Les beaux jours s’installent, le printemps est bien là. L’occasion pour le culte du dimanche de partir avec Sean Penn et Emile Hirsch Into the Wild !
Lorsque Sean Penn tombe sur le livre Voyage au bout de la solitude écrit par le journaliste américain Jon Krakauer et racontant le road trip de Christopher McCandless, en tant qu’éternel rebelle d’Hollywood, il ne pouvait être que séduit par le parcours de cet homme recherchant le contact primitif avec la nature. Résultat, en 2007, il passe derrière la caméra pour nous emmener lui-même dans les grands espaces.
Et pour parcourir les États-Unis seul avec son sac-à-dos et sans un sous en poche vers l’Alaska, il choisi un acteur qui aurait un peu le même mode de pensée qu’Alex Supertramp, le grand voyageur. Un jeune acteur qui a tout de même déjà fait ses preuves dans des films indés comme les Seigneurs de Dogtown ou Alpha Dog. Cet acteur qui va vivre un tournage éprouvant et hors du commun en perdant une vingtaine de kilos, c’est Emile Hirsch. Au premier abord, on ne se douterait pas que ce jeune acteur au physique de grand bambin joufflu puisse entrer dans la peau de l’aventurier. Mais avec un volonté de fer et la la direction d’acteur de Sean Penn, il arrivera à accrocher la pellicule et à faire ressentir au spectateur toutes les émotions qui lui passent par la tête : le dégout du système, sa soif de liberté, ses rencontres, sa joie au milieu de la nature sauvage, son désespoir, … Une performance exceptionnelle à juste titre récompensée par une presque nomination aux oscars.
C’est avec ce personnage que le récit de ce road-trip, somme toute assez traditionnel, se démarque bien. Sa sincérité et ses rencontres font avant l’histoire humaine et nous rapproche de son parcours. Après avoir vu le film, et malgré le destin de McCandless, on se laisse rêver à partir nous aussi dans les grands espaces, vivre cette aventure extrême pour échapper à nos vies si superficielles et se rapprocher de la nature. Sean Penn trouve la manière juste de nous faire vivre ce voyage. Sans enfoncer le clou sur notre existence oisive, sans nous culpabiliser, il nous montre seulement que nous pourrions vivre un peu différemment. Qu’il est possible de trouver le bonheur ailleurs que dans notre société de consommation (c’est un peu réac, mais en même temps tellement sincère de la par de Sean Penn).
Mais pour nous faire vivre tout ça, Sean Penn et Emile Hirsch ne sont pas épaulés par des manchots. Les seconds rôles, parents du héros et rencontres improbables autant qu’intéressantes, sont parfaits. Marcia Gay Harden et William Hurt sont émouvants en parents désespérés et Catherine Keener d’une sincérité touchante, Vince Vaughn pour la première fois sérieux et pas lourd et Kristen Stewart (alors encore inconnue et bonne actrice avant Twilight) très attachante.
Ajoutez à cela une BO aux petits oignions concoctée par Eddie Vedder, leader de Pearl Jam, qui réussi à épouser adroitement le discours de Sean Penn et le parcours de Supertramp en musique. Une musique grave ou entrainante, incitant à s’échapper du monde actuel pour vivre, tout simplement et récompensée par l’oscar de la meilleure chanson en 2008.
Le résultat de ce road-trip est un grand succès d’estime de la part du public qui ne demandait qu’à vivre cette experience et voir ces paysages sauvages bien au chaud dans un fauteuil de cinéma. La critique, quand à elle, est plus qu’enthousiaste et salue unanimement la performance d’Emile Hirsch. Mais ce qui fera d’Into the Wild un film culte, c’est bien son discours dans lequel beaucoup se reconnaitront et qui prendra toujours plus d’importance dans les années à venir, sans vieillir. Un voyage extrême, humain et proche de la nature pour rester simplement culte.
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