Moon, la critique

Par Fredp @FredMyscreens

Les films de SF sont rares sur nos écrans. Les films de SF réussis le sont encore plus. Mais voici qu’arrive Moon directement en DVD, à voir absolument.

Des fois, les voies de la distribution de films sont impénétrables. Parce que, disons-le tout de suite, Moon est un petit bijou de SF et qu’il a été à juste titre récompensé dans de nombreux festivals. Mais voilà que le film débarque sur nos terres directement en dvd, sans même une exploitation technique en salles. C’est fort dommage et même contestable, alors qu’on nous abreuve à longueur d’année de films loin d’être aussi intelligents. Bref, maintenant que ce coup de gueule est passé, intéressons-nous au film.

Nous nous retrouvons avec Sam sur une station lunaire. Il est seul sur notre satellite naturel et ne s’occupe que de l’entretien de la station dont l’objectif est d’extraire une nouvelle source d’énergie. Son seul ami est le robot Gerty. Mais un jour, il devra sortir pour réparer un matériel et un accident va se produire qui remettre toute son existence et sa mission en jeu.

Écrite et réalisée par Duncan Jones (fils de David Bowie … rien que ça … mais apparemment, le talent est héréditaire dans la famille), l’histoire de cet astronaute solitaire, isolé et loin de toute civilisation, est ce qu’il se fait de mieux en matière de SF. Ici, de nombreux thèmes d’actualité son abordés. Que ce soit le sacrifice d’un homme pour maintenir en vie notre civilisation, la consommation d’énergie, les intérêts industriels … mais le film pose aussi de nombreuses questions éthiques que je n’évoquerai pas au risque de vous spoiler le twist central du film. Car là est aussi la réussite du film, dans son écriture. Alors que l’auteur prend le temps d’installer son histoire, son personnage avec son ennui et sa solitude, l’histoire bascule d’un coup dans le thriller SF parano. On se demande si Sam est fou, si il hallucine ou si c’est la société sur Terre qui a basculé de l’autre côté.

Du côté de la mise en scène, Jones reste sobre et maitrise parfaitement son unique décor pour qu’on découvre chaque fois de nouveaux aspects du lieu. L’impression d’isolement est totale et les claustrophobes risquent de se sentir un peu oppressé par ces couloirs sombres. Les seules sorties quand à elles son de toute beauté lorsque l’on voit juste un « clair de Terre»  éclairer le héros, renforçant son éloignement de toute civilisation.

En dehors du talent de Duncan Jones, la réussite de Moon est également à mettre au crédit d’un Sam Rockwell inspiré. Navigant à vue dans un scénario  tortueux où plusieurs personnalités cohabitent, il arrive à retranscrire toute la complexité du ressenti de son personnage face à son impression de folie. Lorsque la vérité se dévoile, il n’est que d’autant plus touchant et intense. Rockwell, malgré le soutien de Kevin Spacey qui double le robot, porte complètement le film sur ses épaules et démontre donc encore une fois tout le talent qu’il ne peut exprimer dans les blockbusters habituels.

Porté également par une partition, comme toujours impeccable, de Clint Mansell, le film s’offre donc au spectateur attentif, sans retenue. Le manque de budget n’est clairement pas visible tant Duncan Jones maitrise le récit et la caméra. Pour un premier film, c’est déjà un coup de maître. Du coup, on aimerai bien en savoir plus sur ce qu’il arrive au héros ensuite et également sur les nouvelles conditions de vie terrestre simplement évoquées. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas sorti en salles qui faudrait aujourd’hui le louper sur votre platine blu-ray/dvd.