Après Donnie Darko, Richard Kelly a proposé un film hors du commun. Southland Tales a été boudé a Cannes et est sorti en France directement en dvd. Mais bientôt, il sera reconnu à sa juste valeur comme l’un des films de SF les plus osés de ces dernières années.
Il a suffit à Richard Kelly de réaliser Donnie Darko pour devenir dès son premier film un réalisateur culte. Forcément, son second long-métrage était l’objet de toutes les attentions et sa présentation à Cannes attendue de pied ferme en 2006. Mais ce fut la douche froide. L’accueil plus que mitigé des festivaliers a contraint le jeune réalisateur à revoir complètement le montage de son film. Avec aucune nouvelle pendant plus d’un an, les fans du réalisateur ont commencé à désespérer quand le film a ressurgi sur une petite combinaison de salles aux Etats-Unis, amputé d’une vingtaine de minutes. En France, il faudra attendre encore plus longtemps, lorsque le plus accessible The Box est sorti au cinéma l’année dernière, pour que l’on découvre directement en dvd les fameux Southland Tales.
Richard Kelly a imaginé son histoire des terres du sud comme une grande saga complexe et marquée par l’influence barge de Philip K. Dick. Trois bandes-dessinées illustrent le début de l’intrigue qui se termine avec le film. Il est donc plus simple d’aborder le long-métrage après les avoir lues, mais n’ayez crainte, un rapide résumé est présenté au début du film pour rétablir le contexte et nous permettre de suivre les destins croisés de 3 protagonistes dans une Amérique en pleine décadence suite à un attentat nucléaire. L’histoire et la quête d’un acteur amnésique, d’une porno star et d’un officier menés vers la fin de leur monde racontée par Pilote Abilene. Impossible d’en raconter beaucoup plus ici tant Southland Tale est dense et complexe.
Richard Kelly nous présente ici la critique de l’Amérique post-11septembre la plus barge qui nous ait été proposée. Après un attentat sur le sol US, la guerre en Irak n’a jamais prit fin, une nouvelle énergie a été découverte, le gouvernement a mit en place un nouveau système sécuritaire totalitaire, un groupe de terroristes complote contre les prochaines élections et les citoyens ont perdus pas mal de leurs valeurs. Le monde est devenu fou et sa fin est proche. Pas étonnant que le spectateur et les héros se perdent dans ce pays qui n’a plus de repères. Le récit de Kelly n’est pas simple à suivre et il faut s’accrocher car le réalisateur pousse sa réflexion sur la société et la fin du monde à son paroxysme en donnant une portée christique à ses héros que l’on peut ici considérer comme des prophètes. Malgré de grosses interrogations après un premier visionnage et la découverte de l’objet, on se laisse tout de même prendre au jeu grâce à l’univers et l’ambiance qui règne dans le film. Ce n’est qu’à partir d’une seconde vision que l’on commence alors à comprendre les enjeux et les objectifs des personnages. Alors tout n’en devient que plus passionnant.
Ce qui rend le film d’autant plus passionnant avec cet univers décalé, c’est le choix de casting osé qu’a fait Richard Kelly. Ici chaque acteur a déjà une image bien marquée dans la culture pop (the Rock, Stifler, Buffy, l’ex de Spears et la disney Mandy Moore) que l’on ne peut ignorer dans la réflexion sur la culture porno-pop qu’adopte la société. Mais chacun va trouver un rôle à contre emploi, de Dwayne Johnson en star de film amnésique à Seann William Scott en messie paumé en passant par Sarah Michelle Gellar en clone ++ de Paris Hilton et Justin Timberlake, vétéran de la guerre en Irak devenu dealer et « sentinelle» . Le pire, c’est qu’ils trouvent sans doute ici leurs rôles les plus travaillés, dirigés à la perfection par Kelly.
L’univers de Southland Tales happe également l’attention du spectateur grâce à l’ambiance sonore créée par Moby. En effet, le réalisateur a bien choisi son compositeur pour donner une ambiance à la fois futuriste et mystique, reprenant ses propres titres (dont le magnifique Memory Gospel), des compos originales mais aussi des titres qui ont ici tout leur sens (on trouvera au choix Blur, Muse, the Killers – pour une séquence musicale tripante d’anthologie - ou encore BRMC).
Sous son allure de film maudit , Southland Tales s’est révélé être au final une nouvelle pièce maitresse issue de l’imagination fertile et barrée de Richard Kelly qui expose toutes les thématiques qui lui sont chères. Il propose une vision de la société passée au vitriol, miroir grossissant de ce que nous vivons actuellement grâce à des acteurs au statut détourné pour mieux répondre à ses desseins de fin du monde. L’un des plus grands films de SF des années 2000, incompris mais totalement culte depuis sa genèse jusqu’à sa découverte.
Southland Tales – Bande annonce Vost FR
envoyé par _Caprice_. – Regardez des web séries et des films.