Après avoir remis Agatha Christie au goût du jour, avec quelques adaptations résolument tournées vers la comédie, notamment les deux films de Pascal Thomas, Mon petit doigt m’a dit et Le crime est notre affaire, le cinéma français s’attaque à un autre des auteurs-phares de la collection du Masque : Charles Exbrayat.
Et comme Catherine Frot était étincelante dans les deux films précités, les producteurs ont tout naturellement pensé à elle pour incarner Imogène McCarthery, le rôle-titre de cette adaptation de “Ne vous fâchez pas Imogène !” (1).
La perspective de voir l’adorable Catherine Frot incarner l’héroïne d’Exbrayat était des plus réjouissantes. Cet agent secret d’un genre particulier, écossaise (par filiation, avec la fierté de descendre du clan McLeod) et vieille fille (par choix, parce que mieux vaut être seule que mal accompagnée), maniant aussi bien le tromblon (un flingue peu discret, mais efficace) que l’art de la répartie, offrait à Miss Frot l’opportunité de se livrer à l’un de ces numéros d’actrice dont elle a le secret, entre élégance et fantaisie lunaire.
Mais à l’arrivée, le film est une petite – pour ne pas dire une grande – déception…
Certes, la comédienne, de tous les plans ou presque, nous régale de trois ou quatre scènes où elle peste contre ces maudits anglais, ces sous-hommes de français et d’italiens, ou bien où elle remet en place son chef, un pisse-vinaigre autoritaire (Lionel Abelanski, impeccable). Mais, hélas, le charme n’agit pas. Pas suffisamment du moins. Et le film s’essouffle très vite.
La faute à un scénario bien trop simple, un peu trop vieillot, dont le dénouement rugbystique ridicule finit plaqué et piétiné sur la pelouse de Twickenham…
La faute aussi à une mise en scène bien trop sage, qui semble constamment hésiter entre le ton léger des films de Pascal Thomas et l’humour parodique/référentiel des OSS 117 de Michel Hazanavicius. Mais le film, à l’arrivée, ne possède ni la fantaisie des premiers, ni le côté politiquement incorrect des seconds.
On a connu les cinéastes Alexandre Charlot et Franck Magnier, auteurs historiques des Guignols de Canal +, plus inspirés dans la parodie irrévérencieuse…
Restent quelques amusants numéros d’acteurs : Laurent Gamelon, père écossais à grosses bacchantes et kilt seyant ; Lambert Wilson en policier british forcément distingué, même dans un vieux maillot de rugby délavé ; Michel Aumont et Michel Duchaussoy en vieux briscards des services secrets…
Et, last but not least, Danièle Lebrun en gouvernante strict et pincée, mais au tempérament de feu. Comme le prouve cette scène irrésistible où elle rabat le caquet de tous les clients d’un pub, rustres des highlands imbibés de whisky, avec un brio que n’aurait pas renié le Gabin de La Traversée de Paris…
On regrette que ce film ne comporte pas plus de scènes de ce genre. Au final, Imogène McCarthery n’est qu’un petit divertissement formaté, pas franchement désagréable, mais assez terne et mollasson, et on comprend mieux pourquoi le distributeur, UGC, n’a pas souhaité le montrer à la presse avant sa sortie (2)…
(1) : “Ne vous fâchez pas, Imogène !” de Charles Exbrayat – éd. Le Masque
(2) : Généralement, quand un distributeur ne présente pas un film à un parterre de journalistes critiques, c’est parce qu’ils ne sont pas rassurés sur la qualité de leur film et qu’ils craignent une campagne de presse très défavorable…
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Imogène McCarthery
Imogène McCarthery
Réalisateurs : Alexandre Charlot, Franck Magnier
Avec : Catherine Frot, Lambert Wilson, Michel Aumont, Michel Duchaussoy, Danièle Lebrun
Origine : France
Genre : espionnage kitsch et kilt
Durée : 1h22
Date de sortie France : 05/05/2010
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : –
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