Premier film en compétition officielle à Cannes 2010 à sortir en France, voici la critique du film d’Abbas Kiarostami, Copie conforme.
Copie Conforme, d'Abbas Kiarostami
Le film de Kiarostami commence une scène étrange, mais qui en même temps, en dit long sur le spectacle qui va suivre. Un écrivain qui arrive en retard, censé offrir une conférence sur son livre intitulé Copie Conforme. Une femme française qui arrive elle aussi en retard, qui s’installe et commence à écouter l’intervention, tout en murmurant quelque chose à son voisin, laissant un numéro de téléphone à ce dernier pour qu’il le transmette à ce fameux écrivain. Puis elle quitte la salle avec son fils. La scène est assez parlante: dans les textes, l’écrivain pose les bases philosophiques de ce qui va suivre, alors que la scène est lente, mais minutieusement tournée.
Juliette Binoche incarne cette femme, qui vit seul avec son enfant en Italie depuis cinq ans. William Shimmel est cet écrivain, qui semble tout aussi solitaire, qui essaye de garder un côté ténébreux censé séduire. Les deux sont faits pour se rencontrer, ce que provoque la femme. Les voici parti sur les routes de Toscane pour offrir au spectateur un paysage fantastique tout en commençant à placer le but de la conversation. Lentement mais sûrement, le réalisateur met en situation ces deux acteurs qui commencent à se découvrir peu à peu à travers une discussion où même le spectateur est invité.
Arrivé dans un bar quelconque d’une petite ville pittoresque de Toscane, la serveuse prend ces deux personnes pour un couple. Et voici que les deux vont jouer le jeu jusqu’à la fin du film. Le but: se découvrir, mais en même temps, cibler l’autre dans son histoire et ses sentiments. Ainsi, le spectateur peut réfléchir sur les enfants, l’amour, mais aussi l’art. Les deux réunis sont la « copie conforme » d’un couple, et discute de l’original, du vrai et du beau. A travers l’art par exemple, l’imitation a-t-elle sa place ? Qu’Est-ce qu’un original pour une œuvre ?
Les critiques s’amusent à mettre en avant la performance de Juliette Binoche (Le Patient Anglais, Le hussard sur le toit, Code inconnu) qui a tourné pour les plus grands, que ce soit Haneke, Assayas, Gitaï (fantastique dans Désengagement). Ce n’est pas une première avec Kiarostami puisqu’on pouvait la voir dans Shirin, autre œuvre majeure du réalisateur iranien. Sauf que dans Copie conforme, sa prestation n’est plus satisfaisante que d’autres. On y préfère presque William Shimmel le parfait inconnu. Mais si les idées et la discussion semblent intéressantes, le couple n’est guère plus convaincant et enfonce le film dans un ennui profond, si le spectateur n’a pas été largué avant.
Pour une première sortie d’une compétition officielle du Festival de Cannes 2010, Copie conforme n’a pas placé la barre très haute. Pas de surprise ni d’émotion, des bonnes idées et une réalisation esthétique, c’est l’ennui qui prime ici. Dommage.