V 2010, l’invasion a commencé

Par Fredp @FredMyscreens

Les deux nouveautés phares de ABC à la saison 2009/10 étaient Flash Forward et V. Face à l’annulation de la première qui ne s’est donc pas révélée être la digne succession de Lost, revenons donc plutôt sur la première saison du remake dans la série d’invasion des années 80.

Après les échecs d’audience et de qualité que représentaient les remakes de K2000 et Bionic Woman, on était en droit de se demander si relancer la très kitsch série V était une bonne idée ! Mais force est de reconnaitre que la nouvelle série ABC a quelques atouts pour elle dont une équipe d’acteurs qui tiennent la route et surtout une thématique assez en reflet avec notre époque.

Car n’oublions pas que si la première version de la série dans les années 80 était suivie, c’est avant tout car il s’agissait d’un parallèle vraiment bien trouvé en pleine période de guerre froide. Les extra-terrestres reptiliens représentaient une nation russe agressive et militarisée crainte des américains. Aujourd’hui, le contexte a changé et la période de crise que nous traversons n’a plus les même causes. La menace militaire a fait place à la menace terroriste (le 11 septembre est toujours présent dans les esprits et ses conséquences font toujours l’actualité) et à la crise économique. Du coup, la confiance envers les bureaucrates a bien baissé et les créateurs l’on bien comprit en faisant enfiler des costumes aux visiteurs plutôt que des uniformes militaires.

La série commence par l’arrivée des visiteurs sur terre et très vite, ils vont réussir à se faire accepter de la communauté internationale et par l’opinion public en donnant beaucoup : technologie, soins, aide, réponses philosophiques. Mais évidemment, comme on peut s’en douter, leurs intentions ne sont pas aussi bonnes qu’ils en donnent l’air, nous donnant confiance pour mieux nous poignarder dans le dos. Et évidemment, un petit groupe de personnes a détecté la supercherie et va tout faire pour mettre à mal les plans des visiteurs.

Dans ce groupe de personnes nous trouverons donc un agent du FBI (c’est plus simple pour enquêter et rester dans le sujet), mère d’un ado qui va tomber amoureux de l’une des extra-terrestres, un prêtre (pour le côté moral et religieux que l’arrivée des E.T. implique), un visiteur renégat bientôt papa, un terroriste recherché qui a forcément raison … De l’autre côté, nous suivons évidemment les plans de la reine des visiteurs. Et entre les deux, un journaliste commence à naviguer d’un camp à l’autre et on ne sait pas trop dans lequel il va basculer, entre sa carrière et son éthique professionnelle. Bref, nous avons un échantillon d’un peu tous les points de vue possibles (familles, autorités, religion, médias …) et suivre seulement quelques personnages nous permet de bien nous attacher à eux (ce que n’arrivait pas à faire Flash Forward qui avait oublié le critère humain). Il faut dire que les comédiens (Elizabeth Mitchell, Joel Gertsch, Scott Wolf) sont des habitués des feuilletons et incarnent leurs personnage avec une certaines convictions. Et de son côté, Morena Baccarin a assez de charisme et de charme pour garder toute l’ambiguïté qu’impose le rôle de leader d’Anna

Forcément, en nous concentrant seulement sur ces quelques personnages, on a du mal à avoir une vision globale de la résistance qui pourrait s’organiser et on se demande bien comment ils pourront lutter à 4 contre tous les visiteurs. Mais c’est un parti pris des scénaristes compréhensible pour que l’on s’attache d’abord au personnages. Et comme c’est vraiment le début de l’invasion et la construction petit à petit de la résistance, on est assez curieux de voir comment cela va évoluer. D’autant que les scénaristes ont aussi une vision très juste de monde actuel. Les faiblesses et forces des humains telles que vues par les extra-terrestres sont bien pensées et surtout, le parallèle avec notre époque est impeccable. Comme dit plus haut, adieu la choucroute 80’s de Diana et uniformes militaires rouges, bonjour costumes de bureaucrates. Les aliens ont complètement comprit à quoi peuvent leur servir les médias comme le font les politiques aujourd’hui. A partir de là, le monde leur appartient puisqu’il promettent, telle une secte, ce que tout le monde attend pour sauver l’humanité. Ces thématiques complètement d’actualité et un poil provocantes venant d’un grand network (sur la vision du pouvoir et la manipulation des opinions et croyances) sont donc traités avec pas mal de justesse.

Mais V est aussi, et avant tout, un divertissement grand public et de ce côté, même si l’intrigue est dans l’ensemble sans grandes surprises, avec quelques incohérences et que l’abus de fonds verts fait souvent mal aux yeux, le show est tout de même assez efficace. Chaque épisode fait avancer l’intrigue et les personnages. On en apprend petit à petit suffisamment sur les intentions des visiteurs pour ne pas décrocher et les personnages sont intéressant pour que l’on ait envie de savoir comment ils vont mener à bien leur résistance. La série n’a pas la prétention d’être la série de la décennie et succède à l’originale en gardant la tête haute. Du coup, on est plutôt curieux de découvrir une seconde saison qui pourrait réserver quelques surprises et développer des thèmes déjà bien amenés.