Normalement, c’est PaKa qui devait vous écrire la critique de ce Kick-Ass tant attendu par les fans de comics et les geeks amateurs de films de super-héros, vu qu’il avait signé une preview enthousiaste et que c’est quand même lui l’expert en comics-books et BD de ce site…
Mais curieusement, impossible de mettre la main sur lui…
Je le soupçonne fortement d’avoir ressorti du placard son costume de super-héros et d’être parti faire régner la justice et la liberté quelque part sur la planète, encouragé par les exploits de Kick-Ass, Hit girl et Big Daddy…
En attendant qu’il daigne retrouver son identité secrète et nous faire l’honneur d’un de ses textes éclairés, c’est votre humble serviteur qui s’y colle… Oui je sais, vous êtes déçus. Ce n’est pas votre idole qui va écrire la critique… Et autant vous dire tout de suite que mon jugement sera celui d’un parfait néophyte qui n’a jamais lu une seule case de ce que d’aucuns considèrent comme « le meilleur comics jamais publié » (Rien que ça…).
Non, je n’ai pas lu « Kick-Ass », la bande-dessinée, mais j’en ai beaucoup entendu parler, ça oui ! En bien, surtout…
On m’a tant vanté le côté très gore, immoral et politiquement incorrect du récit de Mark Millar que j’attendais avec impatience cette version cinématographique signée Matthew Vaughn, l’auteur de Layer Cake et Stardust.
Avec impatience, mais aussi une pointe d’appréhension, car il est bien connu que les œuvres subversives, une fois passées à la moulinette du système hollywoodien, sont souvent édulcorées et perdent de leur côté sauvage…
Première constatation : même si, niveau gore, on est bien loin d’un Brain dead, cette version cinématographique de Kick-Ass ne fait pas dans la dentelle. Avec ses têtes écrabouillées ou décapitées, ses mains percées, ses bras et jambes tranchées, ses explosions en tout genre, ses fusillades dantesques, ses scènes de torture diverses et même un meurtre au four micro-ondes (si, si… un gros…), le film ne s’adresse pas franchement aux plus jeunes, même s’il a curieusement échappé à une interdiction aux moins de douze ans…
Seconde constatation : le film s’avère plutôt agréable à suivre. Oh, bien sûr, la narration n’a rien d’exceptionnelle, mais elle est suffisamment bien rythmée et parsemée d’humour pour tenir la route. Matthew Vaughn ne possède pas le talent d’un Sam Raimi et, sans doute conscient de cela, il a compensé ses lacunes techniques en adoptant un découpage très « Comics », probablement fidèle au matériau original, et en multipliant les clins d’œil cinéphiles et bédéphiles.
Kick-Ass commence comme n’importe quel teen-movie hollywoodien. On suit le quotidien de trois jeunes loosers : après des cours barbants pendant lesquels ils fantasment sur leur professeure aux gros nénés, ils partent se consoler de leur manque de succès auprès des filles en se gavant de comics dans la librairie locale, puis se font racketter à la sortie par les brutes du quartier…
Mais rapidement, on rentre dans le vif du sujet et l’action reprend ses droits : Dave Lizewski, grand dadais frêle et binoclard, décide de ne plus se laisser agresser sans rien dire. Puisque personne n’a eu l’idée avant lui, il va devenir le premier vrai super-héros de la planète. Il suffit juste d’un costume adéquat – un masque de catcheur mexicain, une combinaison de plongée et des gants Mappa jaunes – d’un nom qui déchire – Kick-Ass, donc – et d’une bonne dose de bonne volonté…
Les débuts sont douloureux : Dave échappe miraculeusement à la mort. Il s’en sort avec des plaques métalliques un peu partout autour des os et une insensibilité à la douleur. Un peu comme Wolverine, quoi, mais sans la force surhumaine et l’immortalité, c’est ballot…
Pas de pouvoir ? Pas de problème…
En tentant de mener à bien une première mission d’utilité publique – sauver un chat perché… ben oui, il faut bien débuter… – Kick-Ass voit un homme se faire tabasser par une bande de voyous. N’écoutant que son courage – ou son irresponsabilité, au choix – il s’interpose et réussit à résister aux assauts des agresseurs.
Son acte héroïque étant filmé par des témoins, il devient une star grâce à Youtube, mais devient malgré lui la cible du parrain local, Franck D’Amico, qui lance ses tueurs à ses trousses.
Heureusement, il peut compter sur deux autres mystérieux super-héros : Big Daddy, un ex-flic qui enfile une combinaison en kevlar ressemblant à celle de Batman ou du hibou de nuit des Watchmen pour se venger de ceux qui l’ont offensé et Hit girl, sa fillette de onze ans, qu’il regarde tout enamouré manier les couteaux qu’elle a reçus pour son anniversaire.
