C’est bien connu : pour écrire, les auteurs ont besoin de silence et de sérénité…
Alors, quoi de mieux qu’une retraite pour écrivains isolée au coeur de la campagne anglaise ? Nicholas Hardiment, un auteur de polars à succès et Beth, sa femme, ont créé cette petite résidence pour auteurs en quête de calme, havre de verdure et de paix dont la tranquillité est tout juste perturbée par les meuglements distants des vaches dans le pré voisin, ou les débats souvent passionnés entre les occupants, qui défendent des conceptions parfois opposées de leur art…
Glen McCreavy, un essayiste américain, débarque au cottage avec la certitude de pouvoir enfin trouver l’inspiration qui lui manque pour boucler son indigeste étude sur l’oeuvre de Thomas Hardy. Mais les choses ne vont pas tout à fait se passer comme prévu : la quiétude des lieux est bien vite troublée par le début de la crise conjugale qui couvait chez ses hôtes, l’arrivée au village d’un boys band à succès, les facéties de deux groupies surexcitées…
…Et le retour au pays de la pulpeuse Tamara Drewe.
Elle qui était autrefois considérée comme un laideron à cause de son appendice nasal proéminent, a fait opérer ce nez fort gênant et, depuis, a tout de la bombe atomique ou plutôt, anatomique. Elle fait désormais tourner les têtes des hommes les plus sages, ce qui n’est pas sans conséquences sur la vie du village…
Le scénario de Tamara Drewe, accumulant les péripéties et les petites catastrophes, aurait pu être tiré d’un roman de Nick Hornby ou de Matthew Beaumont. En fait, il s’agit d’une bande-dessinée de Posy Simmonds (1). Stephen Frears s’en est emparé pour renouer avec un genre qu’il affectionne et qui a donné quelques-uns de ses meilleurs films : la comédie de moeurs douce-amère, grinçante et cynique.
Sous sa houlette, l’histoire initiale, peinture au vitriol de tout un groupe d’arrivistes évoluant dans des sphères différentes, devient une comédie enlevée, souvent très drôle – se payant même le luxe d’une ou deux scènes susceptibles de devenir culte – parfaitement rythmée.
Et, comme à son habitude, il a particulièrement soigné le casting pour pouvoir exploiter au mieux les personnages.
La bonne idée, ici, est de n’avoir pas engagé des acteurs célèbres, mais des seconds couteaux solides ou des comédiens de théâtre confirmés, dont les visages ne seront probablement pas inconnus des cinéphiles. Tous sont impeccables dans des rôles pas si évidents que cela à jouer, constamment sur le fil entre satire subtile et caricature grotesque : il y a ce couple bobo/intello qui accueille ses invités avec de grands sourires et/ou de grands airs mais qui,en coulisses se déchire en des scènes de ménages homériques (Roger Allam et Tamsin Greig), cet écrivain américain complexé, emberlificoté dans ses propres textes (Bill Camp), ce jardinier musclé mais un brin neuneu (Luke Evans), ce rocker impulsif (Dominic Cooper), et ces deux pestes qui, par leurs petites intrigues, mettent le feu aux poudres (Jessica Barden et Charlotte Christie).
Et bien sûr, il y a la très sexy Gemma Arterton dans le rôle-titre. Très sexy et talentueuse. Car, à l’instar de Tamara, la jeune comédienne entend bien prouver qu’elle n’est pas qu’une bimbo destinée à appâter le public mâle, comme aurait pu le laisser craindre son apparition en James Bond Girl dans Quantum of solace, mais bien une actrice à part entière, capable d’évoluer dans des registres très différents. La preuve, elle a enchaîné les rôles cette année, avec ses apparitions dans La disparition de Alice Creed ou Prince of Persia, et ne compte pas en rester là… Difficile de résister à son/ses charme(s)… Waouh, la vache! Quelles mamelles… (Hum… pardon, je m’égare…)
D’ailleurs, en parlant de vaches, celles-ci jouent elles aussi un rôle important dans l’histoire. Mais chut! On ne vous en dira pas plus, afin que vous puissiez profiter pleinement du gag férocement drôle qui y est rattaché…
Bon, soyons francs, il est fort probable que Tamara Drewe ne marquera pas l’histoire du cinéma, et ne sera pas considérée comme l’une des oeuvres majeures de son auteur. Mais cette petite comédie très sympathique procure un plaisir brut immédiat, grâce à son rythme endiablé, ses personnages attachiants (beau néologisme pour désigner ces crétins prétentieux et égocentriques, mais touchants), ses acteurs très justes, ses gags cinglants et ses répliques qui font mouche…
Bref, si vous travaillez tout l’été et que vous cherchez de quoi vous évader un peu, essayez donc ce divertissement de qualité. Pour le prix d’une place de cinéma, vous pourrez avoir l’équivalent d’un bon week-end à la campagne, verdure et vaches incluses…
(1) : “Tamara Drewe” de Posy Simmonds – éd. Denoël
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Tamara Drewe
Tamara Drewe
Réalisateur : Stephen Frears
Avec : Gemma Arterton, Dominic Cooper, Roger Allam, Tamsin Greig, Bill Camp, Luke Evans
Origine : Royaume-Uni
Genre : humour vache
Durée : 1h49
Date de sortie France : 14/07/2010
Note pour ce film : ●●●●●○
contrepoint critique chez : Actua BD
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