[Critique] Manolete.

Une histoire romantique dans un pays romantique, le film Manolete a tout pour plaire … sur le papier.

Manolete
Affiche du film Manolete

Dans les années 40, en Espagne, Manuel Rodríguez Sánchez, dit « Manolete », est le plus célèbre des toréadors. C’est un homme solitaire qui voit sa vie basculer lorsqu’il fait la rencontre de Lupe Sino, une magnifique femme dont la réputation est très sulfureuse. Désormais il doit partager sa vie entre les taureaux, sa célébrité et son amour.

L’histoire est donc vraie paraît-il. Enfin du moins, elle s’inspire de personnage ayant réellement vécu. En effet notre toréador n’est autre que le fameux « Manolete », interprété ici par Adrien Brody qui n’a toujours pas perdu son visage livide mais attachant que tous avait pu admirer dans Le Pianiste chez Polanski. Sauf que ce visage et cette façon ici de jouer ne sont plus vraiment adéquates. Face à lui, une prostituée de luxe (de réputation) interprétée par la muse de Pedro Almodovar, Penelope Cruz, à qui les rôles un peu osés vont apparemment plutôt bien.

[Critique] Manolete.
Adrien Brody est « Manolete ».

Dans ce film, une histoire romantique par excellence rien ne va ou presque. Tout d’abord, le couple Brody – Cruz ne fait pas effet et l’alchimie n’existe pas ou trop peu. Ensuite parce que filmer un taureau dans une arène face à toréador, et en même temps filmer une scène de sexe dans un lit entre nos deux protagonistes, en assimilant le tout, on peut se dire que le film à des airs ridicules dont il aurait pu se passer. On peut également rajouter le fait que ce soit un film espagnol, qui plus se déroule en Espagne, et le film est en langue anglaise, et l’accent forcé n’y rajoute pas plus de sincérité, c’est juste une grossière erreur. Enfin, le film est dans sa première partie d’un ennui profond, sans intérêt.

Adrien Brody dans Manolete
Adrien Brody dans Manolete

Fort heureusement pour sauver la face d’un film qui est voué à entrer dans la classe des navets romantiques, il y a le final de ce film, une dernière demi-heure beaucoup plus intense et profonde. On sent cette fois-ci que la façon de filmer est là pour les larmes, il y a plus de sincérité. On connaît évidemment l’histoire tragique du toréador, donc il n’y pas vraiment de surprise, mais paradoxalement c’est cette partie là qui est plus intéressante, et surtout plus émouvante, car quelque part on sent bien que les scénaristes ont tout donné pour cette partie. Les scènes filmées dans les arènes ne sont là que pour le spectacle, le film sortant en plein débat sur la place de la tauromachie dans la culture espagnole.

Manolete aurait pu être une magnifique histoire d’amour, où le romantisme s’allie à la perfection à la ferveur des arènes espagnoles. Mais au final, c’est un film raté, passant tout proche du fiasco romantique que l’on ne peut accepter dans le genre.