50 cultes du dimanche, ça ce fête ! Alors pour marquer le coup, intéressons-nous à l’un des plus grands film du cinéma, l’un de ces film que l’on n’oublie pas et qui a de quoi déclencher de grandes passions : Il était une fois dans l’Ouest.
Si il y a un nom qui sera à jamais associé au western, c’est bien celui de Sergio Leone. Car le réalisateur italien a nom seulement réussi à redonner ses lettres de noblesse au genre (sa trilogie de l’Homme sans nom) mais il en aura aussi signé la fin avec Il était une fois dans l’Ouest. Pourtant, le film n’était pas prévu. C’est lorsqu’il attaquait Il était une fois en Amérique que les producteurs lui ont demandé un dernier western. Alors a germé dans son esprit l’idée de la trilogie « Il était une fois …» racontant dans chaque film un pan de l’histoire des Etats-Unis, la fin de chaque période. Il en résulte 3 films à l’ampleur toute aussi vastes qu’ils sont personnels au réalisateur.
Il était une fois dans l’Ouest, le premier volet de la trilogie raconte donc l’histoire de l’arrivée du chemin de fer dans le grand ouest américain, signant la fin des aventuriers solitaires et de la conquête de l’ouest, le début de l’unification des états américains. Le signe de ce changement est donné dès la mémorable séquence d’introduction. 3 hommes sur un quai attendent le train. Chaleur est là, pesante, l’ambiance aussi. Leone prend son temps pour planter le décor, sans musique, au seul rythme de grincement d’une éolienne. Le train fini par arriver, laissant sur le quai opposé un mystérieux homme à l’harmonica qui descend en deux temps, trois mouvements les trois hommes. Cette séquence (dans laquelle devaient au départ figurer les acteurs emblématiques de la trilogie précédente), reflète directement les intentions de Sergio Leone. C’est tout un pan historique du western et des Etats-Unis qui prend fin.
C’est après cette lourde et fascinante introduction que l’histoire débute vraiment et que les personnages centraux vont arriver. Et ces personnages sont les archétypes mêmes du western. Le bandit au grand cœur, l’homme sans nom qui tire plus vite que son ombre, la femme de joie dans une sombre histoire de vendetta personnelle … Mais si Leone nous les présente ainsi, c’est pour mieux les détourner et déconstruire le mythe du western. Les meilleurs exemples sont Henry Fonda en horrible salaud et tueur de famille et la sublime Caudia Cardinale, symbole du féminisme naissant. Il faut dire qu’avec l’aide de Bernardo Bertolucci et Dario Argento au scénario, Leone ne pouvait accoucher que de personnages hautement symboliques dans une intrigue vaste et prenante.
On n’en dira donc jamais assez sur la présence mystérieuse de Charles Bronson, la gouaille de Jason Robards, le magnétisme d’Henry Fonda et le charme dévastateur de Claudia Cardinale. Les 4 acteurs sont justes parfaits. Mais nous pouvons par contre toujours louer la mise en scène d’un Sergio Leone toujours inspiré. L’alternance de plans larges et magnifiques (le passage par Monument Valley) et de plans très serrées (sur les yeux des personnages qui en disent tellement long) force les contrastes et fascine autant que les travellings et silences en place. C’est ici une véritable leçon de cinéma que nous offre Leone qui nous rappelle du coup pourquoi le western est le genre qui n’est abordé que sur grand écran (ou presque). Les duels sont toujours présents et la pression ne fait toujours que monter à mesure que l’on s’est intéressé à ces personnages désabusés.
Évidemment, on ne peux parler d’un film de Sergio Leone, et en particulier Il était une fois dans l’Ouest, sans parler de la musique entêtante d’Ennio Morricone. C’est bien simple, le thème de l’homme à l’harmonica est devenu l’un des thèmes musicaux les plus connus au monde. Maintes fois copié, jamais égalé. Le compositeur révèle ici toute l’étendue de son talent pour apporter toute l’émotion aux images et faire parler les personnages à la places de lignes de dialogues qui auraient été superflues.
Tout ces ingrédients sont au service de thématiques qui sont chère à Sergio Leone, et ça se sent. Cette seconde conquête de l’ouest et les progrès techniques font prendre conscience aux personnages qu’ils n’ont plus leur place dans l’Amérique qui se construit devant eux. Ils préfèrent alors s’isoler, comme s’ils sentaient la mort proche après un dernier baroud d’honneur. Ils auront beau se battre rien n’y fera, le monde évolue et il faut passer le relais. Un peu comme si Leone sentait qu’il devait passer à autre chose. D’autre part, l’argent joue son rôle plus que jamais et Leone n’hésite pas à en critiquer le règne (ce qu’il continuera à aborder dans cette trilogie).
Le film peut ainsi paraitre dépressif mais ce serait oublier l’espoir et la lumière qu’incarne Claudia Cardinale. C’est ici la première fois qu’un western de cette ampleur a tout de même un personnage féminin fort comme protagoniste principal et c’est assez révélateur de l’état de l’esprit de l’époque. Rappelons-nous que nous sommes en 1968 lorsque sort le film. En plus d’être produit pendant la guerre du Viet-Nam (ce qui a sans doute eu une influence sur le thème du changement présenté ici), c’est aussi à cette période que les mœurs se libèrent et que les femmes prennent conscience de leur potentiel. Le changement de mentalité et l’évolution des Etats-Unis se font grâce à une femme, une ancienne femme de joie qui plus est. Leone n’a pas besoin d’en dire plus pour montrer ce qu’il pense de l’évolution des USA à ce moment donné.
Au final, Il était une fois dans l’Ouest recèle autant de pessimisme que d’optimisme mais surtout autant d’ampleur que d’éléments personnels à son auteur. C’est sans doute ce qui a dérangé aux États-Unis mais qui a au contraire bien marché en Europe. Le film est complètement intemporel et a de quoi traverser les années sans ombre tant il a de choses à dire. La petite et la grande histoire sont liés à la perfection dans ce qui restera à jamais un monument du cinéma. Il n’est plus étonnant de voir aujourd’hui les cinéastes rendre hommage à Sergio Leone tant son influence technique et artistique est incontournable (pour un certain Quentin Tarantino en particulier). Plus qu’un film culte, Il était une fois dans l’Ouest fait simplement partie de l’histoire du cinéma.
Pour en savoir plus, je vous invite évidemment à (re)découvrir le film en copie neuve dans quelques salles (et je vous garanti que voir ce film d’exception sur grand écran est assez mémorable), et à lire les très bons articles écris par les amis de Filmosphère, Nicolinux et Plan C.