Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Chaque année  l’automne arrive, cachant le soleil, faisant tomber les feuilles et laissant la nuit tomber plus tôt. C’est aussi chaque année l’occasion de découvrir un  nouveau Woody Allen. Et cette année, c’est avec le titre bien trouvé mais plutôt long Vous allez découvrir un sombre et bel inconnu de nous laisser une petite impression de déjà vu.

En fait, Woody Allen, c’est un peu comme le beaujolais nouveau. Chaque année, à l’approche de sa sortie, on l’attend, on va le voir avec plaisir, on appréciera ce petit goût qu’on aime bien retrouver sans pour autant déguster un grand vin, et puis on l’oubliera vite pour recommencer l’année suivante. Même si le beaujolais n’arrive qu’en novembre, c’est déjà le sentiment que nous procure ce sombre et bel inconnu que nous allons rencontrer.

Après avoir reposé quelques instant ses valises à New-York dans le très sympathique Whatever Works, l’oncle Woody revient donc pour sa tournée européenne en nous proposant une petite comédie de mœurs au cœur de Londres (décor tout de même ô combien anecdotique pour le film). Et comme à son habitude il nous parle de personnages un peu frustrés, enfermés dans leurs habitudes, leurs petits travers, leur avancée dans l’âge. Helena vient donc de se faire plaquer son mari après 40 ans de mariage. Celui-ci, refusant l’idée de vieillir s’est trouvé une nouvelle pépée qu’il exhibe devant sa fille qui a fait un mauvais mariage et ne rêve que de s’enfuir avec son patron alors que son mec, auteur au rabais, tombe amoureux de la voisine d’en face… vous suivez ? Bon rassurez-vous, c’est bien plus clair dans ce film qui n’ai finalement l’air que d’un vaudeville de théâtre assez classique comme Woody Allen l’évoque dès le début avec la citation empruntée à Shakepseare « une histoire, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie… rien.» 

Fidèle à lui-même, le réalisateur parle donc de ces petits sujets quotidien qu’il affectionne avec son sens de l’humour si caractéristique, avec légèreté mais se moquant bien de cette recherche du bonheur au travers de petits ou gros mensonges, envers les autres ou à soi-même et que l’on fini par assumer ou non. L’intrigue se suit avec un petit plaisir certain, d’autant que la troupe d’acteur dirigée par le réalisateur est particulièrement efficace. On retiendra en particulier Gemma Jones accro à la voyante lui promettant qu’elle va rencontrer ce fameux sombre et bel inconnu, la crise de la soixantaine d’Anthony Hopkins, la simplicité et l’élégance de Naomi Watts, la beauté simple et touchante de Freida Pinto, sans oublier les plus sombres Josh Brolin et Antonio Banderas et la futilité de Lucy Punch. Un casting haut en couleur qui suffit lui-même à nous faire passer un agréable moment, sans se pencher sur les autres aspects du film.

Mais voilà, à trop connaitre le goût d’un vaudeville made in Woody Allen, on n’a plus vraiment de surprise. En surface, on prend un peu de plaisir, mais rapidement les ficelles sont là et ça sent le réchauffé. Un peu comme si il nous avait ressorti une cuvée précédente en changeant juste une petite note pour varier le goût. Anecdotique comme le beaujolais nouveau, Vous allez rencontrer un sombre et bel inconnu a donc cette sympathique saveur que l’on ne gardera pas en bouche longtemps.