Culte du dimanche : Memento

Par Fredp @FredMyscreens

Inception sort mercredi, l’occasion de revenir sur le film culte qui a révélé le talent de Christopher Nolan aux yeux de tous, le terrible labyrinthe de Memento.

Après un court mais intéressant Following, Christopher Nolan commence à faire parler de lui avec un film plutôt original avec un scénario et un montage au concept unique auquel peu de personnes se sont frottées. Memento est un exercice de style impressionant de maitrise pour un réalisateur en début de carrière comme Nolan, mais déjà on décèle dans cette oeuvre tout ce qui fait son cinéma.

Un homme enquête sur le meurtre de sa femme. Il trouve l’assassin et le tue. Le problème, c’est qu’il n’a pas de mémoire à court terme alors on n’est sûrs de rien. Du coup, le réalisateur nous fait remonter le temps jusqu’à la possible révélation. Scène après scène, nous découvrons comment Leonard en est arrivé là et quels indices il a collecté pour remonter la piste. Christopher Nolan (avec l’aide de son frère Jonathan au scénario) nous entraine donc dans une enquête pas comme les autres et surtout démonte complètement la structure de l’histoire en la racontant dans l’ordre anté-chronologique tout en y installant des fragments d’un passé plus lointain (en noir et blanc et dans l’ordre chronologique) qui se rejoindront pour arriver à une révélation finale saisissante.

Ce qui fait la force du film, c’est que le concept du montage est complètement en raccord avec l’histoire qui est racontée. Si bien que la fin, qui n’est que le début, peut être vue comme une boucle infinie, car, finalement, l’histoire risque bien de tourner en rond avec la vérité que l’on apprend. Mais est-ce vraiment la vérité ? La question reste en suspend et Nolan laisse le spectateur se faire sa propre interprétation. Teddy raconte-t-il la vérité ? ou n’est-il qu’un profiteur de la courte mémoire du héros ?

En plus d’une intrigue à rebours, Nolan a donné plus d’intensité au récit avec des personnages ambigus porté par des acteurs forts bien dirigés. Le héros interprété par Guy Pearce nous parait blanc comme neige et déterminé, mais sa condition n’est-elle pas due à un choc plus important ? Carrie-Anne Moss est perturbante, mêlée à de louches affaire, est-elle vraiment honnête avec Leonard ? Quand à Teddy (Joe Pantoliano), il ne faut pas croire tout ce qu’il raconte, mais qui d’autre croire ?

En fait, aujourd’hui, avec tout le recul que l’on a sur la carrière de Nolan, on peut voir que tout était déjà là. Son goût pour le film noir, les héros pertubés, tout ce qui trait à l’esprit et à la manipulation trouve racine ici de manière efficace et sera décuplé dans ses films suivants, que ce soit Insomnia, Le Prestige et Inception ou les Batman. Nolan inaugurait ici le style et les thèmes qui font toute sa parfaite filmographie (jusqu’à maintenant en tout cas).

En fait, si Nolan est à la place qu’il occupe actuellement à Hollywood, c’est grâce à ce Memento diaboliquement maitrisé, 100% original et inimitable. Depuis, le réalisateur n’a fait que gagner en style et en maitrise. Remonter dans son passer ne peut donc que nous révéler une œuvre aujourd’hui culte.