Doute sur son identité ou ses envies, l’Homme qui voulait vivre sa vie, laisse un sentiment ambigu à la sortie mais nous rappel tout le talent de Romain Duris. C’est déjà ça.
En adaptant le roman de Douglas Kennedy, Eric Lartigau change de registre pour entrer dans un drame identitaire qu’il remanie à sa manière. Paul Exben est un avocat qui va voir son pathétique mais pas si désagréable quotidien détruit. C’est alors qu’il se ressaisit et s’invente une toute autre vie qui va le mener vers d’autres horizons.
On ne va pas y aller pas quatre chemin (contrairement au film), si je n’ai pas spécialement accroché au film, c’est bien à cause de la première partie tout simplement insupportable. Toute la quintessence du cinéma dramatique français parisiano-parisien est représentée avec beaucoup de lourdeur. Encore une histoire de couple bourgeois malheureux, qui se déchire et essaie de tenir un peu le coup mais doit finir par regarder la vérité en face. Ajoutez des dîners et verres de vin dans chaque scène et vous avez tout ce qui est parfaitement détestable dans notre cinéma. Dès lors, impossible d’accrocher à ce film qui nous envoie une image déprimante du quotidien qui perdurera tout le long.
Heureusement, l’intrigue décollera ensuite lorsqu’un événement (que je ne révélerait pas ici pour laisser un peu de surprise) fera que Paul ira vivre une autre vie, loin de tout, au Montenegro pour devenir photographe. Là, ça devient plus intéressant. On comprend l’utilité de la longue première partie (sans pour autant excuser son cliché) qui permet de montrer tout ce qu’a perdu le héros et la quête identitaire qu’il va poursuivre. Mais un paquet de longueurs présentes pour montrer le combat interne du héros viennent alourdir le propos alors qu’il aurait gagné en impact à le traitant plus simplement.
Tout est une question de goût personnel, mais je n’ai donc pas accroché au film malgré son sujet très intéressant et bien mis en scène par unEric Lartigau qui montre ici un potentiel intéressant hors du registre de la comédie. Il s’approprie ici complètement le récit et fait preuve d’une maitrise de son histoire, de ses personnages et de ses décors naturels exemplaire. Le film aurait sans doute gagné en efficacité et en rythme à être traité sous un angle thriller mais on sent que ce n’est pas ce qui intéresse le réalisateur (à mon grand regret).
L’autre atout du film est évidemment Romain Duris. Encore une fois, l’acteur démontre qu’il est bien l’un des plus talentueux de sa génération avec son jeu spécial mais montrant tout le débat, le doute de son héros. Duris nous entraine dans le drame que vit Paul Exben. L’acteur y est époustouflant et une nomination aux césars ne sera pas volée. A ses côté on retrouve une Marina Foïs au rôle difficile de l’épouse qui n’est pas heureuse et sera le point de départ de la nouvelle vie d’Exben, Catherine Deneuve en mère adoptive tendre et Niels Arestrup en père de substitution donc chaque phrase prononcée devient déclenche le rire, la colère ou la tristesse du spectateur.
Sur le plan formel (mise en scène, qualité d’écriture, jeu des acteurs), L’Homme qui voulait vivre sa vie est donc très bon, mais il est dommage que la première partie et les longueurs qui suivent plombent le film et nous empêchent de nous identifier au héros et à cette froide histoire pleine de tristesse.
Merci en tout cas à Ulike et Europacorp pour l’invitation à l’avant-première suivie d’un débat fort intéressant avec Eric Lartigau et Marina Foïs que vous pouvez retrouver ci-dessous.