Autant s’y faire, aux Etats-Unis rentrée rime avec classements en tous genres et Hollywood ne faillit pas à la règle. Ces top ten ont le mérite de brosser un tableau assez fidèle de l’industrie cinématographique ou audiovisuelle.
Après vous avoir présenté les showrunners les plus puissants du moment, je vous propose de nous intéresser au grand écran, en voyant quels sont les auteurs-cinéastes chauds bouillants du moment…
Vous avez, semble t-il apprécié mon article sur les dix showrunners américains les plus puissants, je vous propose donc aujourd’hui de passer du petit au grand écran pour découvrir quels sont, selon le très sérieux webzine The Script Lab, les dix « meilleurs » auteurs-cinéastes du cinéma dit indépendant en terres d’Hollywood. Un classement certes subjectif mais que j’approuve sans réserve…
1. Paul Thomas Anderson occupe la tête de ce classement, ce qui ne peut que me réjouir! En l’espace de seulement deux longs-métrages, Hard eight (1996) et Boogie nights (1997), et avant même d’avoir trente ans, il accède au statut de réalisateur culte. En 1999, il signe le sublime Magnolia qui lui vaudra notamment l’Ours d’or au Festival de Berlin et trois nominations aux Oscars. Signant scénarios et images avec le même brio, maniant avec fluidité intrigues aux personnages multiples et récits déstructurés, on compare rapidement le jeune cinéaste à Robert Altman, lequel Altman lui vouait d’ailleurs une vive admiration, au point de le choisir comme réalisateur de soutien sur ses derniers tournages (en raison de son âge avancé et pour des histoires d’assurances). En 2003, PT Anderson réalise Punch drunk love, qui lui vaut le Prix de la Mise en scène à Cannes. Ce film beaucoup moins accessible, qui rompt avec l’univers habituel de son auteur, sera moins bien reçu par le public que ses précédents opus. En 2007, il adapte l’ouvrage Oil! d’Upton Sinclair et signe There will be blood, une magistrale saga multiprimée. On vient hélas d’apprendre que son prochain opus, The Master, retraçant l’ascension d’un charismatique leader religieux dans les années 50, aux Etats-Unis, et dans lequel il devait diriger l’un de ses acteurs fétiches, Philip Seymour Hoffman, vient d’être annulé. Il faut dire que le protagoniste n’était pas sans rappeler un certain L. Ron Hubbard, et qu’il ne fait pas bon taper, outre-Atlantique, sur la Scientologie…
2. Wes Anderson dont je vénère l’univers poetico-déjanté! Après Bottle Rocket (1996), Rushmore (1998), The Royal Tenenbaums (2001) et The life aquatic with Steve Zissou (2004), le réalisateur signe The Darjeeling Limited (2007), un film qu’il a co-écrit avec un autre cinéaste de renom (et ami de longue date): Roman Coppola, réalisateur de clips vidéos cultes et du trop peu connu CQ, et Jason Schwartzman, l’un de ses acteurs-cultes. En 2009, il a réalisé son premier film d’animation, Fantastic Mr Fox, signant le script avec son complice Noah Baumbach d’après un roman de Roald Dahl.
3. Quentin Tarantino: Quel que soit le genre cinématographique auquel il s’attaque (et ils les a presque tous abordés), ses films sont toujours très attendus, et pour cause! Le cocktail de base est toujours le même: humour, action, hommages cinéphiles multiples et casting trois étoiles, et la recette fonctionne à merveille tant le cinéaste est inventif. Mais il ne faut pas réduire Quentin Tarantino a un faiseur d’images, il est avant tout un auteur de génie, maniant à merveille l’art des dialogues et du récit déconstruit. Des films de gangster Reservoir dogs et Pulp Fiction, qui lui vaudra une Palme d’Or à Cannes, du solaire polar Jackie Brown au sanguinolent diptyque Kill Bill, mélange de film d’art martiaux et de western, en passant par l’horrifique Death proof ou son survitaminé film de guerre Inglorious Basterds, mister Q.T. sait tout faire!
4. Jim Jarmusch : S’il est un peu moins connu du grand public, il est unanimement célébré par les cinéphiles des quatre coins du globe. Trente ans de carrière, une quinzaine de longs-métrages, dont il signe toujours l’écriture. Parmi ses œuvres les plus connues, on citera Stranger Than Paradise, Night on Earth, la trilogie Coffee & Cigarettes, Ghost Dog: The Way of the Samurai, ou encore Broken Flowers, Grand Prix du Jury à Cannes en 2005.
