Cette semaine, on remonte loin dans le temps pour s’attaquer à un grand maître du suspense qui a livré avec La Mort aux Trousses l’une de ses œuvres les plus marquantes.
1959, entre 2 périodes assez sombres de sa filmographie, succédant à Sueurs Froides et précédant Psychose, Alfred Hitchock s’est offert une petite récréation avec La Mort au Trousse au ton bien plus léger et jouant sans arrêt de ses propres manières. Il faut dire que celui qui est encore aujourd’hui (et à juste titre) qualifié de Maître du Suspense a développé sa propre marque de fabrique : une héroïne blonde, des scènes vertigineuses, un héros un peu paumé, l’échange d’identité, une mère détestable, une manière de filmer parfaitement cadrée et évidemment des acteurs au sommet.
Ainsi, Roger Thornhill joué par le toujours très smart Cary Grant, publicitaire ambitieux et sur de lui dans le milieu des affaires va se retrouver d’un seul coup mêlé à une étrange affaire d’espionnage dont il ignore tout alors qu’il semble en être l’acteur principal. Dès lors, il prendra la fuite pendant 2 heures afin d’échapper à une mort certaines et évidemment secourir une sublime jeune femme dont il tombe amoureux. Et cette histoire d’espionnage au fait ? Eh bien elle tourne autour de micro-films liés à la guerre froide (mais en tout bon macguffin digne d’Hitchcock, on s’en fiche).
Comme à son habitude, et en progressant toujours à chaque film, Hitchock fait preuve d’une maitrise incroyable de l’image, du placement de la caméra et du storytelling. Si bien que cette histoire aux premiers abords assez confuse et absurde emporte tout de même l’adhésion du spectateur. Le réalisateur vient du cinéma muet et n’a pas besoin de grand chose pour faire avancer son récit si ce n’est des bonnes images qui, même sans le son, racontent à elles seule l’histoire. Ainsi, la séquence la plus connue du film est une montée de tension impressionnante. En effet, l’attaque de l’avion au milieu d’un no man’s land est simplement mémorable d’efficacité (alors qu’il faut bien reconnaitre qu’il est tout de même invraisemblable que les méchants fassent venir le héros au milieu de nulle part pour le tuer avec un avion ! mais on y croit tout de même !). On retiendra également la fin de cette grand poursuite sur le mont Rushmore où Cary Grant escalade les façades des présidents US pour échapper aux bad guys.
Bien entendu, La Mort au Trousses ne serait pas aussi légendaire sans ses acteurs. Il y a donc Cary Grant qui renouvelle encore une fois sa confiance avec le réalisateur pour incarner le héros aussi paumé que les spectateurs tout au long du film. Son personnage bénéficie d’ailleurs d’une évolution assez marqué, de grand enfant gâté au début, il va petit à petit devenir plus humble. Mais l’acteur est aussi doué pour bien détendre l’atmosphère puisque certaines de ses scènes, notamment avec Jessie Royce Landis qui interpète sa mère, sont très drôles et justement poussées vers la comédie. C’est l’une des raisons de la légèreté du film par rapport aux autres métrages de l’époque d’Hitchcock. Un film du maître n’en serait pas un si il n’y avait pas une jeune femme, blonde de préférence, pour instiguer le doute et la romance. Ici c’est Eva Marie Saint dans le rôle de l’espionne manipulatrice Eve Kendall, parfaitement à l’aise dans l’univers d’Hitchcock. Et nous n’oublieront pas la musique de Bernard Herrmann, intense, dès le générique très graphique d’ouverture.
Bref, La Mort au Trousses, comme beaucoup d’œuvres d’Alfred Hichcock est bien un incontournable du 7e art qui se doit d’être vue. D’autant que la dernière édition blu-ray restaurée sortie récemment possède une qualité d’image qui n’a rien à envier aux films plus récents. Il ne reste plus qu’à apprécier la fuite de Roger Thornhill et la maîtrise totale du maître du suspens.