Le voilà, le film de l’année que l’on attendait tant ! Et Christopher Nolan ne déçoit pas. Inception est un rêve de cinéma, un vraie claque comme on n’en a pas pris depuis Dark Knight.
Christopher Nolan avait un grand défi à relever. Faire plus fort que The Dark Knight et être à la hauteur de l’attente qui n’a fait qu’augmenter ces derniers mois à chaque image révélée. Et avec Inception, encore une fois, il dépasse tout cela pour livrer un film unique, un blockbuster intelligent et personnel que l’on n’oubliera pas.
Pour simplifier le pitch, disons qu’il s’agit au fond, ni plus ni moins qu’une classique histoire de braquage. Comme tous les films de genre, nous avons la scène d’exposition, la mission, la formation de l’équipe, le plan et le braquage proprement dit. Sauf que Nolan (avec l’aide de son frangin au scénario qu’ils ont mis bon nombre d’années à écrire et réécrire) transcende le genre en le portant dans un univers de SF de haut niveau. Car dans Inception, ce qu’il y a à braquer, ce n’est pas une banque mais l’esprit humain. Ici, on cherche des infos dans les inconscients des gens en se baladant à travers leurs rêves. C’est comme cela de Dom Cobb sera amener à implanter une idée dans l’esprit d’un héritier industriel pour le compte de son concurrent mais rien ne se passera comme prévu. Et si l’histoire devient alors un peu compliquée à expliquer, à l’écran, tout est pourtant limpide. C’est là l’une des grandes forces du film. Si il a l’air complexe au premier abord, en reprenant finalement une structure connue et en donnant une grande partie des cartes en main au spectateur dès le premier tiers, le film ne s’embourbe jamais malgré une plongée vertigineuse dans les multiples rêves de ses héros. Encore une fois, Nolan montre qu’il est tout à fait maître de son histoire, de l’introduction jusqu’au générique et livre un récit aussi efficace qu’impressionnant et astucieux. Une plongée magistrale dans le monde de l’inconscient de 2h30 où l’on ne voit pas le temps passer.
Avec un thème comme les rêves et la manipulation de l’esprit, les fans de Nolan ne seront pas déçus puisque le film est complètement en accord avec le reste de la filmographie du réalisateur. Memento, Insomnia, Le Prestige, et même les deux Batman, tout ses films nous amènent directement à Inception qui est tout simplement ce que Nolan peut faire de mieux. Sous ses airs de blockbuster intelligent et efficace, le film est aussi complètement personnel. Les thèmes abordés mais aussi l’univers du film noir chers à l’auteur sont là et des intrigues intimistes comme l’amour éternel pour une personne disparue ou la recherche de reconnaissance d’un père sont abordées de manière très juste.
Toutes ces histoires imbriquées sont également mises en scène de manière magistrale. On sait que Nolan aime s’entoure depuis un moment de pros qui connaissent bien leur job, que ce soit à la photo, à la musique, aux décors, fx … Encore une fois, tous les postes sont mis à contribution pour livrer un film plein et entier. Aucun aspect technique n’est laissé pour compte. Les images sont magnifiques, les effets sont réalistes et impressionnants (le retournement de Paris, un train en pleine rue, la séquence de Joseph Gordon-Levitt dans l’hôtel simplement hallucinante !), et le montage est en cohérence parfaite avec le sujet (l’utilisation des ralentis est complètement justifiée et permet de maintenir une pression constante comme rarement cela a été fait). On notera également la partition impressionnante d’un Hans Zimmer inspiré qui mettra à rude épreuve le surround du cinéma
On se souvient évidemment du casting incroyable que Nolan avait dirigé de main de maitre dans Dark Knight. Ici, il fait encore plus fort. Car si Leonardo DiCaprio est comme toujours impeccable dans le rôle de Dom Cobb qui possède certains points commun avec le héros torturé de Shutter Island, il est entouré d’une sacrée équipe. Marion Cotillard obtient ici son meilleur rôle dans lequel elle joue de manière très juste un personnage complexe, rempli de zones d’ombres, intimement lié à la descente dans les sombres rêves de Cobb. Nolan a également travaillé chaque membre de l’équipe réunie par le héros de manière à ce que l’on puisque s’identifier à eux. Aucun personnage n’est laissé de côté et tous ont quelque chose à raconter. On sent tout de suite leur passé, on s’attache à leur personnalité et chacun aura son moment de gloire. Que ce soit la dualité des personnages de Joseph Gordon-Levitt et Tom Hardy, tous deux impeccables ou la découverte du concept de l’extraction à travers les yeux d’Ellen Page, chaque instant avec eux se savoure. Quand à Cillian Murphy, il rend son personnage de victime aussi intéressant et touchant que ses braqueurs.
Avec tous ces ingrédients parfaits, Christopher Nolan livre donc son récit complexe, tant dans son thème que part sa structure narrative de rêves imbriqués avec des personnages fouillés. Mais le film restera très lisible et posera même un certain nombre de questions à la sortie. Si le spectateur se prend une véritable claque cinématographique à la première vision après avoir maintenu son esprit constamment à l’affut, le film nécessite plusieurs visionnages qui permettront de répondre à quelques questions ou justement en poser de nouvelles. La fin légèrement ouverte laisse le spectateur interpréter ce qu’il veut et Nolan n’y apportera pas la réponse. Tout ça sent déjà le film culte (oui, le mot est déjà lâché !)
Évidemment, certains y verrons un peu de Matrix (??) ou de Dark City et même du James Bond (dixit Rolling Stone ?????), mais les influences sont tellement mieux digérées par Nolan qu’Inception est 100% personnel et offre au spectateur une véritable experience de cinéma comme on n’en vit que rarement. Cela faisait un moment que, l’industrie du rêve, ne nous en avait pas livré un sur un plateau d’argent. Au milieu de bon nombre de films prenant le spectateur par la main pour tout lui expliquer lourdement en lui lavant le cerveau, Christopher Nolan bouscule tous ces principes de grand studio pour livrer un film hollywoodien comme on n’en a pas vu de puis un sacré bout de temps. Inception est le grand blockbuster efficace et intelligent que l’on n’espérait plus et comme nous n’en voyons que peu en une décennie. Maintenant, il nous ne reste plus qu’à savoir ce que Nolan nous proposera après son troisième volet de Batman. Le rêve ne fait que commencer.
PS : Je tiens évidemment à remercier grandement le Club300Allociné pour m’avoir invité au Inception Day pour le film et m’avoir également permis de le revoir en Imax. Géant !