Comment un scénariste peut-il nourrir son inspiration?

Comment un scénariste peut-il nourrir son inspiration?

Attention chers lecteurs, article spécial Padawans! Quand je rencontre des aspirants scénaristes, ou qu’ils m’adressent des mails, c’est une question qui revient souvent, à ma grande surprise. Ce qui turlupine nombre d’entre eux, vraisemblablement, ce n’est pas tant de savoir comment on devient scénariste que comment on fait « pour trouver des idées ».

Je ne pense pas qu’il existe une recette toute faite mais je vais (roulements de tambour) vous livrer la mienne…

Quand on rêve de devenir scénariste, on déborde en général d’idées « supers innovantes de la mort qui tue que tellement elles sont originales qu’elles vont révolutionner le grand écran (ou le petit) ». Le jeune auteur se rue avidement sur son ordinateur, ou un bloc de papier, afin de noter les premiers détails de ce(s) sujet(s) en or. Il y passe quelques heures avant de décrocher son téléphone, fébrile, afin de colporter la bonne nouvelle à son entourage: c’est décidé, il va écrire un scénario!

C’est juste après ce moment que les choses se gâchent et qu’apparaît la redoutable angoisse de la page blanche…


Comment un scénariste peut-il nourrir son inspiration?

Je voudrais d’abord vous rappeler que l’imagination est comme un muscle, elle a besoin de beaucoup travailler, et ce quotidiennement, pour fonctionner à plein régime. Dans un premier temps, il est indispensable d’étudier le travail de professionnels et on peut, par la suite, pratiquer des exercices d’écriture afin de stimuler sa créativité.

Voyons maintenant comment passer de la théorie à la pratique, parce que c’est bien beau de connaître les règles de base de la dramaturgie, encore faut-il pouvoir les appliquer à un sujet d’histoire.

Je crois qu’à vrai dire, chaque auteur professionnel développe sa petite cuisine personnelle et je n’ai aucunement l’intention de prétendre que la mienne est meilleure que d’autres. Mais bon, c’est celle que j’ai sous la main si j’ose dire et ça vous donnera peut-être quelques idées pour développer votre propre méthode.

Voilà donc ce que je fais lorsque je commence à travailler sur un projet.

1. J’effectue de vastes recherches sur le sujet qui sera traité dans le scénario:

  • je cherche sur Google tout ce que je peux trouver sur le sujet en question, à partir de plusieurs requêtes (une bonne quinzaine je pense). Je ne me contente pas de visiter trois liens, hein, je fais de vraies recherches, pendant des jours, voire des semaines.
  • pour gagner du temps, je m’abonne aux alertes Google concernant plusieurs mots-clés. Je reçois ainsi quotidiennement par mail toute l’actualité liée à ces thématiques
  • j’utilise ces recherches pour dresser une bibliographie et une filmographie

2. Je passe à l’étude du sujet à proprement parler:

  • je lis toute la documentation trouvée sur le Net, en prenant des notes
  • je commande et je lis les ouvrages de la bibliographie, en prenant des notes
  • je commande et je vois les films de la filmographie, en prenant des notes
  • je regarde sur YouTube et Dailymotion tous les documentaires en relation avec le sujet (en cherchant bien, ce sont de véritables mines d’or), en prenant des notes

Oui, je sais, ça fait beaucoup de notes mais c’est l’essence même du processus créatif.

3. Je réunis toute cette matière (notes, bibliographie, filmographie…) dans un gros cahier d’inspiration dédié au projet. Je vais y ajouter:

  • toutes mes notes issues des brainstormings avec le réalisateur
  • un grand nombre d’images que j’aurai collectées sur le Net, ou découpées dans des magazines, voire prises moi-même et qui me semblent en rapport avec le sujet.
  • le squelette de l’histoire (document qui schématise l’histoire, actes, nœuds dramatiques, objectifs, obstacles…) Il faudra sans doute que je parle de ce squelette dans un prochain article…
  • les notes sur les divers personnages: biographies, descriptifs…

Comment un scénariste peut-il nourrir son inspiration? Comment un scénariste peut-il nourrir son inspiration?


4. Je prépare une playlist avec plein de morceaux qui « collent » selon moi avec l’histoire. Je vais l’écouter à chaque fois que je travaille sur le projet afin de me mettre dans l’ambiance. Pour la petite anecdote, j’ai découvert récemment que le grand John August procède lui aussi de la sorte, waouh, on a un point commun, trop la classe!

5. Je m’attelle enfin à la tache. Pendant tout le processus d’écriture, je vais feuilleter le cahier, prendre de nouvelles notes, écouter la playlist, bref, vivre en immersion totale avec le projet. Je puise mon inspiration dans toute cette matière et je dois dire que cette méthode ne m’a jamais fait défaut (merde, je vais me porter la poisse, là, non?).

Il est évident que chaque collaboration avec un cinéaste est différente mais j’ai en tout cas besoin de pratiquer cette petite cuisine personnelle toute seule dans mon coin pour être efficace. Et puis, une fois le scénario écrit, ces cahiers font de jolis souvenirs

PS: n’hésitez pas, lecteurs et lectrices, confrères et consœurs, à livrer vos propres astuces dans les commentaires du blog…

Copyright©Nathalie Lenoir 2010

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