L’Espagne nous séquestre de force dans la Cellule 211 ! C’est parti pour une plongée dans un enfer carcéral coup de poing.
Il faut croire que les films de prison sont à la mode ! Est-ce un effet du succès de Prison Break ? En tout cas, les long-métrage carcéraux qui débarquent ces derniers temps (Un Prophète et Dog Pound pour ne pas les nommer) sont de qualité et délivrent (façon de parler) toujours une vision autre du monde et de l’actualité. Et avec Cellule 211 les espagnols n’y échappent pas.
Daniel Monzón n’y va pas par quatre chemin et nous embarque tout de suite dans la prison, aux côté du jeune Juan qui début comme gardien. Mais malencontreusement, il se retrouve piégé dans une cellule au moment où commence une énorme mutinerie dans le pénitencier. Pour échapper à la violence des prisonniers, il se fait donc passer pour l’un d’eux et va même, en tout juste quelques heures, se lier avec le grand patron cette rébellion : Malamadre.
Bon, ok, le concept de départ est aussi tiré par les cheveux que le dos de Michael Scofield est bardé de tatouages inutiles. Mais force est de reconnaitre qu’il est d’une efficacité redoutable et on échappe vite au gentillets prisonniers de la Fox pour se retrouver avec un ton plus brutal, violent et sombre. Un peu comme si Oz s’était mis à la langue de Don Quichotte. Car ici, les détenus ne sont pas des enfants de cœur, même si ils dégage une humanité à respecter qui nous fait comprendre leur revendications. Le scénario est assez redoutable et on se prend vite au jeu en s’imaginant à la place de Juan qui arrive à duper tout le monde. Les rebondissement se suivent et la plongée dans l’enfer et la violence de la prison se fait toujours plus intense, jusqu’au point de non retour. Certes, certains retournements de situation arrivent un peu vite, d’autre sont parfois un peu prévisible, et il y a quelques incohérences mais il n’empêche que la mise en scène nous fait tenir en haleine pendant toute la durée du film.
Si on reste aussi scotché c’est parce que l’on a en face de nous des comédiens au charisme impeccable. Luis Tosar en impose vraiment face à la bande de crapules et le jeune Alberto Amman nous fait vivre intensément son horrible mésaventure.
Mais Cellule 211 n’est pas seulement qu’un thriller carcéral bien troussé. Si il fait parler de lui et si il ramasse les récompenses, c’est aussi parce qu’il parle (comme on en a repris conscience avec Un Prophète en France) d’un lieu que l’on connait mal. Comme un monde parallèle, séparé de notre réalité. Mais pourtant tellement au coeur de celle-ci. D’autant plus quand en Espagne, la menace terroriste basque de l’ETA est toujours présente. Alors le film fait résonner l’actualité avec un point de vue assez brûlant. Une fois qu’on en sait plus sur les conditions de détention et le contexte, le film aborde une dimension interessante qu’on ne soupçonne pas au premier abord.
Bref, non seulement être enfermé dans la Cellule 211 nous flanque un bon coup de poing dans l’estomac avec une efficacité imparable mais en plus ça secoue assez la tête pour en ressortir en ayant un peu réfléchi au sujet. Forcément, cette descente aux enfers n’aura pas été vaine.