Blindness

Par Cinephileamateur
Cinéphile du jour, bonjour !!! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un film que j'avais vu une première fois en salle et dont j'avais brièvement évoqué mon ressenti dans le Fanzine n°5. L'ayant revu récemment depuis en blu-ray et l'évoquant sur mon forum sur le cinéma, j'ai décidé de lui consacrer enfin un billet. Je vais donc vous parler du film "Blindness". Si vous souhaitez connaître mon avis, cliquez sur "Lire la suite"...
"-Madame, j'oublierais jamais votre voix...
- Et moi j'oublierais jamais ton visage !"

Il s'agit d'un drame fantastique japonais, brésilien et canadien qui est sorti en France le 8 octobre 2008 (le film est sorti au Canada le 6 septembre 2008, au Brésil le 12 septembre 2008 et au japon le 22 novembre 2008) et dont la durée est de 1 heure 58.
"Blindness" à été réalisé par Fernando Meirelles.
Le film à été produit par Andrea Barata Ribeiro, Bel Berlinck, Niv Fichman, Sari Friedland et Sonoko Sakai.
Le scénario à été écris par Don McKellar d'après l'œuvre de José Saramago.
La bande originale à été composée par Marco Antonio Guimarães.
Film tous publics avec avertissement parental.
Quelques vidéos sur le film

Site officiel du film (français)

Site officiel du film (anglais)



"Blindness" a été présenté en Compétition Officielle, et en Ouverture, lors du Festival de Cannes 2008.
Le film est adapté du roman "L'Aveuglement" ("Ensaio sobre a cegueira" en version originale) de l'écrivain et journaliste portugais José de Sousa Saramago. Son roman a été publié en 1995 au Portugal et deux ans plus tard en France. En 1998, José Saramago devint le premier écrivain portugais à être récompensé du Prix Nobel de littérature. Son style se caractérise notamment par l'emploi de longues phrases dépourvues des signes de ponctuation habituels.
"Blindness" aurait pu être le tout premier film réalisé par Fernando Meirelles si José Saramago n'avait pas expressément refusé qu'il y ait une adaptation de son livre à l'époque : "Fernando Meirelles fut une des victimes de mon intransigeance, explique l'écrivain. Quand parut au Brésil "L'Aveuglement", en 1995, il m'écrivit immédiatement pour manifester son intérêt en une prochaine adaptation. Cela aurait dû être son premier film, avant "La Cité de Dieu" et avant même "The Constant Gardener", s'il ne s'était retrouvé face au mur de résistance de l'auteur quant à connaître les acteurs ou autre réalité qui allaient donner vie et consistance aux figures dessinées par son imagination. Enfin, je ne me rappelle pas du tout de ce qui suivit. Ai-je écrit à Fernando, lui exposant mes raisons ? Ne lui ai-je pas écrit finalement, laissant le silence répondre à ma place ? Il doit le savoir, bien mieux que moi." C'est finalement grâce au scénariste Don McKellar et au producteur Niv Fichman que les droits ont pu être finalement achetés.
José Saramago voulait absolument assister à la projection de "Blindness" au Festival de Cannes. Au vu de son état, ses médecins ne lui ont pas permis de faire le voyage jusqu'à La Croisette. Fernando Meirelles a donc décidé d'aller jusqu'à Lisbonne afin de lui montrer le film !
Fernando Meirelles est fidèle à son directeur de la photographie. Cesar Charlone est l'homme derrière la lumière de "La Cité de Dieu" et de "The Constant Gardener".
Suite à la projection du film au Festival de Cannes, Fernando Meirelles a souhaité retoucher le montage de son film. La voix-off a ainsi été supprimée, et plusieurs scènes ont été coupées quand d'autres, originellement absentes, ont été réinvitées dans le montage final.
Les scènes urbaines ont été tournées dans la ville de Sao Paulo aux Brésil car l'équipe recherchait une ville sans paysage urbain identifiable et avec des identités ethniques particulièrement marquées, ce qui correspondait à l'atmosphère du film. Les scènes de l'hôpital ont, quant à elles, été tournées à la prison de Guelph dans l'Ontario aux Etats-Unis et ont demandé près de 150 figurants.
Les acteurs ont suivi plusieurs stages pour s'entraîner à agir comme des aveugles. Ils ont ainsi évolué quelques heures avec des bandeaux sur les yeux pour se familiariser avec les mouvements d'un aveugle. Ils ont ensuite enlevé les bandeaux pour jouer. Comme il fallait parfois jouer les yeux ouverts, certains acteurs portaient des lentilles qui leur cachaient la vue, ce qui leur permettait de se concentrer sur la cécité tout en gardant les yeux ouverts. Enfin, pour mieux appréhender la sensibilité du corps d'un aveugle, l'équipe a conseillé aux acteurs de visionner le documentaire "Black Sun", sur la tragique histoire d'un peintre devenu aveugle.
Le budget de ce film s'est élevé à 25 millions de dollars.
"Blindness" porte le même titre dans sa version française que dans sa version originale. Ce n'est cependant pas le cas partout à travers le globe. Voici quelques exemples de titres que ce film peut avoir en fonction du pays dans lequel il est visualisé :
  • Ceguera (Argentine / Pérou / Venezuela),
  • Ensaio Sobre a Cegueira (Brésil / Portugal),
  • Слепота (Russie),
  • A Ciegas (Espagne),
  • Blindness - Cecità (Italie),
  • Die Stadt der Blinden (Allemagne),
  • Körlük Turquie (titre Turque)
  • L'aveuglement (Canada),
  • Miasto slepców (Pologne),
  • Peri tyflotitos (Grèce),
  • Sljepoca (Croatie)...


