Un énième film de prison, me direz-vous ? Le genre a fait fleurir bon nombre de longs métrages ces dernières années et deux d’entre eux ont marqué les esprits : Un Prophète de Jacques Audiard (voir la critique dans « Mon Cinématographe ») et Hunger de Steve McQueen. Kim Chapiron s’intéresse, lui, aux centres de détention pour mineurs des USA. Soit trois jeunes délinquants fraîchement arrivés qui devront choisir leur camp : victime ou bourreau.
Kim Chapiron passe en revue les passages obligés du genre mais le fait avec suffisamment de conviction pour que l’intérêt ne s’amenuise jamais à mesure que nos « héros » découvrent l’enfer carcéral et la loi du talion. Certes, le réalisateur ne renouvelle rien, appliquant un peu mécaniquement son scénario mais il sait rester à bonne distance de son histoire en adoptant un traitement brutal sans tomber dans la gratuité ni les clichés faciles.
Adam Butcher, Shane Kippel et Mateo Morales, les trois jeunes comédiens que Kim Chapiron a eu le talent de dénicher, ainsi que l’ensemble du casting, apportent une authenticité et une force inattendues de la part d’un réalisateur peu prometteur après le désastreux souvenir de son premier long métrage Sheitan. Ne se contentant pas de signer une simple commande, il amène son point de vue, plutôt documenté, sur la situation de ces jeunes pris dans l’engrenage de la violence et dénonce clairement les centres de rétention qui ne font qu’alimenter cette violence.
Un cinéaste ne se doit pas d’apporter des solutions mais bien de pointer un problème majeur inhérent à nos sociétés. Que l’énergie déployée pour le faire soit au rendez-vous est une bonne surprise. Le spectateur doit tout de même être averti : plus le film avance et plus le tunnel devient sombre et sans issue. Et une fois la lumière rallumée, un dérangeant sentiment de malaise s’immisce en nous. Comme une réalité peu aimable qui aurait soudainement traversé l’écran.