Vu qu’Universal traîne des pieds pour sortir le pourtant tant attendu (seulement par la communauté geek, je l’accorde) Scott Pilgrim vs. the World, j’ai profité d’une journée bien remplie à Londres pour aller voir le film dans des conditions optimales (entendez par là, dans un cinéma, puisqu’il risque de sortir chez nous directement en dvd ou dans 2 salles sur tout le territoire). Verdict.
L’affaire n’était pas simple à mener. Résumer les 6 volumes du comic book déjanté de Bryan Lee O’Malley en un seul film et en garder tout l’esprit était un vrai défi et ce n’est pas n’importe quel réalisateur qui pouvait s’y atteler. Coup de chance pour les fans, c’est entre les mains d’Edgar Wright qu’est tombé le projet. Tout de suite on sent une affinité entre le réalisateur des bien barrés Shaun of the Dead et Hot Fuzz et le support original et ça fait bien plaisir.
Pour ceux qui ignorent encore de quoi parle Scott Pilgrim, il s’agit de l’histoire d’un mec (Scott Pilgrim en l’occurrence) qui tombe amoureux de Ramona Flowers. Mais pour sortir avec elle, il doit se battre contre ses 7 exs démoniaques . Voilà, vous avez déjà un petit aperçu de l’esprit fun, rock’n'roll, référentiel geek, manga/ jeu video qui règne sur les planches de la bd.
Pour son adaptation ciné, Wright a sur retranscrire tout ça à la perfection. L’esprit BD est là, les cases sont vivantes, des dialogues littéralement repris, les onomatopées qui apparaissent à l’écran, les commentaires de jeu video de baston résonnent. Rarement on aura autant eu l’impression d’être devant un tel concentré de culture pop vidéo délurée (il n’y a qu’à voir les combats, et « vs.» style manga … même l’énorme maillet digne de Nicky Larson est là). Son style de réalisation (notamment avec ses montages parfois ultra-cut) correspond parfaitement au sujet. Le réalisateur s’éclate et le montre bien. Même si certaines scènes de la BD ont été éludées, l’essentiel est bien là et nous permet de passer un moment bien fun et rock’n'roll (la bande-son est d’ailleurs géniale). Peut-être que l’on pourra reprocher un petit manque d’esprit « bande de pote» plus présent dans la bd qu’à l’écran (mais en même temps, il fallait faire quelques sacrifices pour résumer les 6 volumes et placer tous les duels).
Côté casting, Wright a mit en plein dans le mille. Michael Cera endosse encore et toujours son rôle de jeune adulte toujours ado amoureux loser maladroit et y réussi encore une fois avec cette variante qu’est l’esprit de la BD. Ramona Flowers par Mary-Elisabeth Winstead se débrouille bien et on croirait le reste de l’entourage de Scott littéralement issu de la BD… mais on retiendra surtout les 3 guest-stars, 3 exs maléfiques qui ont juste l’air de s’éclater dans le film tout en se moquant un peu d’eux-même : Chris Evans (FF, Captain America, Sunshine) qui joue la star de film d’action, Brandon Routh (Superman Returns, Chuck) en guitariste aux super-pouvoirs et surtout un Jason Schwartzmann (Darjeeling Limited, Marie-Antoinette) complètement déchaîné !
Autant le dire tout de suite, si le spectateur ne sait pas à quoi s’attendre, il risque d’être fortement déconcerté par cet OFFNI (Objet filmique fun non identifié) et de ne pas adhérer. Pas étonnant que le film se ramasse au box-office US et qu’Universal France ne sache apparemment pas trop comment vendre le produit qui est, il est vrai, destiné à un public assez précis. Mais le blu-ray devrait cartonner et le film se faire une petite réputation culte au fil des ans sur les geeks que nous pouvons être par moments.