Le casting du film :

Julianne Moore (L'épouse du médecin), Mark Ruffalo (Le médecin), Alice Braga (La jeune femme aux lunettes noires), Gael García Bernal (Le "roi" du dortoir 3), Danny Glover (L'homme au bandeau noir), Don McKellar (Le voleur de voiture), Yusuke Iseya (Le premier aveugle), Yoshino Kimura (L'épouse du premier aveugle), Maury Chaykin (Le comptable), Mitchell Nye (Le petit garçon), Joe Pingue (Le chauffeur de taxi), Sandra Oh (Le ministre de la santé), Mpho Koaho (Le pharmacien), Tom Melissis (L'ingénieur)...
Le synopsis du film :

Le pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante.
Les premiers contaminés sont mis en quarantaine dans un hôpital désaffecté où ils sont rapidement livrés à eux-mêmes, privés de tout repère. Ils devront faire face au besoin primitif de chacun : la volonté de survivre à n'importe quel prix.
Seule une femme n'a pas été touchée par la " blancheur lumineuse ". Elle va les guider pour échapper aux instincts les plus vils et leur faire reprendre espoir en la condition humaine.

La seule et unique fois où j'avais vu (sans mauvais jeux de mots ;-) ) "Blindness", c'était lors de sa sortie en salles. J'en gardais un très bon souvenir et me rappelle même avoir été étonné que le film n'ait pas plus de succès au box office. Depuis, le film n'avait de cesse de me travailler et l'envie de le revoir ce faisait de plus en plus forte alors, lorsque ce film s'est retrouvé au centre d'une conversation sur mon forum, je n'ai pas hésité une seule seconde pour m'acheter (enfin ?) le blu-ray et revoir ce film afin d'avoir un avis plus frais sur la question.
Abordant le thème de la cécité avec justesse tout en le mettant en parallèle avec une société livré à elle même, le film nous dresse un constat peu glorieux de l'espèce humaine même si toutefois une lumière d'espoir reste permise. On ne sais pas trop pourquoi cet aveuglement générale est arrivé ni comment il va se terminer mais il est en tout cas très bien exploité dans ce film où un certain malaise se fait ressentir tant la crédibilité générale envahit l'écran. Bien sûr, on peut pointer du doigt quelques facilités scénaristiques par ci par là mais pour ma part, du début jusqu'à la fin, j'ai cru à cette histoire qui m'as vraiment pris en haleine. J'ai beaucoup aimé ce resserrement qui s'effectue au fur et à mesure que le film avance comme si, tout comme le personnage de Julianne Moore, on se retrouve prisonnier malgré nous entouré d'un monde qui tombe dans l'aveuglement le plus totale. Plus le film avance et plus j'ai ressenti une certaine claustrophobie. Cette claustrophobie à atteint sur moi son apothéose lors de la scène où les femmes vont dans le dortoir 3 pour de la nourriture. Je n'en dis pas plus car déjà là j'ai peur de spolier mais à ce moment là, j'ai ressenti comme un véritable malaise en moi. Impuissant, le film dépeint les côtés les plus sombres de la nature humaine qui n'hésite pas à s'entretuer même dans des circonstances extrêmes où chacun devraient se soutenir (le rôle de l'aveugle de naissance es un bon exemple je trouve). Bien entendu, le film montre aussi le bon côté de l'Homme capable de sacrifice pour son prochain mais toute cette palette d'émotions, ses portraits, m'ont vraiment beaucoup plu. A côté de cela, le film dénonce les dérives d'une société capable du pire sous le simple prétexte de la protection avec ce simple enfermement sans aucun encadrement. En parlant de la société, je ne sais pas si c'est volontaire ou si c'est juste moi, mais la scène du supermarché vers la fin m'as un peu fait penser à "Zombie" de Romero avec ce passage où même lorsque l'Homme ne contrôle plus rien, il arrive tout de même à se diriger vers quelques choses qui lui rappelle des souvenirs à une époque ou il était un consommateur à part entière. Après, je ne suis pas sûr que ce soit le but du scénario à ce moment là du film, je pense que c'est plus une façon comme une autre