Jean Becker revient avec une petite comédie légère sur les petits gens, le plaisir de vivre et les réflexions sur le temps qui passe, avec Gérard Depardieu dans le rôle titre.
La tête en friche, l'affiche
Fort d’une très grosse distribution dans les cinémas français (pas moins de 566 écrans, tout près de Sex and the City), il est clair que le nouveau film de Jean Becker a de quoi satisfaire son aspect publicité. Et comme le cinéma se transmet aussi de père en fils, Becker en profite pour faire un film qui pourrait sonner comme très personnel chez des spectateurs, le genre de long métrage qui peut toucher un public assez large sans trop en faire. Certes, La tête en friche, adaptation d’un roman de Marie-Sabine Roger, tombe souvent dans une petite facilité, des rebondissements calculées qui ne surprennent guère, mais la façon de montrer son histoire est quant à elle plus intéressante.
L’histoire est celle de Germain, un travailleur quasi analphabète de 45 ans qui vit autour de ses petits boulots, ses amis du bar, sa petit amie Annette, sa mère dont il squatte le jardin, et le parcs où les pigeons sont presque des amis. C’est dans cette vie quelque peu morose qui veut encore une nouvelle fois peindre le décor d’une France profonde et de personnes que l’on ne connaît pas assez, que Germain incarné par Gérard Depardieu va voir sa vie basculer un peu. La rencontre avec une retraitée, Margueritte, qui elle aussi se retrouve au parc, devient le nouveau fil rouge de cette histoire. A travers la lecture de romans populaires comme ceux de Camus ou Gary, Germain plonge dans la représentation, il s’initie à la lecture et au plaisir de ressentir les choses à travers la littérature, chose qu’il ne connaissait pas. Cette rencontre avec Margueritte lui permet aussi de faire la lumière sur son passé, de parler avec douleur de cette mère presque indigne dont on pense qu’elle n’a jamais rien su apporter à son fils.
La tête en friche - Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus.
Avec de la poésie, des dialogues simples et un peu de nostalgie, Becker évoque ici avec une très simplicité des choses tellement réelles. On se rend compte qu’il n’y a pas besoin de grands violons pour faire naître une émotion, tant ces personnages sont attachants. Depardieu incarne avec réalisme ce Germain, presque plus convaincant que lorsqu’il incarnait de préretraité dans Mammuth. On sent une sorte de petite osmose avec Gisèle Casadesus (qui avait déjà tourné sous Becker dans Les Enfants du Marais). Lire rassemble, tel pourrait aussi être la visée du film, mais au-delà c’est une étrange relation où les mots sont un lien évident. Ce qui semble aujourd’hui échapper à certains…
La tête en friche est un film simple, drôle et émouvant à la fois, sans la prétention de faire quelque chose de grand. C’est avec cette sincérité et cette histoire intéressant que Becker réussit à donner un sens à son propos à travers l’excellent duo formé par Depardieu et Casadesus.