L’Etrange Festival : la Nuit des Vampires

Par Fredp @FredMyscreens

La 16e édition de l’Étrange Festival du Forum des Images s’est ouvert le week-end dernier. Comme le veut la tradition, nous avons donc eu droit à une nuit thématique. Et cette année, vu le succès récent des vampires, cette nuit leur était consacrée. Mais point de Twilight à l’horizon. Au programme, 3 films aussi différents que leurs origines. Petit compte-rendu (double reportage de FredP et ChrisC) d’une soirée qui aurait pu être un peu plus mordante sans l’annulation d’un film.

Le premier film, Suck, était sûrement le plus sympathique des trois. Complètement imaginé par le canadien Rob Stefaniuk (à la fois scénariste, réalisateur, acteur, compositeur et j’en passe !), Suck raconte le parcours d’un groupe de rock amateur qui rêve de gloire. Pour y arriver, ils vont devenir des vampires chacun à leur tour. Mixant habilement road-movie, comédie musicale et horreur, le film remporte tout de suite un capital sympathie énorme, que ce soit par les acteurs, l’humour de situation, le rythme ou l’ingéniosité de la mise en scène assumant parfaitement son manque de budget. Mais ce qui marquera, c’est surtout la présence de guests de luxe bien exploitées comme Malcolm Mc Dowell, Alice Cooper, Iggy Pop ou Moby. Un très bon moment emprunt de multiples références musicales (pochettes de disques retranscrites à l’écran et BO enlevée) qui fait vraiment plaisir. Pour apprécier, le film sortira en France directement en dvd/blu-ray le 28 septembre.

ChrisC : Les fans de rock et les cinéphiles appréciant le fantastique passeront un très bon moment face à cette production reprenant à sa sauce les caractéristiques du genre. Ici les vampires sont cool, sympas et veulent juste s’éclater en soirée à écouter de la (très) bonne musique. Les apparitions délicieuses des icônes du rock raviront les connaisseurs ravis de voir leurs héros dans des rôles qui leur vont parfaitement (et un Moby complètement réhabilité aux yeux de ses détracteurs, dans la peau d’un chanteur cuir et clous s’aspergeant de steak sur scène, véridique). Si on adorera le héros du film et ses potes très bon esprit, les dialogues parfois tarés et hilarants des personnages, on regrettera cependant ne pas assister à un déferlement de chaos sonore et sanguinolent où les vampires auraient donné toute la mesure de leur potentiel Rock ‘n Roll dévastateur. A voir !

Puis arrive le faux documentaire belge Vampires. Une sorte de C’est arrivé près de chez vous, version vampires. Une équipe de reporters suit donc la petite vie d’une famille de vampires installée en Belgique. Vincent Lannoo nous propose une vision unique du vampirisme, détournant les codes pour les installer dans ceux du documentaire à l’humour noir et pince sans rire. C’est intéressant, très cohérent et on s’esclaffe même à plusieurs reprises mais il faut bien admettre que le concept aurait gagné à ne rester qu’un moyen-métrage car au bout d’une heure on commence à s’ennuyer et à tourner en rond. (le film est en ce moment en salles)

ChrisC : En effet, l’idée de départ, très mordante et grinçante, est un pur délice (à la manière de C’est arrivé près de chez vous qui faisait s’intéresser pour de vrai aux frasques d’une tueur en série psychopathe), on se prend en effet d’un vif intérêt pour cette famille déjantée qui assume atrocement son cynisme et son sadisme. Pourtant, l’essoufflement du scénario finit par lasser le spectateur qui n’en demandait finalement pas tant de cette famille bizarre. Sarcastique, politique, cruelle, cette peinture de la société belge et des humains en général est une superbe trouvaille très bien faite où on rit jaune, voir rouge parfois. Néanmoins, la direction que prend l’histoire laissera plusieurs spectateurs sur le carreau !!

Le 3e film de la soirée devait être Prowl, mais apparemment les producteurs ont annulé la projection à la dernière minutes, privant le public de la caution « frissons»  de la soirée. Du coup, nous enchaînons directement avec le film surprise. Les organisateur nous ont ressorti des recoins de la France un  vieux film japonais des années 60 : Le Lac de Dracula. Complètement daté mais pas assez kitch, une histoire qui tourne en rond et des acteurs sans charisme, le film n’apporte pas grand chose au mythe de Dracula si ce n’est un incursion du maître des vampires au Japon en période pop. Inutile de vous dire que la moitié de la salle devait dormir à 5 heures du matin.

ChrisC : L’épreuve de cette soirée était donc bien de survivre à ce « Lac de Dracula» . Un vrai bijou tant la copie ne faisait pas ses quelques décennies, mais l’incursion dans la réalisation asiatique à du en dérouter plus d’un. Pas facile de se faire aux codes japonais du film, de la mise en scène, de l’enchaînement de l’action, des combats accélérés, des bruits stridents de la bande son, de la pauvreté des dialogues, … et au maquillage du Dracula nippon !!! Si ce film était en première lecture, un long-métrage plutôt douloureux à suivre (dû également à l’heure tardive de la projection), il en reste pour autant un formidable témoignage de l’époque, de la façon-faire, du style japonais mais également de la réinterprétation du personnage de Dracula, qui gagne dans cette production, quelques couleurs et une histoire pleine de philosophie sur la vie et la mort, le pouvoir et les relations humaines.