de survivre quand tout va à la dérive mais involontairement, j'ai quand même repensé à "Zombie". Bref, quoiqu'il en soit, en plus des thèmes abordés, j'ai beaucoup apprécié dans cette histoire le fait que cela soit traité sans aucune surenchère. Au vue du sujet, on pouvait s'attendre à un film qui nous en mets plein la vue (là encore sans aucuns mauvais jeux de mots ;-) ) mais le choix fait à plutôt été celui de la sobriété rendant l'ensemble encore plus "réel". Je ne sais pas si dans le livre "L'aveuglement" de José Saramago dont le film est l'adaptation, si le sujet est abordé de la même façon ni même si ce long métrage est fidèle à son inspiration d'origine mais en tout cas j'ai vraiment trouvé que tout était bien tourné. Même le côté religieux qui m'énerve en tant normal ne m'as pas déplu plus que cela et ça ne m'as pas dérangé non plus de ne pas avoir d'explications sur le pourquoi du comment. Maintenant, on peut certes regretter cette fin facile au premier coup d'œil mais avec le recul, j'ai du mal à imaginer une autre fin possible sans que cela vire au ridicule.
Si le sujet me tenté beaucoup lors de sa sortie en salles, le casting avait de quoi m'allécher également. Les acteurs sont tous aussi impressionnant les uns des autres et jouent très bien leurs personnages respectifs. On se sens proche de ses protagonistes, on se sens enfermés, déstabilisé, vulnérables et c'est ce qui rend l'ensemble encore plus prenant. En tête de ce casting, Julianne Moore excelle. Elle bénéficie pour moi de l'un de ses meilleurs rôles. Pas facile à négocier, l'actrice est excellent dans ce rôle de femme forte par obligation et qui même lorsqu'on l'as croit abattu, se relève encore plus forte. Elle m'as vraiment bluffé à plusieurs reprises comme la scène où elle demande à Mark Ruffalo et Alice Braga de ne rien dire (là encore, je ne dis rien pour ne pas trop spolier ;-) ) où encore son dernier face à face avec Gael Garcia Bernal. Ce dernier est justement très bon lui aussi. En tant normal, je suis loin d'être fan du comédien même si je l'ai déjà apprécié dans un ou deux films mais en règle général, son nom est loin de me faire déplacer. Pourtant, j'ai vraiment pris une claque aussi en le voyant. Il incarne le mal de la nature humaine dans sa façon la plus basique et l'incarne de très bonne manière. C'est d'ailleurs en ça que Gael Garcia Bernal n'en ai que plus terrifiant. Tel le ying et le yang, même si personne ne vole la vedette à personne, je trouve qu'avec Julianne Moore ils sont assez complémentaire pour aborder ce sujet et tout deux s'en sortent haut la main. A leurs côtés, Mark Ruffalo s'en sors bien aussi. Je pensais qu'il serait un peu le héros mais il s'avère être un peu en retrait de tout ça. Cela ne rend pas son personnage moins intéréssant bien au contraire et le comédien joue bien le jeu même si parfois j'ai l'impression qu'il "crache" ses dialogues (mais c'est pas que dans ce film que j'ai cette impression). Alice Braga est elle aussi pas mal du tout avec son personnage. L'actrice livre une bonne prestation même si je pense que son personnage avait matière à être plus développé de même que celui de Danny Glover, toujours excellent. C'est toujours un pur bonheur pour moi que de le voir à l'écran et une nouvelle fois il nous démontre l'étendu de son talent. Il n'est pas que le géniallisime Murtaugh de la franchise "L'arme fatale", il est avant tout un comédien hors pair, véritable caméléon capable de jouer une multitude de personnages aussi riche que variés tout en nous montrant une large palette de jeu. Encore un peu plus en retrait à cause du scénario, le couple Yusuke Iseya et Yoshino Kimura est très bon également. La multitude de personnages principaux et secondaires, tout aussi intéréssant les uns que les autres font que le scénario ne développe pas beaucoup sur eux aussi mais j'ai aimé leurs prestations ainsi que le caractère assez posé qu'ils ont. Don McKellar, Maury Chaykin et le jeune Mitchell Nye complète ce casting excellent et sans aucune fausse note. Petite aparté, pour avoir vu les deux versions, afin de pleinement apprécié ce film ainsi que le jeux des acteurs, même si cela semble évident, je recommande très fortement la version original ;-) .
