Aspirants scénaristes : les pièges à éviter

Par Nathalielenoir

Petite piqure de rappel de pré-rentrée à l’usage de tous les jeunes Padawans…

La plupart des auteurs débutants sont tellement pressés de sortir de l’anonymat, de franchir l’étape symbolique du « premier contrat, qu’ils sont prêts à signer n’importe quoi, voire à travailler sans rien avoir signé du tout. N’oubliez pas qu’en marchant dans ces « combines », non seulement vous ne ferez pas carrière, mais vous contribuerez à ce qu’elles se multiplient. Revenons ensemble sur les écueils que les aspirants scénaristes risquent de rencontrer.

En France comme ailleurs, le métier de scénariste fait de plus en plus rêver. Qu’ils soient encore étudiants ou qu’ils souhaitent une reconversion professionnelle, les aspirants scénaristes ont souvent le même profil : cinéphiles ou tout simplement passionnés de cinéma, ils rêvent depuis longtemps de contribuer à cet art qu’ils adorent, de passer « de l’autre côté ». Ils sont persuadé de tenir « l’idée du siècle » et se lancent dans l’écriture avec fougue, sans même prendre le temps de se renseigner sur le métier qu’ils visent.

Devenir scénariste, cela s’apprend, qu’il s’agisse de la technique d’écriture spécifique que requiert le scénario ou des lois qui régissent la profession.

Mais les jeunes auteurs n’en ont cure, ils se lancent dans la bataille avec leur enthousiasme pour seule arme, persuadés que leur scénario est tellement fabuleux qu’un producteur ne tardera pas à découvrir leur talent. Ils ne réalisent pas que leur inexpérience et leur méconnaissance du milieu fait d’eux à la fois des proies faciles pour des professionnels parfois peu scrupuleux. Plus grave encore, leur manque de discernement nuit à une profession qui a déjà tant de mal à faire évoluer son statut, ils encouragent des pratiques contre lesquelles les scénaristes professionnels luttent depuis des années.

Les Pseudo Concours

Comment se faire connaître ? Les sociétés de production et les diffuseurs étant très difficile d’accès pour des novices, les concours de scénario semblent à première vue le moyen idéal pour débuter dans le métier.

Hélas, il y a concours et concours… Certaines compétitions sont très sérieuses et reconnues par la profession. C’est le cas par exemple des concours qu’organise la Sopadin. Le hic, avec ce genre de concours, qui offrent effectivement des débouchés de carrière, c’est qu’ils attirent de très nombreux participants, amateurs mais aussi professionnels, autant dire que les chances de gagner sont minces.

Alors, les apprentis scénaristes déçus se tournent parfois vers des concours moins prestigieux et tombent dans le piège. Il y a deux choses à faire quand vous vous intéressez à un concours de scénario. Tout d’abord, vous renseigner sur le sérieux de la société qui organise la compétition. Internet peut vous être très utile pour se genre d’enquête.

Ensuite et surtout, apprenez à lire les règlements ! La plupart du temps, le ou les lauréats du concours se voient remettre une somme dérisoire, voire un lot de livres, un logiciel, et cèdent en contrepartie les droits de leur œuvre. C’est là que se situe l’arnaque. La société achète à très bon marché une idée de film qu’elle fera écrire par un scénariste professionnel.

Rappelons qu’un scénario se vend entre 23 000 et 30 000 euros, croyez-vous réellement que mille euros ou un lot de bouquins soient une rémunération satisfaisante ? Et n’allez surtout pas croire que les organisateurs du concours vous proposerons d’écrire le scénario à partir du projet, ils embaucheront un professionnel pour cela. Vous n’aurez aucun recours pour y faire opposition puisque vous aurez signé une cession de droits. Votre nom n’apparaîtra pas au générique du film, les propositions d’emplois ne pleuvront pas suite à ce concours.

Non seulement vous n’aurez rien gagné dans cette démarche, mais vous aurez encouragé les organisateurs à poursuivre ce genre de pratiques. Consultez les forums consacrés au scénario, vous verrez que nombreux sont ceux qui se sont fait avoir.

Mais il y a une erreur encore plus bête que de signer n’importe quoi, c’est d’accepter de travailler sans rien avoir signé.

L’écriture gratuite

Certaines sociétés de production profitent elles aussi de la naïveté des jeunes auteurs. Elles sont à la recherche d’idées et surtout, d’idées qui ne leur coûtent rien.

Les sociétés de production lisent rarement les projets envoyés spontanément. Et bien, il existe une catégorie de producteurs qui lisent au contraire tout ce qu’ils reçoivent. Ils cherchent des idées à développer, ils veulent tester des concepts, enrichir leurs catalogues de projets, mais sans débourser un centime.

Pourquoi s’adressent-ils alors à de jeunes auteurs ? Parce que ceux-ci, trop heureux de voir leur travail enfin remarqué, seront prêts à tout pour voir leur projet aboutir.

En substance, cela se passe ainsi : le producteur explique à l’auteur que son projet est formidable, et ce, pour toutes sortes de raisons, mais qu’il n’est pas exploitable en l’état, qu’il faut le réécrire. Le jeune auteur n’a qu’une peur, que le producteur s’adresse à un auteur plus reconnu, il va donc écrire et réécrire son scénario autant de fois qu’on le lui demande et ce, sans toucher un sou, sans avoir signé le pus petite bout de papier. Au bout de quelques mois, le projet sera abandonné sans que le producteur justifie sa décision, ou alors sous de fallacieux prétextes. Point barre.

