L’Autre Monde, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Il y a des fois où le cinéma français essaie d’aborder des sujets ultra-contemporain et se vautre royalement. Avec l’Autre Monde, c’est une nouvelle plantade à laquelle nous avons droit. Normal, on ne peut pas parler de l’Internet et du monde virtuel comme dans un téléfilm.

L’Autre Monde. Voilà un titre bien mystérieux pour le film de Gilles Marchand. Cet autre monde, c’est l’univers virtuel nommé Black Hole. Un espèce de Second Life pour dépressifs. C’est en fouillant un peu trop l’histoire d’une suicidaire mystérieuse que Gaspard va tomber dans le traquenard (oui des fois je fais des rimes … manque d’inspiration ? … peut-être). Pour en savoir plus, il va donc peu à peu laisser tomber sa petite amie et enquêter (un peu) dans le monde virtuel.

Bon, vous l’avez deviné, L’Autre Monde, malgré un sujet qui pouvait être fort intéressant, est un film qui rate son pari. La faute sans doute à Gilles Marchand qui, si il a la volonté de faire quelque chose d’original (c’est très louable et j’encourage même la démarche), n’a pas le discours qui va avec. On sent clairement que le réalisateur ne maitrise pas vraiment son sujet. Le jeux ont évolué et le monde de Black Hole est soigné mais bien vide pour l’identifier à un jeu contemporain. L’idée d’une action se déroulant dans le sud de la France, au soleil, offre un bon contraste avec le ton sombre du jeu mais du coup, la mise en scène ressemble davantage à un téléfilm planplan plutôt qu’à un thriller qui aurait pu proposer une atmosphère malsaine avec un sujet pareil. De ce tout nait alors une morale éculée comme quoi « les jeux vidéo, c’est le mal»  ou encore « on rencontre n’importe qui sur Internet»  qui ne plaira certainement pas aux internautes et geeks qui iront voir le film.

En plus d’une mise en scène plutôt molle, il faut dire que Marchand n’est pas aidé par ses comédiens. Car si Melvil Poupaud s’en sort (comme toujours) bien, Grégoire Leprince-Ringuet est juste insipide. Il a beau être mignon pour ces demoiselles, il ne fait que délivrer des dialogues creux sans grande conviction. On attend de lui un semblant de personnalité puisque c’est le héros que nous devons suivre et qui doit nous emmener dans le monde virtuel. Mais du coup, le détachement que l’on a vis-à-vis de lui ne fait qu’accentuer le sentiment d’ennui qui nous guettait. Pour ces messieurs, il y a toujours Louise Bourgoin qui joue juste, mais en même temps, montrer ses fesses 2secondes en sortant d’une piscine en ayant 4 phrases sur tout le film avec un air dépressif ne fait pas forcément d’elle la plus talentueuse des actrices. Il ne reste donc plus que Pauline Etienne qui arrive à sauver ses scènes avec une force de caractère qui fait bien ressortir son personnage alors que celui-ci n’est pas si présent.

Pour se consoler devant ce téléfilm qui passera bien sur France 2 suivi d’un débat animé par JLDelarue, on peut toujours écouter la BO qui vaut bien le détour. M83 impose une ambiance sonore envoutante et quelques titres de bonne qualité.

Malgré toutes les meilleures intentions du monde, il est dommage que le réalisateur ne soit pas à la hauteur de son ambition. Avec un sujet en or qui pouvait astucieusement mixer problèmes adolescents et monde virtuel, il n’en sort qu’un énorme et long cliché sur cette génération.