J'ai pas encore vu "The constant gardener" (mais ça ne saurais tarder) mais je garde un bon souvenir de la mise en scène de Fernando Meirelles dans "La cité de Dieu". Avec "Blindness", il réussit en deux films à se hisser parmi mes réalisateurs fétiches. Bien sûr, c'est un peu juste deux films pour me prétendre fan de ce cinéaste qui à fait d'autres choses, mais avec "Blindness", je sais que maintenant j'attendrais ses prochains projets avec une grande impatience. Ici, sa réalisation est tout simplement parfaite. Elle retranscrit à merveille une atmosphère étouffante et l'utilisation de la lumière blanchâtre est maitrisé je trouve même si en contrepartie ca rend certains sous titre assez chiant à voir quand on regarde le film en version originale ;) . Il y à une multitude de plans que je trouve vraiment très beau comme celui de Julianne Moore dans l'ambulance, le premier affrontement entre Moore et Bernal ou encore la scène sous la pluie pour ne citer que ces trois là. La caméra est à chaque fois parfaitement placé contribuant à nous plonger dans cette histoire comme si on la vivait de l'intérieur. D'ailleurs, la réalisation est en grande partie responsable de ce sentiment d'étouffement, de claustrophobie et de malaise que j'ai ressenti jusqu'à la délivrance finale où tout d'un coup j'avais le sentiment de prendre un grand bol d'air. Les décors sont à l'image de la réalisation, sobre mais efficace. Sans aucuns effets tapageur, les différents dortoirs sont des personnages à part entière du film j'ai trouvé. C'est ainsi que l'on voit bien la différence entre le Bien et le Mal (peut être de façon un peu simpliste certes) entre le dortoir n°1 et le dortoir n°3 tandis que le n°2 représente une neutralité parfaite ne prenant jamais part aux événements qui les entoure un peu comme si ils étaient à la fois victime de ce qu'ils subissent mais aussi coupable de ne rien faire. Là encore, c'est une impression purement personnelle. Les décors urbains sont eux aussi bien choisis je trouve. On ne se situe pas géographiquement ce qui rend l'histoire plus proche de nous. Cette proximité entre le spectateur et cette histoire se retrouve d'ailleurs là encore bien accentué dans le fait de ne pas donner de noms à nos "héros". On ne sais quasiment rien sur eux. On a un docteur, une prostitué, un aveugle de naissance... On ne connait que le strict minimum ce qui je trouve est une excellente idée là aussi. La bande originale signée Marco Antonio Guimarães est elle aussi très belle. Elle se fait très discrète et contribue aussi aux différentes émotions que l'on peut ressentir. Il n'y à pas de morceaux particuliers qui m'ont vraiment marqué mais dans l'ensemble, j'ai toutefois trouvé la partition très belle.
Au final, après un second visionnage, j'ai toujours du mal à comprendre pourquoi ce film n'as pas réalisé un meilleur score en salles (50 251 entrées en France d'après Allociné ;-) ). Chacun est libre d'aimer ou non je le conçois mais j'ai vraiment trouvé ce "Blindness" d'une très grande qualité et je pense qu'il aurait mérité un meilleur succès. Loin du tape à l'œil d'Hollywood, ce film est prenant de la première jusqu'à la dernière minute et même si le rythme peut semble un peu lent par moment, il n'en reste pas moins à mes yeux très captivant. Sans virer dans le fantastique gratuit, Fernando Meirelles nous offre ici un portrait de la nature humaine et d'une société totalement perdue de façon assez juste je trouve. Faut croire que cette vision ne peut pas plaire à tout le monde mais en tout cas pour ma part, j'ai passé un bon moment de cinéma et je recommande très chaudement ce film ;-) .