-même retrouvé producteur du film. Le mélange des univers de l’auteur et du réalisateur procure un réalisme saisissant à cette adaptation fantastique aux accents d’introspection.
Sauvage Spike
Spike Jonze, en parant une histoire destinée aux enfants d’une réalisation mature, crée la surprise dès les premières minutes du film. Rarement les différents niveaux d’interprétation d’un conte se sont avérés aussi lisibles. Un peu déroutante au départ, cette façon sauvage et intimiste de poser la caméra sur les personnages fait vite exulter petits et grands. Car le talent du bonhomme reste incontestablement de réunir les amateurs de cinéma de tous âges !
Caméra à l’épaule, multiples gros plans : malgré le nombre infime de personnages, ils occupent tant l’espace qu’on a l’impression d’être submergés. Nous aussi voudrions nous blottir entre les monstres, hurler de colère et nous battre pour un rien. Le spectateur est happé dans l’esprit de l’enfant, et n’en ressort que passablement perturbé.
Un monde monstrueusement beau
Les décors, à la fois réalistes et un peu fantasques, ainsi que l’envoutante BO maintiennent admirablement un climat onirique. Ceci sans oublier le travail des effets spéciaux : les monstres mêlent à la fois acteurs costumés à l’ancienne et subtile animation en images de synthèse. Une technique qui ajoute beaucoup de charme à des personnages plutôt inquiétants de prime abord.
Et la cohérence de l’ensemble se trouve sublimée par la performance du jeune Max Records, bluffant de spontanéité. Dans cette fable sombre, le jeune homme incarne un enfant que la colère rend très adulte. Impossible de ne pas s’identifier à lui, ou à son pendant monstrueux, Carol. Et la version française de Max et les Maximonstres dispose d’un doublage très convaincant qui ne gâche aucun de leurs dialogues.
Au final
Si le film pourrait effrayer les plus jeunes, l’histoire touchera leurs ainés autant que l’humour. Mais la douce amertume qui se dégage finalement se détache des traditionnels happy end pour marmots. A conseiller aux adultes avant tout, à ceux qui veulent faire découvrir le vrai cinéma à leurs bambins notamment. A condition de ne pas avoir peur que la progéniture en question ne se mette à pousser des hurlements dès la sortie de la salle…