The American

Par Fredp @FredMyscreens

Après Control, Anton Corbijn offre à George Clooney son rôle le plus sombre dans un thriller loin des clichés. The American est sombre, froid, poétique, magnifique.

Photographe reconnu, Anton Corbijn nous a gratifié d’un magnifique biopic sur Joy Division mais pour son second film, voici qu’il change complètement de registre pour s’attaquer au thriller européen. Mais en s’éloignant clairement des habituelles recette du genre, le réalisateur impose son rythme et son identité. George Clooney incarne ici un tueur à gage arrivant en Italie pour une nouvelle mission, préparer l’arme qui servira à l’une de ses confrères très prochainement. Mais voilà, il est poursuivit par des agents suédois et tombe amoureux d’une prostituée qui pourrait bien le décider à raccrocher.

Ce qui frappe dès le début du film, c’est la manière dont Corbijn déroule son film. Il prend le temps d’installer son histoire, son personnage et ce rythme risque bien de laisser certains spectateurs de côté. Car non, il n’y aura pas d’explosion, pas de gunfight. L’action est très peu présente et lorsqu’elle survient, elle ne rompt pas le rythme du film et ne fait que renforcer la brutalité et la difficulté du métier de tueur à gages. Le réalisateur prend son temps pour transposer cette histoire de Martin Booth (A Very Private Gentleman) et en délivrer toute la profondeur. Cette notion de temps se retrouve aussi clairement dans l’esthétique intemporelle du film car si l’action se déroule clairement dans notre époque (portable et écran plat comme points de repère temporel), on y retrouve tout le look des thrillers du genre dans les 60/70’s, dans les vêtements, dans l’Italie provinciale, tout nous rappelle cette époque des premiers James Bond ou l’esprit de Hitchcock. Mais ce qui frappe, ce sont surtout les plans que nous offre le réalisateur, précis dans son cadrage et dans sa lumière, parfois inattendus et souvent travaillés. Corbijn fait ressortir son passé de photographe avec des images simplement magnifiques, donnant plus de profondeur au rythme et à l’histoire, caractérisant chaque émotion du héros en un plan.

Car George Clooney est de chaque plan. Toujours aussi classe mais ici aussi perdu entre son métier et son désir de passer à autre chose, de se laisser aller au bonheur mais ses réflexes qui peuvent revenir d’un coup. Il trouve ici son rôle le plus sombre, tiraillé, comme si nous avions droit à un épisode de James Bond où l’on verrait un 007 déchu incarné par Sean Connery qui laisserai tomber sa Majesté. L’acteur montre encore ici son savoir-faire avec un professionnalisme et une implication qu’il n’est pas possible de mettre en doute. A côté de lui, une beauté fatale Violante Placido fait une entrée remarquée.

Au final, aussi sombre qu’il est éclairé par le soleil d’Italie, détournant adroitement tous les codes du film d’espion Anton Corbijn nous offre avec The American un film parfaitement maîtrisé, à la beauté fascinante et intemporelle avec une performance une fois de plus impeccable de George Clooney.