De l’importance d’écrire un traitement

Par Nathalielenoir

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais, en ce qui me concerne, c’est une des étapes les plus jubilatoires (chacun ses vices) de l’écriture d’un film. Non seulement le traitement est une étape indispensable pour la construction d’un bon scénario mais c’est aussi un précieux outil lors des démarches auprès d’un producteur.

Brève démonstration.

Certains le confondent, à tort, avec un synopsis, d’autres l’appellent continuité non dialoguée et trop d’auteurs font l’impasse sur cette étape pourtant indispensable et croyez-moi (ou pas), quand c’est le cas, ça se remarque tout de suite en lisant leur script, ou pire encore, en voyant le film qui en découle.

Alors, allez-vous me dire, un traitement, kesaco? C’est un scène à scène très complet dans lequel on résume tout ce qui sera développé lors de l’écriture des scènes: ce que l’on voit, ce qui se passe, ce que se disent (en substance) les personnages. Il ne s’agit pas de s’attacher à tous les détails qui feront la saveur et la justesse de chaque scène mais de ce concentrer sur l’essentiel: leur substance.

A quoi ça sert, me direz-vous? Est-ce que le synopsis ne sert pas justement à ça? Et bien non justement, le synopsis résume l’intrigue alors que le traitement permet de construire l’architecture du futur scénario. Il permet à l’auteur de vérifier:

  • la nécessité de chaque scène
  • la logique et l’efficacité de leur enchainement entre elles
  • ceci débouchant de cela, le rythme de l’histoire, ce qui permet de supprimer les temps morts
  • la problématique inhérente de chaque scène: les informations à faire passer au spectateur et comment s’y prendre
  • l’équilibre entre les diverses parties du futur scénario (longueur de l’exposition, du second acte, de la résolution…)
  • la longueur approximative du futur film (il est plus facile d’effectuer des coupes drastiques sur un traitement que sur un scénario)

Un bon traitement est le fil conducteur qui va permettre d’écrire un synopsis, puis un scénario efficaces car il permet de visualiser en amont tout ce qui peut potentiellement poser problème. En bref, il fait gagner un temps fou au moment de l’écriture du script. Plus besoin d’en écrire quarante versions, en général, deux ou trois suffisent amplement. Plus de temps morts, de scènes inutiles ou redondantes, de sous-intrigue mal imbriquées dans l’histoire, de questions laissées en suspend, j’en passe et des meilleures. Un traitement mûrement réfléchi est la cartographie quasi exacte du scénario à écrire (non, parce qu’on change toujours de petites choses en cours de route, hein).

Quid du formidable outil de démarche? Et bien il se trouve que les producteurs sont des personnes très occupées, qu’ils ont déjà beaucoup de scripts à lire et qu’ils vous seront très reconnaissants, lorsque vous essayez de leur vendre une histoire, de lire vingt ou trente pages plutôt que cent-cinquante. Si vous parvenez à susciter l’intérêt d’un producteur en lui envoyant votre synopsis et votre note d’intention et qu’il demande à en voir plus (sans passer par la case chèque, ouh le vilain), vous pourrez toujours le laisser jeter un œil à votre traitement. Mais attention, hein, pas de négociations au-delà sans signer de contrat!

Vous n’êtes pas convaincus? Je laisse la parole à l’auteur-scénaristes-dramaturge-grand gourou Michael Halperin. Dans la vidéo qui suit, il résume à merveille la nécessité d’écrire un traitement. Bon, d’accord, il essaie aussi de nous faire acheter son livre, mais ça, c’est une autre histoire.

Quant à moi, je retourne au traitement que je suis en train d’écrire avec une talentueuse cinéaste, Corinne Garfin.

Copyright©Nathalie Lenoir 2010