Gainsbourg (vie héroïque), la critique

Par Fredp @FredMyscreens

En s’attaquant à la vie de Gainsbourg, le créateur Joann Sfar invite le chanteur dans son univers pour un biopic qui ne ressemble à aucun autre. Entre conte et réalité, les vignettes de cette « vie héroïque»  sont un peu éparpillées.

Raconter la vie de Serge Gainsbourg dans un film, voilà un projet à la fois ambitieux et intéressant tant la personnalité et la vie de l’artiste ont été jalonnées de hauts de bas. C’est donc le créateur de bande-dessinée Joann Sfar qui s’en charge en y mettant sa patte toute personnelle. Soyez-en avertis dès le départ, il ne s’agit pas ici d’un vrai biopic racontant la vie de Gainsbourg mais plutôt un conte raconté par Joann Sfar inspiré de la vie du chanteur.

Un parti-pris original donc, mais qui trouve quand même ses limites. Car si les idées sont là, la manière dont elles sont mises en place est assez étrange. Le film commence donc avec un magnifique générique dessiné nous mettant tout de suite dans l’ambiance BD du film. Puis on découvrira au fur et à mesure le Mr Hyde de Gainsbourg représenté par La Gueule, sorte de Gemini Criquet qui fait un peut peur (interprété par Doug Jones) et dont on ne connait pas trop les intentions. Cet aspect conte/bd se retrouve aussi dans la manière dont l’histoire est racontée. Un assemblage de vignettes dont est fait la vie de Gainsbourg. Plusieurs instants forts son présents mais il est dommage que l’on ne s’attarde pas plus dessus. Ainsi, les personnages vont et viennent rapidement sans plus d’approfondissement alors qu’il y avait tant de choses à raconter. Dommage de ne voir Gréco, Gall, Bardot que 5 minutes sans approfondir les conséquences de ces relations intéressantes. Mais ces choix sont compréhensibles puisqu’il s’agit surtout du rêve sur Gainsbourg.

Cette orientation « vignette»  ne permet d’ailleurs pas au comédiens de briller dans leur jeu. Car si Eric Elmosnino est bien Gainsbourg, le petit Kacey Mottet qui l’interprète jeune est tout de même très mauvais (il ne fait que réciter son texte … à croire qu’il n’a été pri au casting que pour sa tête). D’une autre côté, nous avons les femmes, ou plutôt les muses de Gainsbourg. On commence avec Anna Mouglalis suave en Juliette Gréco mais très vite Sara Forestier montre ses limites en France Gall durant 2 minutes chrono et Lætitia Casta est certes Brigitte Bardot pour le physique (magnifique) mais dès qu’elle parle, … aïe. Heureusement, il y a la perle Lucy Gordon dans le rôle d’une Jane Birkin diaphane, d’une pureté absolue qui contraste bien avec la brutalité du caractère de Gainsbourg. Elle est simplement parfaite et il est bien dommage que l’on ne la voit pas plus à l’écran car ses scènes avec Gainsbourg sont les plus touchantes du film. Puis suit évidemment (comme pour toute production française) une pleiade de second rôles de luxe parmi lesquels Mylène Jampanoï, Claude Chabrol, Philippe Catherine, Yolande Moreau et bien d’autres.

Au final, cette Vie Héroïque de Serge Gainsbourg passe à côté de pas mal de choses (on sent bien que de nombreux moments forts de la vie de Gainsbourg sont passés à la trappe dont la difficile séparation avec Jane et il manque aussi pas mal de scène, …) mais on comprend le parti-pris par Joann Sfar qui ne désire pas raconter la vie de l’homme à tête de chou, mais seulement l’illustrer de manière sincère. Le film navigue entre les hauts (Lucy Gordon) et les bas (l’aspect trop vignettes) mais au moins le réalisateur a le mérite de nous offrir une version personnelle de la vie mouvementée de Gainsbourg.