“Expendables – Unité spéciale” de Sylvester Stallone

Par Boustoune

Pour les amateurs de films d’action, l’affiche de Expendables : unité spéciale sonnait comme une belle promesse. Celle de la rencontre et/ou des retrouvailles sur grand écran les plus grands action-heroes de ces dernières décennies, pour un film fleurant bon la testostérone, la camaraderie virile et les bastons homériques, revival spectaculaire des blockbusters musclés des années 1980…

En fait, on voit surtout Sylvester Stallone…
Comme dirait Rambo, c’est de bonne guerre, mon colonel, car c’est lui qui est à l’origine de ce projet un peu fou… Il en est à la fois le scénariste, le producteur et le réalisateur. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il s’est octroyé le rôle principal, taillé sur mesure, de Barney Ross, le leader des Expendables, un groupe de mercenaires spécialisé dans les missions impossibles et les interventions délicates. Pour peu que l’on apprécie l’acteur, on prend donc un certain plaisir à le voir jouer de son image de vieux lion encore rugissant, de sa pseudo-rivalité avec les autres rois de l’action musclée…

Le problème, c’est qu’il est tellement présent à l’écran qu’il vole la vedette aux autres acteurs, dont les personnages sont soit très mal dégrossis, soit très mal exploités, avec dans tous les cas, un temps de présence à l’écran réduit à peau de chagrin…
On voit un peu Jet Li, qui, en tant que demi-portion, hérite d’un demi-rôle ; un peu Mickey Rourke, pas franchement convaincant en tatoueur/philosophe de comptoir; un peu moins Steve Austin (non, pas l’homme qui valait trois milliards, le catcheur homonyme…), pourtant impressionnant en armoire à glace pas commode… ; encore moins  Randy Couture et Terry Crews, même s’ils ont chacun droit à une scène destinée à les mettre en valeur.
Quant à Bruce Willis, dont le nom apparaît en gros sur l’affiche, et Arnold Schwarzenegger, non-crédité, lui, ils ne font qu’une très brève apparition conjointe (ou presque). Ce minuscule caméo est d’autant plus frustrant qu’il s’agit ni plus ni moins de la meilleure scène du film, joli numéro d’autodérision – sans armes, ni haine, ni violence – de la part de ces cadors du film d’action des 80’s / 90’s…
Une joute verbale réjouissante… hélas pourrie par un montage assez laid en champ-contrechamp où on ne voit jamais Stallone, Willis et Schwarzy ensemble.

Le seul qui réussit tant bien que mal à se faire une petite place dans ce jubilé Sylvester Stallone est Jason Statham, qui incarne le bras droit de Barney et a droit, à ce titre,  aux meilleures répliques du film. Mais en contrepartie, il doit se coltiner une intrigue secondaire à l’eau de rose, un brin neuneu, avec la fadasse Charisma Carpenter. Une partie sentimentale presque aussi ridicule que celle reliant Sly à la mignonne comédienne brésilienne  Gisele Itié, cantonnée au rôle de la potiche de service…
Les méchants ont eux aussi droit à un traitement un poil plus favorable. Stallone a fait appel à ses meilleurs ennemis, Eric Roberts (son adversaire dans L’expert) et Dolph Lundgren (son rival dans Rocky IV) et leur permet de briller un peu. Car, c’est bien connu, plus le méchant est réussi, plus le héros en sort grandi…
Roberts se montre donc fourbe à souhait et Lundgren est plus que convaincant en mercenaire psychopathe ayant pris goût au meurtre…

Le hic, c’est que le scénario s’avère particulièrement indigent… D’accord, les scripts des gros films d’action des années 1980 ne brillaient pas non plus par leur subtilité, mais quand même… Là, on frise le foutage de gueule… L’argument du film tient sur un post-it : La CIA charge les Expendables de renverser le dictateur d’une petite île sud-américaine (David Zayas, assez mauvais…) et d’éliminer l’ancien agent qui s’est allié à lui, pour développer et contrôler un juteux trafic de drogue. Pas de problème pour les hommes de Barney Ross qui, guidés par la chef des rebelles – qui se trouve également être la propre fille du général dictateur, va comprendre, Charles… – vont pouvoir aller jusqu’au QG des méchants et leur “péter la gueule”…
C’est tout… Les péripéties sont des plus prévisibles :  explosions, fusillades, bastons au corps à corps, pour faire tomber, un à un, tous les hommes de main de l’agent renégat, prise de conscience morale du héros qui devient du coup bien plus qu’une montagne de muscles décérébrée…
Rien de nouveau sous le soleil du film d’action US, et rien de particulièrement excitant non plus, hormis l’introduction, amusante, et une ou deux explosions spectaculaires…

Script idiot, exploitation banale des clichés du genre, et Stallone qui la joue perso… Bof, bof…
On comprend mieux pourquoi les autres stars du genre, pourtant sollicitées, ont poliment décliné l’invitation… Pas de Chuck Norris, de Jackie Chan, de Steven Seagal, de Jean-Claude Van Damme, de Kurt Russell…
Dommage, car le casting, déjà pas si mal,  aurait eu fière allure…

Si Stallone avait fait preuve de plus d’ambition et avait mis son ego de côté, il aurait peut-être pu les convaincre de se joindre à la troupe…
Et si le scénario avait été mieux ficelé, avec des rôles plus équilibrés, il  y aurait eu matière à un film d’anthologie, dans la lignée des Douze salopards, des Professionnels ou des Sept mercenaires
Mais avec des si…

Expendables –unité spéciale est juste un divertissement assez moyen, qui ne tient que par le charisme de ses acteurs, vieux copains qui ont visiblement pris du plaisir à se retrouver et à tourner ensemble. Mais on est quand même bien loin du film d’action ultime annoncé…
Allez soyons optimistes et disons-nous que ce sera pour la suite, d’ores et déjà en préparation, succès au box-office américain oblige… En espérant un film qui va “tout faire péter”…

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Expendables –Unité spéciale
The Expendables

Réalisateur : Sylvester Stallone
Avec : Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Eric Roberts, Mickey Rourke, Dolph Lundgren, Gisele Itié
Origine : Etats-Unis
Genre : testostérone, big biscottos, guns & explosifs
Durée : 1h45
Date de sortie France : 18/08/201
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Abus de Ciné

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