Culte du dimanche : Il faut sauver le soldat Ryan

Par Fredp @FredMyscreens

Lorsque Steven Spielberg s’attaque au film de guerre, il y va avec le plus grand respect qui soit. La preuve dans Il faut sauver le soldat Ryan.

La seconde guerre a toujours fasciné Spielberg. Que ce soit avec 1941 où il la jouait humour, Indiana Jones avec un côté plus mystique et aventure ou dans le drame avec l’Empire du Soleil et le plus poignant, La Liste de Schindler. Mais c’est en 1998 qu’il s’attaque vraiment à un pur film de guerre avec Il faut sauver le soldat Ryan.

Après la Liste de Schindler, Spielberg fait encore une fois preuve de maturité en réalisant une œuvre poignante et intense sur la seconde guerre. Comme chacun le sait, le film s’ouvre sur une séquence spectaculaire du débarquement en Normandie. Spielberg y met en scène la plus impressionnante et viscérale vision de l’arrivée des soldats sur les plages. Ici, rien ne est épargné. On est immergé dans l’action et l’on ressent toutes les émotions des soldats : la peur, le désespoir, l’horreur, le courage, l’inconscience …

Puis l’action se calme pour laisser la place au récit qui verra Tom Hanks partir à la recherche du dernier frère Ryan (Matt Damon). C’est clair, on n’aurai jamais imaginé Tom Hanks dans le rôle d’un gradé militaire sur le front. Mais l’acteur donne assez d’épaisseur et un passé au personnage pour qu’on y adhère. Avec lui, on a vraiment l’impression que tout le monde, qu’on le veuille ou non, peut être appelé au front et cela renforce donc l’empathie du spectateur pour les personnages. Mais d’autres messages forts se détachent du récit, le principal étant de savoir si on peut sacrifier plusieurs vies pour en sauver une seule, d’autant plus quand celle-ci n’a pas une importance capitale pour l’issue du conflit. Un débat qui partagera l’escouade menée par Hanks tout au long du récit. Un récit humaniste donc, comme Spielberg les aime.

A côté de cela, nous avons une partition plutôt sobre de John Williams qui préfère laisser les images parler (il n’y aura d’ailleurs pas de musique pendant le débarquement) avec la photographie sombre et poussiéreuse de Kaminski qui fait encore des merveilles pour retranscrire tout le réalisme de la mise en scène et du jeu des acteurs. D’ailleurs, la troupe d’acteurs réunie est particulièrement réussie avec un paquet de comédiens reconnus ou en passe de le devenir : Matt Damon évidemment, mais aussi Tom Sizemore, Edward Burns, Giovanni Ribisi (Avatar), Barry Pepper (3 Enterrements), Jeremy Davies (Lost) et Vin Diesel.

Malgré la baisse de rythme indéniable après le débarquement, au milieu d’une reconstitution impeccable (malgré quelques vérités historiques ignorées, mais ne perturbant pas la vision et l’intérêt du film), le récit maintiendra tout de même le suspens quand à savoir si la troupe retrouvera le soldat perdu, dans quelles conditions et surtout, à quel prix. Ainsi, le sacrifice final lors de l’attaque va révéler la personnalité des soldats, courageux ou au contraire lâche, …

Au final, en combinant son humanisme et son sens du spectacle, Spielberg livre un récit majeur sur la seconde guerre mondiale à juste titre récompensé par 5 oscars dont évidemment celui de meilleur réalisateur. Une réussite indéniable dont la vision de la séquence de débarquement reste aujourd’hui l’une des plus intenses du cinéma de guerre. Culte.