Il y a certaines comédies françaises que l’on connait par cœur et pourtant les gags font toujours autant rire après 15 ans. La Cité de la Peur avec sont humour 100% Nul est de ceux-là. C’est culte, c’est en plein dans l’actu Festival de Cannes et j’en suis hyper content.
1994. Canal+ est à son apogée en terme d’image décalée. De Caunes et Garcia à Nulle part à ailleurs font un carton, les Guignols ont vraiment volé la vedette au bébête show et les Nuls ont définitivement installé le ton. Et quand on sait que l’un des événements majeurs de la chaîne cryptée est le Festival de Cannes, les Nuls n’ont pas pu s’empêcher de rendre un petit hommage avec La Cité de la Peur.
Pour ceux qui l’ignorent encore, tout commence avec le meurtre du projectionniste du film Red is Dead, présenté dans une petite salle lors du festival de Cannes. L’attachée de presse, Odile Deray va en profiter pour faire monter le buzz autour du film alors que chaque nouveau projectionniste va être « coupé» .
Sur ce pitch (qui d’ailleurs pourrait donner aujourd’hui un tout autre film sur les dérives du buzz et des médias pour la promo du divertissement), les Nuls (aka Chantal Lauby, Dominique Farrugia et Alain Chabat) vont enchaîner les gags, jeux de mots, les références et les guests. Pour ces derniers, on a droit à Gérard Darmon dans le rôle du flic, Jean-Pierre Bacri, Eddy Mitchell, Tchéky Karyo et Daniel Gélin interprètent quelques secondes les différents projectionnistes et Valérie Lemercier est hilarante en veuve esseulée, sans compter les stars du festival.
Pour les gags, là où généralement, tout est dit dans une bande-annonce, les Nuls arrivent à placer une réplique à mourir de rire, une référence, à chaque minute. Ils déclarent d’ailleurs eux-même qu’il y a un trait d’humour toutes les 20 secondes et je veux bien le croire. A chaque vision, il y a évidemment tout ce qui est répertorié comme la réplique du doigt et du wisky, le « hyper-content» , le doublage de la mort en faisant très bien le chat, le mangeage de choucroute interdit, l’inoubliable Carioca … mais on (re)découvre toujours de nouveaux gags ou de nouvelles références. Celles-ci sont d’ailleurs nombreuses et offrent un bon patchwork des films qui ont marqué le début des années 90, de Terminator à Pretty Woman en passant par Basic Instinct et Point Break.
Le film est clairement l’aboutissement de l’humour Canal de la grande époque et reste aujourd’hui l’un des must en matière de comédie française. C’est débile, certes, mais pour aligner les éclats de rire autant de fois en un film, c’est que l’écriture est excellente, un bon dosage entre le comique de situation, de répétition ou complètement absurde. Il faudra ensuite attendre Mission Cléopâtre (de Chabat) pour retrouver cet humour au cinéma. Une attente longue mais synonyme de succès, donnant encore plus de poids à la Cité de la Peur aujourd’hui entrée dans l’inconscient collectif de 2 générations mal bercées par les Nuls.