Avec the Lovely Bones, Peter Jackson éprouve des émotions et le montre en réalisant un film 2 en 1, naviguant entre le bon et la guimauve.
Avant King Kong et le Seigneur des Anneaux, après Bad Taste, Peter Jackson s’était déjà essayé (avec réussite) au drame étrange avec Créatures Célèstes. Après ses 2 films poids lourd, il décide de prendre un peu de repos et de retourne donc à la simplicité.
The Lovely Bones est donc l’adaptation du roman à succès d’Alice Sebold. L’histoire d’une gamine assassinée et piégée dans l’entre deux monde qui sera le témoin de la lutte de sa famille pour faire face à sa disparition. Une histoire o combien touchante sur le papier. Et avoir Peter Jackson pour mettre en image ce conte était une bonne idée. On comprend tout de suite ce qui a intéressé le réalisateur néo-zélandais (en dehors d’offrir un petit cadeau à sa femme) : une vision fantasmagorique de la mort.
Car tout l’intérêt du film est la vision que nous offre Peter Jackson de l’au-delà. Pas encore le Paradis, ni l’Enfer, la jeune Salmon erre dans un entre-deux mondes magnifique, entre les peintures d’Au-delà de nos rêves ou les délires d’un Terry Gilliam, ce purgatoire navigue entre le magnifique, le sombre en frôlant parfois le ridicule. Mais cette vision onirique portée par la musique aérienne de Brian Eno est un vrai plaisir pour les yeux. La jeune et talentueuse Saoirse Ronan nous permet d’ailleurs d’aborder ce monde et d’y pénétrer avec émerveillement.
Face à cela, de retour dans la réalité, Peter Jackson dresse le portrait d’une famille qui commence à se déchirer après l’assassinat de la jeune fille. La mère ne l’accepte pas, le père veut la peau du tueur. Mais ils n’oublieront pas leur fille, ils devront juste vivre avec le souvenir de cette gamine qui n’aura pas pu vivre tout ce qu’il y a à vivre. Si Rachel Weisz fait, comme d’habitude bien son job, Mark Wahlberg est fidèle à lui-même, c’est à dire peu expressif et c’est bien dommage. Face lui, l’arrivée de Susan Sarandon est salutaire et plutôt comique. Enfin, Stanley Tucci dans le mauvais rôle du tueur est présent mais finalement peu effrayant avec un gros manque de charisme. C’est dommage pour maintenir un suspens qui n’existe pas.
Avec les deux facettes de cette histoire, Peter Jackson est un peu le cul entre deux chaises. D’un côté il peut se permettre beaucoup de libertés visuelles qui rendent le film intéressant, de l’autre le drame humain de la famille plombe le film et prend beaucoup trop son temps pour avancer. Face à la poésie de l’histoire de la jeune Salmon, l’autre versant ne verse pas suffisamment dans le drame ou le frisson pour faire contraste et l’ensemble est du coup trop lisse et manque de personnalité pour du PJ. Dommage, surtout lors qu’arrive le final trop rempli de guimauve.
The Lovely Bones, c’est donc surtout l’histoire d’un rendez-vous manqué avec Peter Jackson qui, si il est intéressant visuellement, est cette fois trop formaté pour marquer le spectateur. C’est dommage, mais on garde confiance. Notre néo-zélandais préféré se rattrapera au prochain.