The Man from Earth est un film qui passe complètement inaperçu. Et pourtant il s’agit un huis-clos de SF intelligent qui arrive à nous faire douter quelque instants sur le sens de la vie. A découvrir.
Il y a des films dont la destinée est étrange. Pour The Man from Earth, le scénario écrit par Jerome Bixby (décédé depuis) a longtemps trainé dans les tiroirs jusqu’à ce que le producteur réalisateur Richard Schenkman tombe dessus. Il monte alors le film avec trois fois rien comme moyens, quelques acteurs connus pour leur participation dans l’univers du fantastique (en série ou sur grand écran) et surtout un scénario béton donc puisque Bixby a quand même travaillé sur Star Trek et Twilight Zone. Il s’en suit donc une œuvre de SF intelligente, laissant la place à la réflexion. Le film fait le tour de quelques festivals, sort directement (et discrètement) en dvd aux USA, et rencontre un joli succès d’estime. Mais la surprise viendra des internautes et de l’attitude du producteur vis-à-vis du web. En effet, comme tous les film, The Man from Earth se retrouve très vite sur les sites de partage et voit sa renommée s’étendre. Conscient du potentiel de diffusion et ayant plus envie que le film soit vu pour son contenu que pour rapporter de l’argent, Richard Schenkman et Eric D. Wilkinson laissent faire et encourage même les gens (qui ne peuvent se procurer le dvd US) à télécharger le film comme ils veulent, les laissant libres de faire un don sur le site du film. Une bien belle initiative qui rencontre un bon succès et voit le film se tailler petit à petit une sacrée réputation de part le monde.
Pour en revenir au film, celui-ci parle donc d’un prof qui déménage. Ses collègues viennent l’aider et avant de se dire adieu, il commencent à évoquer une étrange hypothèse scientifique improbable : et si un homme de cro-magnon avait vécu jusqu’à aujourd’hui ? Il s’en suit alors une grande discussion scientifique et philosophique, remettant en perspective l’histoire connue et les croyances de chacun. Troublant.
Vous l’aurez comprit, ici, il n’est absolument pas question d’un film d’action ou de pur SF avec effets spéciaux à gogo et explosions. Non non, ici, il s’agit seulement d’une simple discussion au coin du feu. Le rythme est lent et ça parle beaucoup mais c’est là justement tout l’intérêt de ce film à ranger plutôt dans la case de la SF cérébrale. Un peu à la manière d’un épisode de Twilight Zone, on commence alors à réfléchir aux possibilités évoquées par la discussion tout en ayant le doute qui s’installe. D’une manière très simple, de grands thèmes sont abordés comme le sens de la vie, Dieu, la science et la religion, … C’est assez dense mais en fait amené avec beaucoup de naturel et d’humilité.
On aurait pu redouter que cette rencontre au coin du feu nous fasse somnoler mais non. Le scénario et le montage sont assez bien travaillés pour que l’on reste pendu aux lèvres des protagonistes pour connaître le fin mot de l’histoire. Et les acteurs sont d’ailleurs tous très bons. Loin d’être étrangers au genre (on les a en général déjà tous vu dans des seconds rôles), David Lee Smith, Ellen Crawford, John Billingsley ou Tony Todd apportent beaucoup à leur rôle et au récit.
Au final, après une heure et demi en compagnie du petit groupe à discuter de tout cela, on a l’impression d’avoir réfléchi sur de grands sujets avec tout le recul qui s’impose et notre humanité s’en retrouve décuplée. Comme quoi, sans grand budget, sans effets spéciaux, mais avec seulement un bonne histoire, tout est possible.