DEEP BLUE SEA, ou comment toucher le fond

Par Fredp @FredMyscreens

Avec à l’affiche cette semaine « Piranhas 3 D », il était intéressant de se pencher sur un film qui semble à première vue du même acabit. Le choix de ce « Jeudi du nanard » s’est porté sur « Deep Blue Sea », production où des requins devenus serial killer exterminent une colonie scientifique isolée.

Derrière ce titre alléchant se cache un sombre long-métrage paru fin 1999, du réalisateur finlandais Renny Harlin (à ce titre pour les finlandophiles, repérez la vodka « FINLANDIA » dans la cuisine ainsi que le petit drapeau se trouvant dans la chambre du capitaine à un moment du film) qui s’est déjà illustré par le passé sur les films DIE HARD 2, CLIFFHANGER, L’ILE AUX PIRATES… DRIVEN, FREDDY 4… passons. L’idée du film est que des requins tueurs se retournent contre leurs geôliers. Dans la lignée des Slashers Movies et autres productions télévisuelles sans grand budget où des animaux mutants tentent d’éradiquer la race humaine, DEEP BLUE SEA entend apporter de grands frissons aux spectateurs dans un tourbillon haletant d’aventure et de fuite dans le dédale que représente la station sous-marine.

Le pitch donc est que, installé sur un ancien atoll, une équipe de scientifiques  réalise des expériences sur des requins afin d’en tirer le meilleur à des fins curatives, pour des maladies de l’homme. Comprenez que dans la moelle épinière des requins, à force de transvasement, les docteurs Frankenstein ont trouvé de quoi guérir l’Alzheimer (rien que ça). Mais à force de manipulation, les requins sont devenus vilains et effroyablement intelligents (pour le coup, cruels et sadiques). Les animaux vont alors se rebeller et tout faire pour mener à leur perte les membres de la structure et les réduire… à néant.

Malgré cette idée assez indigeste, les 1h40 du film sont plutôt bien filmés, les plans de caméra sont assez intéressant bien que classique et on sent que Renny Harlin est un habitué des films d’action non survoltés (des films où les images d’action ne sont pas brouillon, c’est appréciable). Les travellings et autres plans larges permettent de saisir toute la dimension de l’établissement perdu en pleine mer, sorte de WATERWORLD. Les plongées dans l’océan sont également réalistes même si l’utilisation à répétition d’aquarium peut faire transpirer au bout d’un certain temps.

Les effets spéciaux peinent un petit peu néanmoins et les explosions bien que non comparable à un film de Michael Bay sont assez médiocres. Car lorsque les requins attaquent et dévorent leurs proies humaines, toute l’hilarité des moyens se révèlent au spectateur, confus du ridicule de la situation. Et oui, ce sont des requins qui comme des Jason ou des Michael Myers, traquent et suivent discrètement les pauvres scientifiques enfermés dans une installation qui évidemment commence à s’écrouler de partout. Les prédateurs progressent donc dans les couloirs comme des serial killers avides de chair (alors que le film raconte au départ que les requins ne sont pas intéressés par la chair humaine…sigh !) et sont prêt à sauter sur les individus dès qu’ils ont le dos tournés. Les poursuivants sans relâche, ils se font discrets afin de surprendre les scientifiques tel des bouchers sanguinaires.

Les acteurs, de seconde zone, de cette production sont tous OK, bien qu’il parait rapidement évident que seul le blond baroudeur joué par Tom JANE (oui oui, le Punisher) ainsi que le chef de cuisine de couleur joué par le rappeur LL COOL J vont s’en tirer. Mais comme ils interviennent dans un film typique, digne d’un mauvais téléfilm (pléonasme) d’action ou catastrophe, ils se font tous hacher menu en un rien de temps dans des situations rappelant à chaque fois des SCREAM ou encore FREDDY. A noter la participation de Samuel L Jackson qui devait avoir besoin de payer sa nouvelle voiture car avec ce rôle, il boit vraiment la tasse.

Au final, film pas trop mauvais qui fera trop pensé aux DENTS DE LA MER, bien réalisé dont les effets spéciaux usés font perdre quelques sérieux points mais c’est surtout en ne parvenant pas à se débarrasser de son désagréable pitch de départ que DEEP BLUE SEA se mord la queue. On parle quand même de requins devenus intelligents, voire psychopathes qui veulent à tout prix éliminer des hommes avant de s’échapper du complexe. Il faut le voir, ces poissons arpenter les couloirs immergés avant de tuer les pauvres scientifiques.
Donc, pas un nanard, mais un film qui pêche par ses sérieux défauts et qui ne mérite même pas un visionnage de fan. Dommage.