Autre variante, encore plus redoutable : les appels à scénario. Le producteur reçoit ainsi un vaste éventail de projets sans débourser un centime. Il a à sa disposition un vivier de débutants naïfs qui accepteront de se faire exploiter dans l’espoir de signer un jours ce fameux premier contrat dont ils rêvent.

Tout travail avec un producteur doit débuter par un contrat et pas l’inverse. Un scénariste professionnel connaît le marché, et défend ses droits. Un projet se vend sur un pitch, ou alors, il émane d’une commande du producteur. Si le producteur est intéressé par le projet, il doit signer un contrat d’option avec le scénariste et le payer pour écrire un scénario. A la remise du scénario, il le paye pour le traitement, à la remise du traitement, pour le scénario. C’est ainsi que les choses doivent se passer et pas autrement.

Quoi que vous dise le producteur, il est dans l’illégalité la plus totale s’il a entre les mains un scénario pour lequel il n’a pas signé d’option. L’argument le plus souvent avancé est le suivant : la société est une petite structure, avec peu de moyens. Cependant, petite ou grosse structure, ce producteur qui est assis en face de vous touche un salaire tous les mois et il est en train de vous demander d’effectuer un travail. Vous connaissez beaucoup de professionnels, quel que soit leur domaine, qui accepteraient de travailler sans recevoir de salaire ? C’est illégal.

Ne croyez surtout qu’en étant aussi souple, vous créerez un partenariat fidèle et confiant avec le producteur : quand il voudra réellement développer votre projet, il vous fera signer un contrat de cession de droits, pour un salaire dérisoire, et il confiera l’écriture à un professionnel, certainement pas à vous. Pourquoi ? parce qu’en vous laissant avoir de la sorte, vous avez démontré au producteur que vous n’êtes pas un professionnel. Si vous ne l’êtes pas dans vos démarches, pourquoi croirait-il que vous le serez dans l’écriture du script ?

Au final, vous aurez perdu du temps, la paternité de votre œuvre et vous n’aurez pas avancé d’un iota dans votre carrière, bien au contraire, vous aurez commencé à vous dévaluer aux yeux de la profession.

Ainsi, que vous souhaitiez participer à un concours ou entrer directement en contact avec un producteur, ce qui peut vous offrir une chance de succès, plus encore que votre scénario, c’est votre professionnalisme. Et ça, ça ne s’improvise pas !

Apprenez à connaître la profession de scénariste et les règles qui régissent le marché du scénario. Vous avez des droits et vous devez les faire respecter. Arrêtez de croire aux contes de fées, aux légendes. Les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma ne vont pas découvrir votre formidable talent simplement parce que vous aurez participé à un concours totalement inconnu, envoyé spontanément un script ou déposé votre œuvre sur un site Internet. Ne cédez pas au chantage « affectif » des producteurs, ils sont des professionnels et, pour qu’ils songent réellement à vous confier du travail, vous devez le devenir également.

Tout d’abord, rappelons brièvement qu’avoir écrit un scénario, ou ce que l’on considère comme tel, ne fait pas de son auteur un scénariste. Pour devenir scénariste, il faut apprendre, se former. Et cela prend des années.

Il faut apprendre ce qu’est un scénario dans un premier temps, étudier ce type d’écriture particulier et toutes ses règles, de la préparation de l’histoire elle-même, sa construction à la présentation du scénario, sa mise en page.

Des écoles comme le CEEA ou l’EICAR forment au métier de scénariste, mais il est également possible de se former par le biais de stages, de cours par correspondance ou en ligne.

Une fois qu’on maîtrise l’écriture de scénario, il faut devenir scénariste, c’est à dire découvrir les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel dans un premier temps, puis, apprendre à démarcher, faire connaître son travail.

POUR VOUS RENSEIGNER :


UGS, L’UNION-GUILDE DES SCÉNARISTES : seul syndicat professionnel de scénaristes, tant de fiction que de documentaire, pour le cinéma, l’audiovisuel, le multimédia, travaille pour la défense des scénaristes : elle attire donc l’attention de ceux qui veulent légitimement acquérir la qualité d’auteur de scénarios et protéger leurs œuvres, sur le choix des moyens à employer dans l’espoir d’y parvenir.

Un bureau syndical, l’UGS pour les scénaristes ayant au moins une expérience professionnelle
Syndicat professionnel enregistré à la Mairie de Paris sous le n° 19551
23, rue du Buisson Saint Louis – 75010 PARIS
Tel. : 01 44 89 99 80 – contact@ugs-online.org

SÉQUENCES 7 : une association loi de 1901, ouverte à tous les débutants complets, ont été mis en place pour fournir aux auteurs un maximum d’ informations à caractère juridique, contractuel et pratique, susceptibles de répondre à leurs besoins.

Association Loi 1901 enregistrée à la préfecture sous le numéro 149194
23, rue du Buisson Saint Louis– 75010 PARIS
Tel. : Frédéric DAVOUST : 06.06.47.92.61 – info@sequences7.fr

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