Avec l’arrivée fracassante de ces deux-là, le film bascule définitivement du côté obscur de la force, s’abandonne avec délice à la sauvagerie et au politiquement incorrect. En effet, pour Big Daddy et Hit Girl, la justice est forcément expéditive et sanguinolente…
Si vous aimez les œuvres où les héros sont forcément gentils, prompts à donner une seconde chance aux criminels, vous pouvez tout de suite rebrousser chemin…
Si en revanche, vous êtes tout émoustillés par la perspective de voir une gamine bondissante massacrer à elle seule, à coups de couteaux, lances et shurikens, plusieurs douzaines de malabars hargneux et armés jusqu’aux dents, alors vous pouvez rester. Kick-Ass vous propose les scènes de carnage les plus fun depuis la virée de The bride/Uma Thurman dans le repaire d’Oren Ishi, dans le Kill Bill -volume 1 de Quentin Tarantino, probablement une des influences de Matthew Vaughn…
Campés avec bonheur par Nicolas Cage, que l’on n’avait pas vu depuis longtemps aussi à son avantage qu’ici, et surtout par Chloe Grace Moretz, déjà remarquée dans (500) jours ensemble et qui crève ici littéralement l’écran, Big Daddy et Hit girl sont les véritables attractions du film et volent inéluctablement la vedette à Kick-Ass, comme dans la BD apparemment…
Pourtant, on peut aussi saluer la prestation du jeune Aaron Johnson, parfait en boutonneux rêveur découvrant, mais un peu tard, que le métier de super-héros n’est pas si facile que cela et que l’absence de pouvoir n’exclut pas toute notion de responsabilité…
Le reste du casting est plus inégal : la jolie Lindsy Fonseca apporte une touche de charme dans le rôle de Katie, la lycéenne dont Dave est amoureux, Clark Duke et Evan Peters, assez peu exploités, jouent de façon convaincante les copains neuneus du héros. En revanche, Christopher Mintz-Plasse est assez fade dans le rôle de Red Mist, tout comme le méchant du film, incarné par Mark Strong, que l’on aurait souhaité plus féroce…
Mais peu importe puisque, j’insiste, on a d’yeux que pour la « charmante » Hit girl, son papounet chéri et leur gigantesque arsenal, du simple revolver au bazooka hyper sophistiqué…
C’est grâce à ses deux personnages que Kick-Ass, jusqu’alors un blockbuster assez conventionnel, derrière un vernis faussement iconoclaste, sort finalement des sentiers battus pour devenir un spectacle hautement réjouissant, sauvage et complètement barré.
Certains reprocheront sans doute au film de ne pas prendre le temps de décrire dans les moindres détails la naissance du super-héros, de ne pas être suffisamment centré autour de Dave Lizewski.
Personnellement, les épisodes introductifs des sagas de super-héros ont souvent tendance à m’ennuyer. L’obligation d’insister sur la genèse du héros plombe souvent le rythme de ces films. Aussi, je suis plutôt emballé par ce Kick-Ass, dont le héros n’a ni traumas, ni problèmes métaphysiques, et qui fait la part belle à l’action spectaculaire.
Evidemment, ça veut dire aussi que le film n’est pas franchement des plus intello, mais bon, ce n’est pas forcément ce que l’on attend de ce genre de divertissement hollywoodien non plus…
Reste à voir si Matthew Vaughn et Mark Millar sauront passer le cap du deuxième épisode, d’ores et déjà programmé, et annoncé comme plus sombre et violent que le premier opus. Bigre ! Ca promet !
Sur ces bonnes paroles, je dois vous laisser. Je dois mettre la touche finale à mon propre costume de super-héros, entièrement réalisé en sac poubelle noir et gants Mappa bleus.
Tremblez ô, racailles nocturnes, vauriens sans foi ni loi ou rédacteurs de Geek Culture, Bagman © va débarrasser la ville de ses déchets…
Euh… Et si j’arrive à trouver Spider-PaKa ©, j’essaie de le convaincre de vous faire une petite bafouille sur la comparaison entre le film et le comics book, si elle s’impose vraiment…
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Kick-Ass, the movie
Réalisateur : Matthew Vaughn
Avec : Aaron Johnson, Chloe Grace Moretz, Nicolas Cage, Christopher Mintz-Plasse, Mark Strong
Origine : Etats-Unis
Genre : Kick ass, cut legs and shoot’em up…
Durée : 1h57
Date de sortie France : 21/04/2010
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : I’ll be blog
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