Wolfman, la critique

Par Fredp @FredMyscreens

Attention, la bête est lâchée. Avec Wolfman, le loup-garou à l’ancienne est de retour, sauvage !

Il se sera fait attendre ce loup-garou. Après 2 ans de tergiversations et mésaventure, Universal se décide enfin à ressusciter l’une des créatures phares du bestiaire de la Hammer au côté de la Momie ou Dracula. Nouveau réalisateur, valse de monteurs, aller-retour du compositeur, Wolfman avait tout du film maudit. Et pourtant, l’efficace Joe Johnston a réussi à rendre un bon hommage à ces vieux films de monstres.

Ce n’était donc pas gagné et pourtant Johnston l’a fait. Le gentil faiseur de films (Jumanji, Jurassic Park 3) a ici troqué son statut de yes man pour films familiaux pour une véritable casquette de réalisateur. En effet, il montre enfin qu’il a quelque chose à dire, une vision, un univers à étaler sur l’écran. Son film respire l’ère victorienne et la sauvagerie animale.

Le fils Talbot rentre donc au manoir familial pour y enterrer son frère, tué par une étrange créature. Mais il va lui-même se faire mordre et se transformer en loup-garou. L’histoire n’est pas la plus originale (normal, il s’agit ici d’un remake d’un classique du genre), mais au moins, elle a le mérite de remettre les pendules à l’heure. Car ce ne sont pas vraiment Underworld ou Twilight qui rendent justice aux lycanthropes. Ici, nous avons un véritable loup-garou à l’ancienne. Un bon vieux film de monstres comme on n’en fait plus de part son contexte (du fin fond d’une Angleterre brumeuse à la Londres victorienne, l’univers du film rappel qu’à l’époque, les mythes et légendes étaient encore possibles) à l’utilisation des maquillages (les effets digitaux ne servant au final qu’à aider les maquillages du légendaire Rick Baker).

Malgré ce rappel de l’aspect artisanal, Johnston rythme bien son aventure. Peut-être trop d’ailleurs. Car si on ne s’ennuie pas dans les scènes d’action et de massacre (en cela, le réalisateur est vraiment allé au bout des possibilités du PG13), le film commence trop rapidement. Les personnages n’ont que peu de temps pour s’installer (en particulier Hugo Weaving) et certains aspects de l’histoire  ne seront donc pas assez développés. Du coup, malgré le savoir-faire indéniable du réalisateur bigrement bien entouré (Danny Elfman à la composition, Rick Baker au maquillage, une photo et des décors magnifiques), on se dit qu’il manque quelque chose dans le scénario. Ce qu’il manque, c’est un petit sens de la retenue dans la dernière bobine (le duel père-fils qui partait très bien avec un Anthony Hopkins au top tourne rapidement au ridicule) mais c’est surtout un aspect romanesque finalement peu présent. En cela, il est dommage que la romance entre Benicio Del Toro et Emily Blunt n’ait pas été plus approfondie car elle aurait pu apporter tellement plus de force au film. Heureusement, la relation père-fils est bien entretenue par un duo Del Toro / Hopkins bien ambigu et énigmatique.

Mais si le chef d’œuvre du film de loup-garou nous échappe (le potentiel de cette idée d’animal sauvage enfoui au plus profond de nous est tout de même énorme), il nous restera toutefois un bon divertissement pour sursauter et un bien bel hommage aux films de monstres à l’ancienne présenté de manière assez classe et sans concessions grâce à une troupe d’acteurs impeccables et un réalisateur assez inspiré. Un bon moment en perspective, c’est déjà ça de pris.