Encore une tentative de cinéma de genre à la française diront certains. Mais dans Djinns, pour une fois, c’est aussi maîtrisé que passionné, ce serait donc dommage de louper ça.
Un peu à la manière de Guillermo Del Toro qui empruntait au fantastique dans son Labyrinthe de Pan pour parler du fascisme, les deux auteurs français prennent ici le cadre fantastique du désert marocain et de ses esprits pour parler de la guerre d’Algérie. Pendant 1h40 nous allons suivre une troupe de soldats sur la piste d’un avion qui s’est écrasé pour retrouver une mystérieuse mallette, mais ils vont attérir dans un village, assiégé par les Djinns, esprits du désert.
Si dans le fond l’histoire n’est pas la plus originale qui soit, on en pourra pas enlever au couple réalisateur une bonne maîtrise de leur sujet et de la technique, surtout pour un premier film.
Dommage du coup que du côté de la distribution ce soit un peu la mauvaise pioche. Certes, les acteurs secondaires s’en sortent bien et sont parfaitement crédibles dans leurs rôles de jeunes soldats au bout du rouleau et hantés par leurs peurs, avec un Saïd Taghmaoui toujours remarquable. Mais les deux têtes d’affiches sont clairement à côté de leurs basques. Que Thierry Frémont en fasse des caisses dans le rôle du chef de groupe autoritaire, ça passe encore, mais que le jeune Grégoire Leprince-Ringuet (déjà au générique de l’Autre Monde), ne joue pas une seule expression et se demande ce qu’il vient faire dans le désert. Ça en devient énervant et on aurait bien envie de lui dire de montrer un peu plus de chose au spectateur qu’un regard vague.
On ressortira donc de Djinns avec une double impression. Celle d’avoir eu droit à un film de genre bancal mais tout de même réussi, animé par une passion justement maîtrisée pour ne pas s’éparpiller. Malgré ses défauts, le couple Martin montre avec ce premier film que leur carrière à venir est à suivre de près. Le potentiel est là, il reste maintenant à le prouver avec un film plus ambitieux (si les producteurs le permettent).