Je vous le répète, et depuis des années, à l’envi: Internet est une formidable opportunité de nouer des contacts, cool! Depuis l’apparition de nouveaux réseaux sociaux comme Viadeo, Linkedin ou Facebook, ça semble encore plus simple, chouette! Le revers de la médaille, c’est que cette accessibilité apparente fait parfois figure de miroir aux alouettes.
En clair, ce n’est pas sous prétexte que tout le « showbiz » se bouscule sur Facebook qu’il va ouvrir ses bras (son profil en l’occurrence) aux aspirants scénaristes en mal de carnet d’adresse. Et, lorsque vous faites « une touche », ça ne vous donne pas le droit de faire tout et n’importe quoi, sauf bien entendu si vous souhaitez vous faire griller…
Méfiance jeunes Padawans, les démarches professionnelle, même sur le Net, ça se travaille!
Jeunes auteurs de tous bords, je comprends votre déconfiture! Je n’arrête pas de vous encourager, dans ces colonnes, à briser l’isolement que connaissent tous les scénaristes débutants, à nouer des contacts, à utiliser les ressources du Net pour vos démarches, à vous seriner des « yes, you can » (ah non mince, ça c’est hors sujet), bref, j’essaie de vous convaincre qu’avec beaucoup de travail, d’intelligence et un poil d’audace, on PEUT débuter une carrière de scénariste. Et maintenant, je viendrais sournoisement tempérer vos ardeurs de newbies enthousiastes?
Je vous entends râler (oh, l’autre là, comment elle se la raconte!!!!), tempêter (fais ch…, pour qui elle se prend?!), m’insulter (censuré), par écrans interposés mais que les choses soient claires. Oui, Facebook est un moyen futé pour booster sa carrière, un outil de promotion et de mise en contact, mais ce n’est en aucun cas un supermarché de « la drague professionnelle utile » (et encore un moins un supermarché de la drague tout court, Big up pour tous les gros lourds qui n’ont toujours pas saisi cette subtilité).
Comme je ne suis pas rancunière, je vous pardonne les récriminations et quolibets précédemment évoqués et vous livre quelques règles de bonne conduite facebookiennes. Je ne vous ferai pas l’insulte de vous expliquer comment fonctionne Facebook lui même mais comment l’utiliser en tant que jeunes scénaristes « qui n’en veulent ».
Les choses à éviter lorsqu’on envoie une demande de mise en contact:
Si vous n’êtes pas « connus », n’avez aucun contact commun avec la personne sollicitée, passez votre chemin! Ah bon, vous voulez quand même tenter le coup? Bon, accompagnez votre requête d’un message mais, de grâce, évitez les formules du genre:
- « Je suis tombé sur votre profil par hasard ». Je crois bien que c’est le pire argument, le plus stupide que l’on puisse utiliser et pourtant, croyez-moi (ou pas, c’est votre problème), il revient fréquemment. Plus la personne est connue, plus c’est grotesque!
- « Je suis votre plus grand fan« , ou sa variante, « J’ai vu TOUS vos films ». C’est peut-être mignon dans la bouche d’un enfant, voire d’un chauffeur lors d’un festival, mais, sorti de ces contextes, c’est tout sauf professionnel.
- « Je suis moi-même scénariste et j’aurais justement quelque chose à vous faire lire ». Non mais ça va pas la tête? Vous n’êtes même pas encore en contact avec cette personne et vous lui prenez déjà la tête?! Quand je vous expliquais, dernièrement, qu’un scénariste ne doit pas faire lire sa prose à son entourage, ça valait AUSSI pour les scénaristes professionnels qui ne vous connaissent pas.
La première chose à faire, lorsque vous sélectionnez un professionnel à solliciter, c’est de vous renseigner à son sujet. C’est la première chose qu’il fera, lui, à votre sujet, en recevant votre requête (peut-être même qu’il la refusera d’office mais c’est un risque à prendre). Présentez-vous brièvement dans votre message et expliquez le pourquoi de votre démarche. Si votre interlocuteur refuse la mise en contact, inutile d’insister.
Ce qu’il faut bien comprendre au sujet de Facebook, c’est que ce n’est pas une page de pub, à l’instar de MySpace, mais un véritable carnet d’adresse interactif. Lorsqu’un professionnel utilise ce réseau, ce n’est pas pour cumuler trois millions de « friends » qu’il ne connait ni d’Eve, ni d’Adam, ni de l’UGS, ou alors
_ son profil est un simple fan-club, ce qui vous fait une belle jambe en ce qui concerne vos démarches.
