“La Disparition d’Alice Creed” de J.Blakeson

Par Boustoune

Deux types débarquent dans un appartement vide avec perceuses, marteaux et tout un attirail d’outils divers. Des bricoleurs du dimanche? Euh… Non, pas vraiment…  Ils sont silencieux, rapides, efficaces. En deux temps, trois mouvements, ils ont insonorisé complètement les murs, installé un grand lit au milieu de la pièce et ajouté des verrous robustes… La pièce va servir de lieu de détention pour la jeune femme qu’ils ont prévu de kidnapper, dans l’espoir d’obtenir une rançon…

Difficile d’en dire plus, car l’intrigue de La disparition d’Alice Creed, premier long-métrage d’un jeune cinéaste britannique, J Blakeson, repose exclusivement sur ce huis-clos à trois personnages, truffé de rebondissements et de twists narratifs tordus.
Disons simplement que rien ne va se passer comme prévu, quelques objets venant dérégler les plans des malfrats : un seau (pour un sot), une douille de balle (pique nique douille, c’est toi l’andouille) ou un téléphone portable…
Tout a été savamment mis en place pour que le spectateur ne sache jamais vraiment dans quelle direction le film va aller, comédie, drame ou horreur…
C’est donc plutôt efficace et rondement mené, grâce à une mise en scène rigoureuse qui tire profit de l’ambiance étouffante du huis-clos, mais aussi et surtout grâce aux talent des trois comédiens.

D’abord Eddie Marsan qui, après s’être illustré en super vilain dans Hancock ou en moniteur d’auto-école colérique dans Be Happy, prête son physique si particulier au plus expérimenté des deux malfrats, un type froid et hargneux…
Ensuite Martin Compston, révélé par Ken Loach dans Sweet sixteen, incarne son complice, plus jeune, plus influençable et  et plus sujet aux remords…
Et enfin la belle Gemma Arterton, l’actrice la plus “tendance” du moment grâce à ses rôles marquants dans Le choc des titans (oui, d’accord, ce n’est pas une référence…) Prince of Persia et, bientôt, grâce à sa performance dans Tamara Drewe. Elle joue ici la belle captive, Alice Creed. Une victime qui n’est pas du genre à se laisser maltraiter sans rien faire…

Tous les ingrédients sont donc réunis pour donner un thriller de qualité. Malheureusement, passé le début, nerveux et intriguant, l’intérêt finit par retomber rapidement…
Le problème, c’est qu’il y a trop de retournements de situations pour que le film soit très crédible, et trop peu de folie dans les situations et les personnages pour que l’on s’enthousiasme vraiment.
On reste donc un peu sur notre faim…

Cela dit, il faut relativiser : La disparition d’Alice Creed n’avait pas pour prétention de révolutionner le cinéma de genre. Pour une première réalisation et avec un budget des plus restreints, J Blakeson s’en tire très honorablement. Déjà parce ce qu’il parvient à garder le rythme de bout en bout et qu’à défaut de se passionner pour les relations tumultueuses de cet improbable trio, on ne s’ennuie pas non plus.
Ensuite parce que le cinéaste assume jusqu’au bout le côté amoral de son récit, ce qui n’est pas forcément toujours évident dans le cinéma moderne, formaté et consensuel…
Et enfin parce que c’est très largement meilleur que le calamiteux The descent : part 2, dont J Blakeson a co-écrit le scénario… Comme quoi, le bonhomme a une sacrée marge de progression…

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La Disparition d’Alice Creed
The disappearance of Alice Creed

Réalisateur : J Blakeson 
Avec : Gemma Arterton, Eddie Marsan, Martin Compston
Origine : Royaume-Uni
Genre : huis clos pour triangle amoureux
Durée : 1h40
Date de sortie France : 30/06/2010

Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Abus de Ciné

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