Ceux qui suivent mes critiques depuis longtemps – et mon blog précédent – savent que je possède… pouf, pouf… que je suis possédé par un animal de compagnie assez déjanté, un félin fêlé du nom de Scaramouche (en hommage au cinéma de cape et d’épée, et parce que la bestiole a pris pour habitude de se battre en duel avec les longues feuilles des plantes vertes…).
Ils se rappelleront aussi de mes déboires nocturnes, quand le fauve profitait sournoisement de l’obscurité pour me sauter au visage, tel Kato attaquant l’inspecteur Clouseau dans les films de Blake Edwards… Longtemps, je me suis dit : Ô, monde cruel! Comment cette boule de poils couleur ébène, sorte de Mogwaï version gothique, pouvait-elle se transformer en monstre dentu et griffu sanguinaire?
Et voilà que grâce au nouveau film d’animation des studios Dreamworks, j’ai la réponse à cette angoissante question. Je sais à présent que je ne possède pas un chat, mais un dragon…
Oui, mon brave Scaramouche présente toutes les caractéristiques du Krokmou de Dragons : Il est complètement noir, a les yeux jaunes, des crocs acérés, des griffes tranchantes comme des rasoirs… Il vole (ou du moins, il fait des bonds sur les murs…) et il crache du feu (ou du moins, il essaie : il feule… kessshhhh…)… Il aime qu’on lui gratouille le dessous du cou et jouer avec les reflets lumineux. Et il me fait des gros yeux quémandeurs quand il me voit manipuler de la nourriture…
Et donc, il se la joue indomptable – “je suis un seigneur de la jungle, appelez-moi Bagheera…”.
Alors c’est une très bonne nouvelle que ce film de Chris Sanders et Dean Deblois, qui comme l’indique le titre original “How to train your dragon”, entend nous apprendre à apprivoiser et dresser ces féroces animaux…
L’histoire du film, inspiré d’un livre de Cressida Cowell (1) se déroule au temps des vikings.
Alors que les solides guerriers nordiques et les gigantesques créatures cracheuses de feu se livrent des luttes incessantes, le jeune Harold fait le désespoir de son père, le chef du village de Beurk (à ne pas confondre avec Berck, également dans le nord, mais chez les Ch’tis). Trop gringalet, trop tendre, trop rêveur pour pouvoir combattre des monstres aussi dangereux.
Pourtant, Harold s’entête à mettre au point de nouvelles armes anti-aériennes, dans l’espoir de pouvoir tuer un dragon à distance, à défaut d’un corps-à-corps forcément déséquilibré, et gagner ainsi l’estime de son peuple.
Un jour, il réussit à piéger le plus craint des dragons, la Furie Nocturne. Prise dans un filet, la créature s’écrase un peu plus loin, dans la forêt jouxtant le village. Mais personne ne veut croire Harold, pris pour un doux dingue…
Revanchard, Harold part à la rencontre de l’animal, blessé et incapable de voler. Mais au moment de lui porter le coup de grâce, Harold le prend en pitié et le libère.
Peu à peu, à force d’une patiente observation, il va réussir à apprivoiser le dragon et apprendre comment calmer n’importe quelle espèce en moins de deux secondes…
Mais réussir à dompter les membres de sa tribu, de grosses brutes obtuses et peu enclines au dialogue, est une autre paire de manche…
La morale de cette fable – écoutez bien, les enfants – c’est que la violence, l’intolérance et la peur de l’autre mènent à la catastrophe, tandis que l’ouverture d’esprit, le dialogue, l’acceptation des différences sont source de paix et d’harmonie. Le scénario met également en avant, comme il se doit dans un divertissement ciblant un jeune public, les valeurs essentielles que sont les liens familiaux, l’amitié, l’amour…
Certes tout cela n’est pas très novateur, et l’intrigue est même très prévisible. Mais les thèmes sont joliment amenés, parfaitement intégrés au sein d’un film au rythme trépidant.
Car Dragons, c’est avant tout un film d’aventures efficace, où malgré quelques menues longueurs ça et là, on ne s’ennuie pas un instant. Les cinéastes ont su trouver le bon amalgame entre humour, tendresse et action spectaculaire.
[petite parenthèse : le film a été conçu pour être projeté en relief. Je ne l’ai vu, hélas, qu’en version “simple” et me garderai donc bien de porter le moindre jugement technique, mais il semblerait malgré tout qu’ici, la 3D apporte une véritable plus-value à l’ensemble…]
Le charme du graphisme et la fluidité des animations – la technologie a encore bien évolué – et le design sympathique des personnages, attachants, achèvent de nous convaincre…
Puisque les vacances de Pâques viennent de débuter (ou sont sur le point de) vous pouvez emmener vos enfants voir les Dragons des studios Dreamworks (2). A défaut de révolutionner le genre, le film de Chris Sanders et Dean Deblois est un divertissement de très bonne facture, qui enthousiasmera petits et grands.
Mais attention… Après le film , ne vous étonnez pas si vos charmants bambins vous réclament d’adopter un dragon de compagnie pour leur anniversaire…
D’ailleurs, je vous laisse, j’ai un dragon/chat à dresser… Minou, minou… Viens voir la belle anguille que j’ai pour toi… Aïe… mais qu’il est con ce chat, il m’a croqué le doigt…
(1) : “Harold et les dragons, tome 1 : comment dresser votre dragon?” de Cressida Cowell – coll. Romans grand format – éd. Casterman
(4 autres volumes disponibles)
(2) : Et si vous n’avez pas d’enfants, faites-en, adoptez, faites-vous en prêter ou avouez-vous que finalement, vous êtres restés de grands enfants. Bref, faites comme vous voulez…
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How to train your dragon
Réalisateurs : Chris Sanders, Dean Deblois
Avec les voix de : Jay Baruchel, Gerard Butler, America Ferrera, Jonah Hill (VO),
Origine : Etats-Unis
Genre : film d’animation / guide de dressage pour animaux féroces
Durée : 1h33
Date de sortie France : 31/03/2010
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Le Monde
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