L’Arnacoeur a t-il arnaqué son spectateur ? Ou bien est-ce une comédie dont on pourrait retenir le nom cette année ?
Alex Lippi forme avec ses deux coéquipiers une entreprise bien étonnante. Lui est séducteur, briseur de couple, tel est son credo. Avec ses deux acolytes, ils doivent ouvrir les yeux de ces femmes malheureuses mais qui n’arrivent pas à l’assumer, et ainsi briser leurs couples pour qu’elles puissent vivre. C’est alors qu’on lui confie une mission dont il n’a forcément l’habitude. Il doit briser un couple de trentenaires bien amoureux et heureux, et qui se marie dans 10 jours…
Alors qu’aux Etats-Unis, La Copine de mon meilleur ami s’amuse à faire le chemin inverse (un type est engagé pour dégoûter la femme en question pour que celle-ci revienne vers son amour d’origine), L’Arnacoeur utilise des thèmes déjà rencontrés au cinéma pour les mêler ici dans une comédie qui se veut explosive. Pascal Chaumeil s’offre donc le luxe de travailler avec Universal et Focus International (des habitués des grosses productions US), mais il s’oriente surtout vers le cinéma, alors que jusqu’ici il réussissait plutôt bien sur le petit écran (réalisateur d’Engrenages, Fais pas ci, fais pas ça). Il prend donc cette histoire très simple à la base, et qui ne s’offre d’aucunes complications, même si l’on sent que notre réalisateur veut à tout prix retarder l’échéance pourtant connue d’avance. Le parcours de cet Alex briseur de couple sera semé d’embûches et on sent évidemment venir les évènements. Mais à vrai dire, si vous recherchez une histoire un peu complexe, il ne faut pas rester là. L’Arnacoeur est surtout là pour remplir à merveille les conditions du divertissement pur et dur : une histoire simple, de bons acteurs et bien évidemment de l’humour.
A coup de gags plutôt habilement mis en scène, cette comédie (qui doit donc redorer le blason d’un genre difficile) parie sur l’humour. Grâce notamment aux acteurs et à cette histoire qui étant simple donne la possibilité de s’offrir quelques largesses, il remplit son contrat dans difficulté. Encore faut-il transformer le coup foireux en un bon rendez-vous sentimental. Pour cela, rien de mieux que la crème actuelle : Romain Duris. En effet, celui qui nous aura fait rire dans l’Auberge Espagnole (de Cédric Klapisch), touché dans De battre mon cœur s’est arrêté (de Jacques Audiard) ou encore étonné dans Persécution (de Patrice Chéreau), on peut dire que Romain Duris est un « touche à tout » du cinéma. Et la comédie, il maîtrise, en démontre une nouvelle fois cette copie sans grosses fautes de la part du comédien. Il forme avec Vanessa Paradis un couple convaincant et glamour. Pour les seconds rôles, il se retrouve avec Julie Ferrier et le comique belge François Damiens, qui réussissent aussi à donner de l’ampleur à cette sorte d’entreprise qui brise les couples. Derrière une belle carte postale de la Côte d’Azur, où le luxe se mêle sans difficulté au glamour annoncé, l’Arnacoeur est prêt à appeler son côté « too much », presque pour nous faire plaisir.
Inutile donc de venir chercher une histoire trop réfléchie dans l’Arnacoeur. Autour de Romain Duris, les acteurs de ce film évoluent sans difficultés, rendant le scénario drôle et efficace, où les règles du divertissement se retrouvent respectées. Il n’y a donc pas de difficulté à aller apprécier cette nouvelle comédie fort réussie.