Puisque vous avez été, semble t-il, nombreux à apprécier l’exercice, voici un second volet de cette série qui revisite quelques films dont le protagoniste est… scénariste.
Après nous être penchés sur Adaptation de Spike Jonze, je vous propose aujourd’hui de découvrir (ou redécouvrir), celui qui est sans doute le plus emblématique de ces longs-métrages, Sunset Boulevard, un chef d’œuvre du grand Billy Wilder.
Après nous être penchés sur le très déjanté Adaptation, intéressons-nous aujourd’hui à un grand classique de l’âge d’or Hollywoodien, Sunset Boulevard (1950, Boulevard du crépuscule en VF), un long-métrage de Billy Wilder, co-écrit avec Charles Brackett et D.M. Marshman Jr.
Synopsis: Norma Desmond, star déchue du cinéma muet, vit recluse dans sa somptueuse demeure de Berverly Hills, auprès de Max von Meyerling, un ex-époux et cinéaste devenu… son majordome. Elle propose le gite et le couvert à un scénariste fauché, Joe Gillis, à la condition qu’il signe un film susceptible de marquer son grand retour à l’écran. L’auteur et la diva entament une relation sadique, à la fois professionnelle et amoureuse, qui s’achèvera dans un bain de sang…
Mêlant avec maestria drame et humour noir, Sunset Boulevard est entièrement raconté en flash-back. Le narrateur est le cadavre qui flotte dans la piscine, en ouverture du film, un scénariste raté, criblé de dettes, selon ses propres dires. Il retrace les dernières semaines de son existence, sa rencontre avec Norma et leur passion destructrice. Nominé onze fois lors de l’édition 1959 de la cérémonie des Oscars, le film remportera trois statuettes, dont l’Oscar du Meilleur Scénario. C’est assez ironique quand on considère que cette œuvre tire à boulets rouges sur l’ambulance…
Exilé à Hollywood à la fin des années trente à cause de l’ascension du nazisme, Billy Wilder a certes offert à sa terre d’adoption quelques unes de ses plus belles œuvres cinématographiques, mais en réussissant le tour de force de rejeter complaisance et compromis.
A travers la relation d’amour-haine, fascination-répulsion, qui se noue entre la star ringarde et l’auteur tocard, Billy Wilder et ses co-auteurs livrent un portrait au vitriol d’Hollywood et de sa faune. Addiction dévorante à la gloire, superficialité et hypocrisie érigées en art de vivre, tout le monde en prend pour son grade, et c’est jubilatoire. L’intrigue elle-même est une magnifique ironie dramatique: en assassinant Joe, Norma obtient ce que tout le travail et le dévouement de ce dernier avaient échoué à lui procurer: un large retour médiatique.
Le film est truffé de répliques cultes et de clins d’œils au métier de scénariste. Il est impossible de toutes les citer mais voici une joute verbale qui résume à merveille l’esprit général:
Betty: « I’d always heard that you had some talent. » (« J’ai toujours entendu dire que vous aviez du talent »)
Joe: « That was last year. This year I’m trying to make a living. » (« C’était l’année dernière. Cette année, j’essaie de gagner ma vie »)
Comment les auteurs ont-il pu échapper à la censure des grands Studios, qui plus est en pleine ère macchartiste? Tout simplement en rusant au moment de l’écriture, ne remettant leur copie qu’au compte-goutte. Les deux tiers du scénario n’étaient d’ailleurs pas encore écrit au moment du tournage!
Voici la rencontre entre Joe et Norma, caractérisée d’entrée de jeu par une réplique culte:
L’extrait suivant se situe à la fin du film et illustre à merveille la folie narcissique dans laquelle Norma fini par sombrer, avec en guest-star, le grand Cecil B. DeMille dans son propre rôle:
Voici enfin la bande-annonce de Sunset Boulevard, qui, je l’espère, achèvera de vous donner envie de découvrir -ou revoir- cet excellent film.
A bientôt pour découvrir un nouveau film dont un scénariste est le héros…
Copyright©Nathalie Lenoir 2010