Dans le premier épisode, Shrek, l’ogre le plus célèbre du cinéma, découvrait l’amitié (sous la forme d’un âne insupportablement bavard) et l’amour (dans les bras de la “belle” Princesse Fiona)…
Dans le second volet, il rencontrait d’autres amis (dont l’excellentissime, génialissime Chat Potté – essayez donc de résister à ses pupilles dilatées et à ses coups d’épée…) et se voyait confronté à l’angoisse du mariage et de la rencontre avec la belle-famille…
Dans le troisième opus, il lui fallait se préparer à la paternité et réfléchir sérieusement à son avenir, parce que le boulot de roi, c’est beaucoup d’honneur, mais aussi beaucoup de contraintes…
Fort logiquement, cette quatrième – et ultime ? (1) – aventure, Shrek, il était une fin nous montre le héros confronté à l’usure du couple et à la routine de la vie de famille. Au point qu’il en vient à regretter sa vie d’avant, quand il était craint par tous et qu’il n’en faisait qu’à sa tête, libre comme l’air fétide de son cher marais…
Tracassin, un gnome magicien sournois, lui propose un deal : il lui permet de revivre, l’espace d’une journée, la vie d’un ogre pur et dur, en échange d’une simple journée de sa vie, n’importe laquelle, un jour de son enfance par exemple.
Shrek, l’esprit embrumé par les cockt’oeils servis par son hôte, se laisse convaincre. Il est très heureux de ce contrat qui lui donne l’occasion de terroriser à nouveau les villageois, se rouler dans la boue et vivre à son rythme, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il a été berné…
En effet, Tracassin lui a pris le jour… de sa naissance.
Comme Shrek n’a pas pu naître, il n’a pas pu sauver Fiona et Tracassin a pu arnaquer les parents de la princesse pour récupérer le royaume…
Il n’existe pas, tout simplement, et disparaîtra donc purement et simplement à l’issue de cette journée de liberté promise… Des délices des paradoxes temporels…
Seul espoir, la clause d’annulation du contrat : un baiser d’amour…
Shrek n’a qu’une vingtaine d’heures pour regagner l’amitié de l’âne et de Potté, trouver la cachette de Fiona, qui a pris la tête de la résistance ogre, et la séduire de nouveau… Ce qui est loin d’être simple…
Et il n’a qu’une petite heure et demie pour tenter de convaincre les spectateurs de l’utilité de ce quatrième volet. Ce qui est encore moins simple…
Car franchement, au gré des épisodes, ce qui faisait le charme et l’intérêt de la saga a fini par sérieusement s’effilocher…
Exit le côté subversif du premier opus, qui parodiait les contes de fées en en pervertissant les conventions. Shrek est rentré dans le rang, un bouffon bien inoffensif et plus très drôle…
Oubliés, le panache et le rythme fou de Shrek 2. L’ogre vert s’est ramolli et ses nouvelles aventures n’ont rien de très excitant. Trop prévisibles, trop simplistes, manquant singulièrement de piment…
Disparus aussi, les clins d’oeil cinématographiques qui faisaient le bonheur des grands enfants et des petits cinéphiles et masquaient l’indigence scénaristique de Shrek le troisième… Ici, on note bien deux ou trois allusions à des films connus, mais elles ne sont pas légion, ni très fines…
Même les personnages secondaires, qui constituaient pourtant le point fort de toute cette série sont ici bien décevants. Les héros de conte de fées sont réduit au rang d’utilités ou de simples figurants, à l’exception notable de Ti Biscuit, à l’origine des rares gags efficaces du film. L’âne est moins bavard qu’à l’accoutumée, donc moins drôle et le Chat Potté s’est transformé en… chat potelé depuis sa mise à la retraite anticipée… Ca fait mal au coeur de le voir transformé en clone de Garfield, griffes émoussés et poil brossé, incapable de manier l’épée ou de virevolter dans ses “ch’tites boubouttes”. Heureusement, le coup des pupilles dilatées fonctionne toujours, mais c’est bien peu… Ah les salauds, ils ont tué Potté ! Bande d’enfoirés…
Rendez-nous notre Chat Potté !!! Faites-le redevenir ce mercenaire félin impitoyable qui bondit d’ennemi en ennemi… Faites-le revenir tout court, comme promis, dans ses propres aventures (2)…
Bref, le spectateur est comme Shrek au début du film : il s’ennuie gentiment et regrette un peu les films précédents …
Oh bien sûr, quelques gags font mouche, tout de même, et il y a deux ou trois idées agréables. On peut prendre le temps d’apprécier le travail technique autour du film, la finesse des décors, la fluidité de l’animation, la qualité des rendus textures (on voit que la technique continue d’évoluer…). On peut aussi se laisser séduire par le relief, qui, s’il n’apporte pas grand chose au script, est joliment exécuté…
Ce n’est donc pas vraiment “mauvais”, mais le plaisir est nettement moindre que pour les épisodes passés…
Quel intérêt, alors – autre que bassement commercial – y avait-il à produire cet épisode. Pour un final, on s’attendait à un beau feu d’artifice, un cocktail d’étonnant d’action, d’humour et de subversion. Raté, on a un pétard mouillé et un chat obèse…
Comme un symbole de cette perte de qualité, le générique de fin, qui traditionnellement réservait au spectateur patient quelques gags supplémentaires disséminés ça et là, est ici désespérément exempt de ces petites scènes bonus, et se contente d’aligner une interminable liste de noms…
Oui, c’est triste à dire, mais Shrek 4 : il était une fin porte bien son titre. La saga ne se termine pas en beauté, hélas… Espérons maintenant que Toy Story 3 saura faire oublier cette relative déception et nous procurer notre dose annuelle d’émotions en images de synthèse…
(1) : D’après les producteurs, il n’est pas question d’aller au delà de ce quatrième épisode, et la saga s’achève donc avec ce film. Mais à Hollywood, le mot “fin” est généralement bien dérisoire face aux intérêts financiers… Alors qui sait…
(2) : C’est confirmé, Potté, de nouveau svelte et belliqueux, aura bien son film rien qu’à lui… Le film Puss in boots devrait être réalisé par Chris Miller, le réalisateur de Shrek 2, aura comme casting vocal Antonio Banderas et Salma Hayek et est prévu pour une sortie fin 2011…
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Shrek Forever after
Réalisateur : Mike Mitchell
Avec les voix de : Mike Myers, Eddie Murphy, Antonio Banderas, Cameron Diaz (VO), Alain Chabat, Med Hondo, Barbara Tissier (VF)
Origine : Etats-Unis
Genre : triste fin…
Durée : 1h33
Date de sortie France : 30/06/2010
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : Excessif
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