5. Robert Rodriguez: c’est le grand comparse de Quentin Tarantino, celui avec lequel il a débuté, celui avec lequel il collabore de façon régulière, devant ou derrière la caméra. S’il a gouté aux joies du blockbuster sur la trilogie Spy Kids, il est avant tout le roi du film comico-gore à micro budget. Ses grandes œuvres restent à ce jour la trilogie El mariachi - Desperado – Once Upon a Time in Mexico et la superbe adaptation du roman graphique de Franck Miller Sin City.
6. Spike Jonze: il appartient à une génération de cinéastes surdoués (Michel Gondry, Mark Romanek, Roman Polanski…) qui ont fait leurs armes – et leur renommée- dans l’univers du clip vidéo. On lui doit des œuvres cérébrales, comme Being John Malkovich ou Adaptation, mais aussi poétiques, à l’instar de sa superbe adaptation de Where the Wild Things Are. Il est aussi à l’origine de l’ultra régressive émission télévisée Jackass, qui a donné naissance à une véritable franchise.
7. Sofia Coppola: la fille du grand Francis Ford Coppola appartient à l’aristocratie hollywoodienne mais elle a su très vite se faire un prénom. Son premier long-métrage, The virgin suicides, adaptation du roman éponyme de Jeffrey Eugenides, rencontre en 1999 un succès unanime auprès des critiques et du public. L’écriture subtile et la mise en images poétique de Sofia Coppola font mouche une seconde fois lorsqu’elle s’envole au Japon pour signer une œuvre très autobiographique, Lost in translation (2004), dans lequel elle dissèque l’érosion de son propre mariage avec Spike Jonze. Ce second opus lui vaudra l’Oscar du meilleur Scénario Original et connaîtra un énorme succès en salles. Désormais hautement « bankable », la cinéaste s’attaque à un projet d’envergure, un biopic de la dernière reine de France, Marie-Antoinette. Elle obtient un budget considérable et l’autorisation exceptionnelle de tourner au Château de Versailles. Sorti en salles en 2006, Marie-Antoinette connait une carrière honorable mais mitigée, certains critiques, notamment français, reprochant vertement à la cinéaste les libertés qu’elle a prises avec l’Histoire. Il faut pourtant reconnaître que le portrait qu’elle brosse de la reine est extrêmement juste d’un point de vue humain. Son quatrième opus, Somewhere, vient de remporter le Lion d’Or au tout dernier Festival de Venise.
8. Michel Gondry: Les américains nous l’enviaient tellement qu’ils l’ont débauché. C’est donc outre-Atlantique que le réalisateur surdoué, l’un des clippeurs les plus renommés au monde, a tourné ses longs-métrages: Human Nature (2001), Eternal sunshine of the spotless mind (2004), The science of sleep (2005) et Be Kind Rewind (2008). Le cinéaste français, dont le documentaire autobiographique L’Epine dans le cœur est sorti en avril dernier, croule à l’heure actuelle sous les projets. Il s’apprête à tourner The Return of the Ice Kids, l’histoire loufoque d’enfants qui inventent une eau musicale, tout en préparant deux autres longs-métrages, The We & The I, et une comédie musicale en 3D, prévue pour les cinémas IMAX, qu’il développe avec la chanteuse Björk. Il consacrera le temps qui lui reste à co-réaliser avec son fils Paul un court métrage d’animation, Megalomania.
9. Charlie Kaufman : il s’est fait connaitre en collaborant avec Spike Jonze sur ses deux premiers opus, Being John Malkovich (1999) et surtout Adaptation, dans lequel il se réinvente lui-même… deux fois! Le tour de force le propulse sur orbite mais il reste attaché à un cinéma d’auteur. En 2001, il signe Human Nature, le premier long-métrage d’un certain… Michel Gondry, avec lequel il collaborera à nouveau sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004). On lui doit également le scénario du brillant Confessions of a Dangerous Mind qui marque en 2002 les premiers pas de réalisateur de George Clooney. Porté par toutes ces expériences, Charlie Kaufman passe à son tour derrière la caméra en 2008 avec Synecdoche, New York, un premier opus resté relativement confidentiel malgré les faveurs de la presse.
10. Jay & Mark Duplass: ces deux frères ont co-fondé un manifeste cinématographique appelé Mumblecore dont voici les préceptes de base: petit budget, intrigues centrées sur les relations entre des personnages autour de la vingtaine, scripts improvisés sur le tournage et acteurs non professionnels. Leur travail est inconnu sur notre sol mais fait couler pas mal d’encre outre-Atlantique. Réelle révolution filmique ou feu de paille médiatique? Seul l’avenir nous le dira…
Je ne sais pas ce que vous pensez de ce classement, mais il m’enchante à titre personnel puisqu’il regroupe nombre de mes auteurs favoris!
Copyright©Nathalie Lenoir 2010