“Valentine’s day” de Garry Marshall

Par Boustoune

« Mon cœur ! Mon amour ! Mon amour ! Mon cœur !
Ca dégouline d’amour… C’est beau mais c’est insupportable… »

En voyant Valentine’s day, le blockbuster hollywoodien lancé – ô admirable coup marketing ! – pour la Saint-Valentin, c’est cette chanson d’Anaïs qui me vient à l’esprit… Le film de Garry Marshall est effectivement un « pudding bien lourd de mots doux à chaque phrase [cinématographique] », dégoulinant de mièvrerie, emballé dans une boîte tenue par des ficelles archi-usées – les vieux clichés du cinéma romantique américain…

 

Il est vrai que parfois, ces vieilles recettes donnent des films rafraîchissants de naïveté et de bons sentiments, pleins de charme et pétillants de légèreté. Marshall a lui-même livré par le passé quelques sympathiques comédies romantiques, qui comptent parmi les réussites du genre, telles que Pretty woman ou Frankie & Johnny.
Mais là, ça ne fonctionne pas vraiment. Principal problème, le choix de réaliser un film choral. L’exercice est déjà assez ardu à orchestrer en temps ordinaire, pour un film à dominante dramatique, et plus encore quand il s’agit d’une comédie, où le rythme est un facteur primordial. Et quand en plus, le sujet n’est rien d’autre que celui, archi-rebattu, de l’amour, on s’aventure en terrain miné…
Bien sûr, un film comme Love actually, comédie-chorale sur le même thème, était loin d’être mauvais, mais soyons francs, il n’était déjà pas totalement abouti, le découpage en différentes intrigues de teneur inégale empêchant souvent l’émotion d’atteindre le pic d’intensité requis…

Même souci ici : le réalisateur entremêle assez maladroitement différentes histoires qui peinent à nous toucher. On a la désagréable impression de voir une vaine succession de sketches, simples prétextes pour mettre en valeur un casting hétéroclite, qui mixe les générations – de Shirley MacLaine (pour les vieux cinéphiles nostalgiques) à Taylor Lautner (pour les boutonneuses hystériques) – afin d’attirer un large public dans les salles…

C’est bien beau d’avoir tous ces acteurs de prestige à disposition, mais encore faut-il leur donner quelque chose d’un tant soit peu intéressant à jouer. Or le scénario ne propose rien d’autre que des personnages archi-stéréotypés.
Côté hommes, un grand dadais amoureux d’une fille qui a peur de s’engager, un affreux macho qui ment à sa femme et à sa maîtresse, un timide qui n’a pas trop confiance en lui, un misanthrope…
Côté femmes, une grue romantique manipulée par l’homme qu’elle aime, une garce qui n’hésite pas à plaquer son homme à la Saint-Valentin, une executive-woman trop surchargée de travail pour trouver l’âme sœur…
Bien sûr, on a également droit à ce garçon et cette fille qui sont les meilleurs amis du monde et qui, finalement, après pas mal de galères, finissent par se rendre compte qu’ils sont faits l’un pour l’autre – c’est tellement prévisible que je me permets de le révéler…

On trouve aussi un couple de personnes âgées qui se brouille subitement pour de vieux secrets (pourtant, il y a prescription), le gamin qui découvre pour la première fois le sentiment amoureux, ou encore le gay qui fait son coming-out…
Là encore, la volonté de brasser large pour plaire à tout le monde est manifeste. Trop pour être honnête…

Au final, le côté choral du film manque trop de liant, et même la partie comédie romantique n’est pas à la hauteur de l’enjeu, manquant cruellement de rythme et de charme. La romance n’est pas bien folichonne, hormis peut-être la belle scène de retrouvailles du vieux couple, devant un écran de cinéma en plein air. La comédie, elle, est plutôt poussive. Il faut attendre la fin du film et quelques performances d’actrices survoltées pour trouver – enfin – un peu de folie. Amusants numéros d’Anne Hathaway ou Queen Latifah, qui jouent aux maîtresses dominatrices pour un client abonné à un service de téléphone rose, de Jennifer Garner dépiautant un gros cœur en papier à coups de batte de baseball, ou de Jessica Biel en attachée de presse dépressive…

C’est mieux que rien, mais c’est noyé dans des scènes d’une banalité affligeante, dans les clichés ou dans les bons sentiments sirupeux. Beurk…

« Ce mélange de sentiments aromatisés aux fines herbes, me fait sourire gentiment, puis finalement me donne la gerbe… »

Je ne sais pas si « je hais les couples qui me rappellent que je suis seul », mais en tout cas, je suis certain de haïr les mauvais films qui me font perdre du temps dans les salles obscures… Malheureusement, Valentine’s day appartient plutôt à cette dernière catégorie. Alors si vous envisagiez une petite séance en amoureux, un petit conseil : restez plutôt chez vous devant un bon vieux classique romantique en DVD. Vous ferez des économies et vous serez plus vite sur place pour la deuxième partie de soirée, plus coquine…

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Valentine’s day
Valentine’s day

Réalisateur : Garry Marshall
Avec : Jennifer Garner, Anne Hathaway, Julia Roberts, Jessica Biel, Shirley MacLaine, Ashton Kutcher, Bradley Cooper, Patrick Dempsey, Jamie Foxx, Topher Grace
Origine : Etats-Unis
Genre : Aaaah, L’amooour!
Durée : 2h03
Date de sortie France : 17/02/2010
Note pour ce film : ●●○○○○

contrepoint critique chez : Absolutvero 

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