L’équipe des deux derniers Jason Bourne (Paul Greengrass derrière la caméra, Matt Damon devant), revient non pas pour un nouveau volet des aventures de l’espion amnésique mais pour Green Zone, un énième brulot contre la guerre en Irak. Mais est-ce que maintenant on enfonce pas des portes ouvertes ?
Après la réussite artistique et commerciale des Jason Bourne, Paul Greengrass s’est vu offrir le feu vert pour le projet de son choix. Et évidemment, connaissant le bonhomme, il ne pouvait que dénoncer les méfaits du gouvernement US. Et qui de plus bankable et crédible que Matt Damon pour l’aider à imposer son point de vue. Voilà donc la fine équipe occupée à parler des mensonges sur les armes de destruction massive soi-disant cachées en Irak. Donc, ne vous attendez pas à un nouveau volet de l’espion amnésique car ce n’est pas le cas. Vous serez juste plongés en plein Bagdad au début de la guerre en Irak.
Oui, c’est encore un film sur la guerre en Irak où l’on dénonce encore et toujours la politique des américains venus faire la guerre pour le pétrole sous de faux prétextes. Le discours n’est donc pas nouveau et ne va pas révolutionner le genre, surtout quand on a l’impression qu’il sort 5 films sur le même sujet sur les écrans tous les ans. Sous couvert de dénonciation, Greengrass est en fait complètement dans le moule du genre et n’enfonce au final que des portes ouvertes car il était bien sûr évidemment que tous savaient pour ces armes. Sans parler qu’il y a aussi de gentils irakiens qui veulent bien aider, de méchants généraux conspirateurs, … (du grand classique quoi).
Mais heureusement, le regard porté par Matt Damon sur l’affaire est intéressant. En soldat menant son équipe tant bien que mal pour élucider la vérité qu’il va découvrir au fur et à mesure. Il s’en sort, comme à l’habitude, à la perfection, rendant crédible son évolution et sa confusion lorsqu’il fera face aux révélations et lorsqu’il s’apercevra que son pays a trahi ses principes.
Malheureusement, cette performance est entachée par la réalisation de Greengrass. Car si son style correspond bien à son Bloody Sunday ou aux aventures vitaminées de Jason Bourne, ici l’anglais énervé ne se calme pas, au contraire. On se retrouve plongé un plein milieu d’un Bagdag hyper crédible mais le rythme des images ne nous permet pas de nous rapprocher du héros. Ce montage frénétique ne rend pas les scènes d’action lisibles, laissant le spectateur dans l’inconnu de ce qu’il se passe. Difficile de distinguer quoi que ce soit avec cette camera qui fatigue les yeux. Cette réalisation au cordeau cache-t-elle alors la banalité d’un scénario ? Sans doute. Car Ridley Scott s’en sortait beaucoup mieux en suivant une équipe de militaires dans la Chute du Faucon Noir.
Au final, cette entrée mouvementée en Green Zone ne se fera pas sans heurts, pour les spectateurs et un Matt Damon qui n’a rien à prouver. Dommage que la mise en scène sous caféine de Greengrass n’en mette plein la gueule que pour masquer une intrigue éculée.