_ c’est un(e) gros(se) megalo qui vous oubliera de toute façon avant même l’ajout de votre nom.
Je profite de l’occasion pour m’excuser auprès de ceux d’entre vous que je rejette quotidiennement et que j’entends râler (oh, l’autre là, comment elle se la raconte!!!!), tempêter (fais ch…, pour qui elle se prend?!), m’insulter (censuré), par écrans interposés. Croyez le ou pas, mon ego a une taille tout à fait standard mais mon profil n’est PAS un groupe de lecteurs de ce blog. Désolée donc, je vous aime, je vous adore, je vous embrasse mais je ne vous ajouterai pas à ma liste de friends, tous des professionnels de la profession (+ quelques amis de la vraie vie car oui, un scénariste peut avoir une vie sociale).
Profil Facebook de notre brother Barack Obama
Les choses à éviter lorsqu’on gère son profil Facebook:
Supposons maintenant que vous ayez créé un beau profil, copiné, à force de finesse et d’audace, avec tout plein de professionnels de la profession justement.
Comme vous le savez, Facebook vous permet de poster articles, photos et commentaires afin d’informer vos contacts de votre actualité et de réagir au sujet de la leur. Quant au statut, il vous offre la délicieuse opportunité de parler de vous à la troisième personne, de quoi rebooster l’ego malmené de n’importe quel scénariste, de clamer à la face du monde (enfin, à vos « amis ») vos grandes réflexions métaphysiques du jour. Jusqu’ici, c’est très chouette, vous pouvez ENFIN faire votre propre promo, mais, s’il est mal maitrisé, l’exercice risque surtout de faire passer pour un guignol. Évitez donc:
- de créer un fan-club à votre propre gloire, ça passe déjà moyen quand il s’agit d’auteurs confirmés et, quand il s’agit d’auteurs célèbres, les fans se chargent justement eux-mêmes de créer ce genre de pages
- de poster des photos de vos dernières soirées biture, ou de vos vacances en famille. S’il s’agit d’un profil ciblé « boulot », franchement qu’est-ce que vos contacts en ont à f…?
- de poster quarante-cinq nouveaux statuts par jour, Twitter n’est pas fait pour les chiens (quoique mes chats songent très sérieusement à s’y créer des profils, mais c’est une toute autre histoire).
- n’inondez pas vos contacts avec toutes sortes d’invitations mal ciblées (genre, inviter un gros producteur à votre pendaison de crémaillère)
- n’inondez pas vos contacts avec des convocations à des quizz, challenges, causes « humanitaires » fictives et humoristiques, gardez ça pour vos potes de la vraie vie
- ne postez pas de blague, carte virtuelle, petit message personnels sur le mur de vos contacts, MySpace n’est pas fait pour les chiens (et mes chats le boycottent mais c’est une autre histoire)
- ne tchattez pas avec de parfaits inconnus, du genre Hé what’s up? Wanna read my script?
- essayez, dans ces fameux statuts, de faire preuve d’un minimum d’humour, ou de raconter des choses vraiment pertinentes (du point de vue de vos contacts). C’est presque devenu un art de vivre, les éditeurs commencent même à s’intéresser à la chose, c’est pour vous dire!
- même chose pour les commentaires, usez en avec finesse et parcimonie (c’est qui celle-là?)
Mais surtout, de grâce, ne prenez pas les choses au tragique! Vos contacts ne vont pas réagir à TOUTES vos publications (ou alors, ce sont des potes de la vraie vie). Et s’ils ne réagissent à aucune, voire pire, vous jettent de leurs contacts? Ben alors là, revoyez toute votre stratégie…
Dernière piqure de rappel:
Répétez après moi, un profil professionnel sur Facebook n’est pas:
- une foire au pitch virtuelle
- un espèce de drague
- un baromètre de votre cote d’amour, ou de popularité
- un monument érigé à votre propre gloire
- une annexe de l’ANPE Spectacle
Profitez de votre profil pour rédiger un mini CV, pour proposer des liens avec votre site personnel, vos dernières créations, et pour informer (subtilement) vos contacts de l’avancement de vos projets professionnels et après ça, retournez bosser, bande de procrastinateurs, on ne devient pas scénariste sur Facebook mais en écrivant des scénarios!
Petit trait d’humour grolandais pour conclure: